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Anelka d’école

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Anelka d’école

Depuis deux matchs, Nico joue dix avec Chelsea. Comme si Ancelotti avait une idée derrière la tête, et un palmarès à garnir...

« Va te faire enculer toi et ton système de merde !!! » , ça, c’est le moment (et les propos) exact(s) où la Coupe du Monde se termine pour la France. Ou quand Nicolas Anelka n’en peut plus de Raymond Domenech, de son système et de son rôle d’attaquant de pointe. Aujourd’hui, Nico joue meneur de jeu à Chelsea. Entre-temps, un certain Fernando Torres a signé chez les Blues ; arrivée permettant une association avec Drogba qu’il serait difficile de refuser. Alors leur entraîneur, Carlo Ancelotti, a pensé à replacer Anelka dans un rôle de trequartista, en italien, sur la feuille de match. D’abord, lors d’une victoire 4-2 contre Sunderland, derrière Kalou et Drogba. « Et ça a très bien marché » constate Christophe Lollichon, « avec un Nico exceptionnel dans les deux sens, offensif et à la perte de balle » . Alors l’expérience a été renouvelée, contre Liverpool, pour un résultat cette fois moins heureux. « On a vu deux blocs qui n’arrivaient pas à se rejoindre » continue l’entraîneur des gardiens des Blues, « avec un Nico qui a passé beaucoup de temps sur la largeur à la perte de balle, ça use quand même » .

La liberté

Si défensivement, des réglages sont encore à faire, c’est avant tout pour son apport offensif que Nicolas Anelka est maintenant meneur de jeu. « C’est son poste préféré, confie Lollichon. Avec Torres et Drogba devant lui, en position de neuf et demi, c’est le troisième attaquant chargé de brouiller les cartes et d’alimenter. Nico, sur un côté, c’est intéressant mais il a tellement envie de dézoner que c’en est perturbant. Là, il a la liberté. Les deux de devant attirent les défenseurs, et ensuite, avec la technique et la lecture de jeu qu’il a… » « C’est un poste qui lui convient parfaitement, et puis bon, c’est là où il a envie de jouer » confirme Alain Cayzac. « Après, je ne sais pas s’il est mieux avec un seul attaquant devant lui ou avec deux, mais dans tous les cas, c’est de plus en plus un meneur. Et de toute façon, s’il joue en pointe seul devant, il recule. C’est un joueur libre, parfois un peu trop pour certains, mais c’est un altruiste, qui aime la passe, un joueur collectif qui aime bien jouer pour les autres. J’avais vu jouer Chelsea contre Aston Villa, 3-3, et ça manquait vraiment de meneur de l’équivalent d’un Nasri à Arsenal. Alors, faire jouer Nico dix, oui, bien sûr, mais c’est quand même assez gonflé. Parce qu’une fois que t’as trois mecs devant, c’est compliqué de jouer avec deux mecs sur les couloirs… » Et l’ancien président du PSG, à croire qu’il y est habitué, de soulever un problème.

Contre Liverpool, Lampard était milieu gauche, Essien milieu droit, et en effet, le jeu sur les flancs ne fut pas vraiment le point fort de Chelsea. Comme l’a bien constaté un autre ancien du PSG, Luis Fernandez : « Si tu mets Nico en dix, t’as plus trop le choix, c’est un milieu à trois. Mais après, Lampard, tu le mets où ? Essien, tu le mets où ? Parce que faut équilibrer sur les côtés ! Et qu’on me dise pas que Lampard et Essien sont les meilleurs pour ça… » Les deux ont ainsi tendance à revenir dans l’axe, l’ex-Lyonnais pour mieux faire parler son volume de jeu et sa puissance, l’Anglais, lui, pour frapper dès qu’il aperçoit les cages. Alors, comment faire ? La solution est d’impliquer au maximum les arrières latéraux. Simple en théorie, mais plus compliqué en pratique. « Il faut des super latéraux » confirme Christophe Lollichon. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Ancelotti avait vite laissé tomber le 4312, premier schéma mis en place à son arrivée à Londres. A droite, entre Ivanovic, Paolo Ferreira ou Belletti, il n’avait pas forcément de joueur capable d’évoluer dans le registre adéquat. Car il faut des cannes, et la mentalité qui avec. Aujourd’hui, le retour de Boswinga permet de revenir à ce schéma (ou sa déclinaison en 4321, l’illustre arbre de Noël) que Carlo affectionne tant.

