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Andreas Cornelius, le grand blond en avant
Pour affronter Copenhague pour son deuxième match de poule, Bordeaux espère pouvoir opposer aux Danois une arme que ces derniers ont eux-mêmes créée : Andreas Cornelius. Mais si ses diverses expériences à l'étranger ont rarement été concluantes, le géant scandinave a une vraie place à se faire dans l'attaque girondine.
Avoir un nom que l’on pourrait croiser dans un catalogue d’ameublement a ça de pratique : visualiser rapidement l’utilité de l’objet. Et dans le cas d’Andreas Cornelius, il s’agirait certainement d’un cale-porte. Celui qui, s’il avait été acquis un peu plus tôt durant l’été, aurait pu empêcher Gustavo Poyet de la claquer, la porte. Quand mi-août, le technicien uruguayen enrageait d’apprendre le départ de son attaquant Gaëtan Laborde à Montpellier, dernière goutte d’eau ayant fait déborder le vase, il se désolait de ne pas avoir assez d’options offensives.
« J’ai dit au club qu’il ne pouvait pas partir jusqu’à ce qu’on prenne un autre joueur, pestait-il. Ils ne s’en sont pas occupés et ont laissé partir Laborde. » La direction était convaincue également de leur besoin d’un attaquant pouvant servir de pivot, avec comme référence en tête le rôle d’Olivier Giroud avec les Bleus en Russie. Stéphane Martin en rigolait même avec Yannick Stopyra, envisageant d’installer le tricard Paul Baysse à ce poste…
Un piquet en magasin
Finalement, ce « target-man » est arrivé au Haillan dans les dernières heures du mercato, en la personne d’Andreas Cornelius, prêté par l’Atalanta avec une option d’achat fixée à 7 millions d’euros. S’il a mis du temps à être livré, c’est parce qu’avec ses trois buts en 23 matchs à Bergame la saison dernière, le Danois laissait planer quelques doutes autour de ses capacités. « On a eu du mal parce que ce sont des joueurs (ceux de son profil, N.D.L.R) très chers, très demandés et qu’il n’y en a pas beaucoup, explicitait le président Martin à L’Équipe. Quand on a eu la possibilité de se faire prêter Cornelius, on s’est dit que c’était intéressant. Que ça nous donnerait du temps pour réfléchir. »
Aujourd’hui, le Danois a bien trouvé sa place en vitrine, notamment titularisé lors des déplacements à Guingamp et Reims. Dans la rotation mise en place par Ricardo et Eric Bédouet, l’attaquant d’1,93m a rapidement montré ses qualités dans le jeu de déviation et sa faculté à peser sur les défenses adverses – preuve en est son implication sur deux des trois buts girondins à Guingamp. Ce que peuvent plus difficilement apporter Jimmy Briand et Nicolas de Préville et semble complémentaire avec les styles de François Kamano et Samuel Kalu. « Andreas Cornelius apporte une solution supplémentaire au jeu de l’équipe, témoignait Bédouet. Ces joueurs d’ancrage apportent une solution différente. » Notamment dans le jeu long, sur lequel Bordeaux était déficient.
Copen’ d’avant
Pourtant, miser sur Andreas Cornelius reste un pari, car le garçon de 25 ans a vécu des expériences plutôt ternes dès qu’il s’aventurait loin de ses bases scandinaves. Formé au FC Copenhague, la tête blonde avait d’abord impressionné à ses débuts en 2012. Son coach Ariël Jacobs en avait rapidement fait un de ses hommes de base. Au point que la tête blonde facturait sa première saison à 18 buts en 34 matchs de championnat et des prestations intéressantes dans les compétitions européennes. Assez pour attirer les gros poissons britanniques, comme Cardiff. Après avoir déboursé près de 9 millions d’euros, les Gallois sont rapidement déçus par leur nouvelle pointe. En quelques semaines, son sort en Premier League est jeté : Cornelius est alors considéré comme « le flop le plus infâme de l’histoire de Cardiff » par le site Wales Online. Un avis partagé jusqu’au bureau du proprio, puisque Vincent Tan affirmait qu’il s’agissait du « pire exemple » de la politique de recrutement menée par Malky Mackay.
Six petits mois plus tard, Andreas est de retour à la maison. À Copenhague, il se relance et pose une question : n’est-il qu’un joueur domestique ou faut-il lui redonner sa chance à l’étranger ? Premier élément de réponse en Ligue des champions 2016-2017 avec les Løverne, où il épate Wes Morgan et Robert Huth. La charnière qui a amené Leicester City au titre de champion d’Angleterre avouait alors que Cornelius était l’attaquant le plus fort qu’elle avait à marquer lors de cette saison. Une belle ref sur le CV avant de découvrir l’Italie, avec une réussite plus que modérée, et aujourd’hui la France. Ce jeudi, il affrontera son ancien club, pour la troisième fois en deux mois. Lors du troisième tour préliminaire, son Atalanta est passée à la trappe face au FCK. À lui de prouver au Matmut-Atlantique qu’il n’est pas un agent double au service de la couronne.
Par Mathieu Rollinger