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Andy, dis-moi oui, mais non
Prolifique avec Tours en 2013-2014, Andy Delort était promis à une trajectoire à la Olivier Giroud. Sauf que les différents clubs intéressés n'ont pu ou pas voulu passer à la caisse, y compris le pensionnaire de Championship Charlton, auquel le joueur aurait donné son accord. Ah la crise...
Si la saison 2013-2014 avait été épanouissante pour Andy Delort (24 buts en Ligue 2 avec Tours), 2014-2015 s’annonce surtout frustrante. Sollicité par plusieurs écuries de Ligue 1 (Lens, Montpellier) et quelques clubs étrangers dont le Standard de Liège ou Schalke 04, l’ancien Ajaccien se voyait franchir un palier cet été. Problème : vu le prix demandé par Tours, environ 4 millions d’euros, seul Charlton, pensionnaire de Championship, semble encore aujourd’hui sur le coup. « Aujourd’hui, à 4 millions, tu n’es pas forcément sur le marché français. Mais il n’a pas encore le niveau pour la Premier League, alors ce sont des clubs de Championship qui viennent pour lui » , précise Yvan Le Mée, représentant de Romain Alessandrini, transfuge réussi de la Ligue 2 à la Ligue 1 en 2012. Et pourtant, quand on sort d’une telle saison dans l’anti-chambre de l’élite, « tu peux avoir quasiment tout : un petit club de Ligue 1 qui va te faire jouer tout de suite, un gros club qui te prend, mais en se donnant du temps de t’installer. On a donc soit un petit club pour de l’utilisation immédiate, soit un plus gros club pour de la valorisation à moyen terme. »
Situation analogue à celle d’Anthony Knockaert
Pour l’agent, le choix de Delort (qui est d’accord avec les Anglais sur un contrat de cinq ans) n’est ni surprenant ni incohérent : « Pourquoi la Championship ? Parce qu’il y a de l’argent, c’est l’un des quatre championnats les plus diffusés au monde. La Championship est plus exposée que la Ligue 1. Sportivement cela peut être intéressant : s’il fait une saison à 20 pions, il se retrouve titulaire en Premier League l’année d’après. S’il va directement en Premier League, il ne jouerait probablement pas. Dans un cas comme celui-ci, tout est fixé par des paramètres économiques » , explique-t-il.
Une situation plus un moins analogue à celle vécue par Anthony Knockaert deux ans auparavant. Après une belle saison en Ligue 2 avec Guingamp (11 buts en 36 matchs), il était convoité par Montpellier, avant d’avoir une opportunité en Angleterre : « Entre Guingamp et Montpellier, cela n’a pas abouti, puis mon agent est arrivé avec une offre de Leicester. » Deux ans plus tard, le Nordiste s’est fait une place chez les Renards et a obtenu la montée en Premier League en mai dernier. Une promotion, c’était selon lui la véritable carotte au moment de signer en Championship : « Mon agent m’avait expliqué que le club avait l’ambition de monter, c’est ça qui m’a séduit. La preuve que mon choix était bon, c’est que je vais jouer cette saison en Premier League ! » À Guingamp, il aurait pu jouer le Trophée des champions à Pékin.
Plier bagage avant septembre
Pour l’ancien Guingampais, Andy Delort est probablement dans une logique comparable, même si les résultats récents de Charlton n’en font pas un prétendant naturel au haut de tableau : « Je ne connais pas les ambitions de Charlton cette année, mais la saison dernière ils ont souffert, et se sont sauvés tardivement. Mais d’une année sur l’autre cela peut changer en Angleterre, surtout si le club se met à recruter des joueurs du niveau d’Andy… » Quoi qu’il en soit, le joueur de Leicester perçoit le Championship comme un tremplin idéal pour le buteur tourangeau : « Il peut s’y épanouir et se faire repérer par la Premier League, car il a un profil adapté au foot anglais. »
À en croire Yvan Le Mée, Andy Delort n’aura de toute façon pas beaucoup d’autres choix pour débloquer sa situation personnelle : « Il est limité aux marchés qui peuvent mettre la somme réclamée par Tours, mais aussi par son profil. Aller en Russie ou en Ukraine, il est beaucoup trop jeune par exemple. Sur le fond, c’est triste de se dire qu’un bon joueur de Ligue 2 ne va pas en Ligue 1 mais en seconde division anglaise, mais c’est le fruit d’un renversement économique, la Premier League a de l’argent, la Championship a de l’argent… » Et pourtant, le co-meilleur buteur de Ligue 2 aurait pu faire pas mal d’heureux en Ligue 1 comme « Évian qui doit remplacer Bérigaud » , avant que l’agent ne rappelle un brin fataliste qu’ « un club comme celui-là ne peut pas mettre quatre millions aujourd’hui » . Malheureusement pour Andy Delort, Évian n’est pas le seul à ne pas avoir quatre millions à claquer sur un buteur en devenir, si bien que le joueur a réintégré l’effectif tourangeau vendredi pour la réception de Valenciennes. Avec toujours l’espoir de plier bagages avant septembre…
Nicolas Jucha