Un système qui a fait ses preuves

Si Ancelotti tient tant à impliquer offensivement ses latéraux, c’est parce qu’il ne sait que trop bien que c’est la clé du foot moderne. Quelles que soient les organisations choisies par les coachs (et sauf grosse bévue de l’un deux), on se retrouve quasiment toujours dans la même configuration : les arrières latéraux sont les seuls joueurs qui disposent d’un peu de temps balle au pied. D’où tout l’intérêt d’avoir les meilleurs. Mais comme le remarque Christophe Lollichon, « c’est ce qu’il y a de plus difficile à trouver sur le marché. Un latéral qui a à la fois des qualités offensives, défensives et la capacité à renouveler les efforts » .
Mais ça peut faire toute la différence, comme on le voit avec Alvès à Barcelone, ou Maicon à l’Inter (ou comme on ne le voit pas assez avec Sagna et Abidal en EDF). Avoir un latéral compétent permet à l’ailier devant lui de rentrer dans l’axe, de devenir de fait un attaquant, ce qui augmente donc les possibilités de façon souvent décisive ; l’idée étant toujours de créer une situation de supériorité numérique et d’obliger la défense adverse à choisir son poison. Aujourd’hui, les équipes les plus performantes sont celles qui ont à leur disposition deux éléments : un latéral létal et un milieu défensif capable de venir s’intercaler au milieu de sa charnière pour défendre à trois et créer ainsi une base de lancement à même de diriger le jeu dès la première relance. L’exemple parfait se trouvant, une fois de plus, en Catalogne, avec Busquets. Sur attaque placée, il permet à Alvès et Abidal (dont la comparaison des performances en club et en sélection est sans doute la meilleure illustration de l’efficacité de ce système) de monter autant qu’ils le désirent, donc à Pedro et Villa de pouvoir venir œuvrer dans l’axe. Là, tout se déclenche et la défense adverse est vite mise sous pression.

« C’est ce que j’appelle la conjugaison des courses, détaille Lollichon. Quand tout devient tellement difficile à jouer pour l’adversaire, avec des permutations intelligentes des joueurs, du mouvement, des solutions de passes, de frappes. En plus, à ce moment-là, le problème de la largeur est compensé par un bloc qui joue haut de manière à favoriser le repositionnement d’un bloc qui déclenche le pressing » . Soit la synthèse du modus operandi barcelonais. Mais il ne faut pas oublier non plus que Christophe Lollichon a passé douze ans à Nantes, sous le giron de Suaudeau ou Denoueix, le genre de collaboration qui marque un homme de football. Issu d’une autre grande école, celle de Sacchi, Ancelotti est donc en train de mettre en place une formule qui a plus que fait ses preuves. L’ex-entraineur du Milan a d’ailleurs gagné lui-même deux Ligues des Champions avec son Milan. Le travail est encore long, mais l’idée est là et le processus en train de se dérouler sous nos yeux. « Le vrai problème maintenant va être de gérer tout ça, tempère Luis Fernandez. Parce que rien que devant entre Drogba, Torres*, Kalou, Anelka, ça fait déjà quatre. Et puis après, il y a encore Ramires, Malouda… » (les deux n’ont effectivement pas été titularisés lors des deux matchs où Anelka a joué meneur) « Enfin bon, en tant qu’entraîneur, j’aimerais bien avoir un casse-tête avec des joueurs comme ça… » rigole Luis. Christophe Lollichon, lui non plus, n’est pas inquiet. « Entre le Championnat, la Cup, la Coupe d’Europe, il y a beaucoup de matchs à disputer » . Et si la greffe prend, Anelka pourrait mener le jeu des Blues jusqu’au 28 mai, le jour de la finale de la Champion’s League, à Londres..

Fulham/Chelsea, 21h

* A noter que Fernando Torres est qualifié pour la LDC, étant donné qu’il n’a disputé « que » l’Europa League avec Liverpool.

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