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Andrézieux-La Duchère, derby à usage unique
Dimanche, c'était Sainté-Lyon. Ce mardi, c'est ASF Andrézieux-Bouthéon – Lyon-Duchère AS. Soit deux clubs issus des mêmes villes que leurs aînés, mais qui arrivent à ne pas se détester. Si, si, c'est possible.
Qu’est-ce qu’un derby ? La question divise au plus haut niveau français, pays qui peine à accueillir deux clubs professionnels dans une même ville. Alors on s’étend, et cette semaine, le foot hexagonal a été servi. Monaco-Nice ? Derby de la Côte d’Azur. Saint-Étienne-Lyon ? Derby rhônalpin. Les points communs entre ces deux oppositions : moins de 70 kilomètres entre les stades et des dates cochées dès le début de saison par les clubs, leurs joueurs et leurs supporters. Alors, quand Lyon-Duchère AS ne doit parcourir que 65 petits kilomètres depuis son stade de Balmont pour aller jouer à l’Envol Stadium de l’ASF Andrézieux-Bouthéon, peut-on encore parler de derby ? Va pour cette fois. Mais pour cette fois seulement.
Amitiés estivales
« C’est un derby » , tranchait Christophe Pereira, président du club ligérien, le jour du tirage. Une manière de faire monter la sauce autour d’un match entre deux clubs dans l’ombre, respectivement de l’ASSE (Andrézieux) et de l’OL (La Duchère). Mais une vérité relative, s’accordent les responsables de la communication pendant que les joueurs s’entraînent. Notamment parce qu’au quotidien, les deux clubs n’évoluent plus au même niveau depuis quelques années : en 2016, l’année où l’ASF remontait en National 2 six ans après l’avoir quitté, La Duch’ filait au niveau supérieur. Conséquence, la dernière rencontre officielle entre Ligériens et Lyonnais remonte à novembre 2015 en Coupe de France, déjà, avec une qualification au 7e tour pour le club de l’Ouest lyonnais (2-1). Depuis, l’historique se nourrit de matchs estivaux. Amicaux, donc.
« Nous sommes des voisins avec de bons rapports » , pose Thomas Hernu de Lyon-Duchère. Si on peut éventuellement parler de derby, c’est surtout par rapport au match de dimanche, comme un mini-derby. » Laurent Canonico, son homologue à la communication du côté de Saint-Étienne, est sur la même longueur d’ondes : « Les présidents s’entendent bien, il n’y a rien de comparable avec Lyon et Saint-Étienne. Dans son discours, le coach a parlé de derby à la suite de dimanche, mais c’est plutôt de l’ordre de la motivation, de l’anecdote pour construire l’histoire du club après le match contre l’OM et avec une notion de suprématie régionale des clubs amateurs. C’est l’histoire d’un match, d’une compétition particulière. » C’est qu’entre tombeurs de Ligue 1, respectivement Nîmes et Marseille, on se regarde droit dans les yeux au moment d’aller chercher un huitième de finale de Coupe de France.
Relancer ou balancer ?
Et si Thomas Hernu ne concède qu’une « légère opposition 69/42, sans plus » , c’est aussi parce que les deux clubs ont des inclinations différentes. À Andrézieux, « l’essentiel du groupe est supporter de l’ASSE » du fait d’un partenariat associant les Rouge et Bleu aux Verts pour faire voyager les joueurs entre le Chaudron et l’Envol en fonction de leur niveau. À Lyon en revanche, rien de la sorte et, cette saison, seul Nicolas Seguin, passé par l’OL, ou Matthieu Ezikian, résidant à Décines, lient LDAS et l’OL, tandis qu’Enzo Reale a pris le TER direction Cholet l’été dernier : « Le centre de formation lyonnais est extrêmement performant, justifie Hernu, les joueurs qui y passent sont estampillés OL et finissent souvent à un plus haut niveau. » Conséquence, la rivalité des grands ne ruisselle pas jusqu’aux plus petits.
Pas de raison, donc, de retourner à Geoffroy-Guichard pour ce derby d’un jour. D’ailleurs, Laurent Canonico tempère tout engouement indu : « Les 5000 places de l’Envol seront suffisantes. Après l’OM, on aurait joué à guichets fermés contre n’importe quelle équipe. » Mais alors, qui sont les vrais rivaux de chaque club ? Pour Andrézieux, c’est Le Puy Foot 43, rapport à la distance et à des objectifs sportifs proches. Ou la réserve de l’ASSE, « parce que c’est toujours bien de jouer une réserve professionnelle » . Chez La Duch’, alors que les catégories jeunes se mesurent à Saint-Priest ou au FC Lyon dans la catégorie « clubs formateurs de la métropole lyonnaise » , l’équipe première va chercher ses rivalités du côté de Villefranche et Bourg-Péronnas. Aujourd’hui, Lyon-Duchère, 6e de National, devance ses meilleurs ennemis grâce à un jeu « fait de pressing et contre-pressing » , dévoile Thomas Hernu. Une menace pour Andrézieux-Bouthéon, 12e du groupe B de National 2, qui confirme l’intuition née de l’expérience chez Laurent Canonico : « À la 93e, on évite la mauvaise relance et on balance ! (Rires.) »
Par Eric Carpentier