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Belotti : le coq ne chante plus
Arrivé cet été à Rome, Andrea Belotti accuse le coup. Auteur de seulement quatre buts cette saison, l’attaquant italien ne parvient pas à répondre aux attentes. Si bien que son avenir reste incertain et qu’il pourrait plier bagage dès cet été.
« Belotti ne partira pas pour 80 millions d’euros, ce ne sera pas suffisant. Sa clause libératoire est à 100 millions, et on ne baissera pas nos exigences », proférait Urbano Cairo en mai 2017. À cette époque, toute l’Italie (et l’Europe) souhaite s’attacher les services d’Il Gallo (le coq en VF), et le président du Torino le sait très bien. Il faut dire que son protégé vient de réaliser un exercice 2016-2017 fantastique avec 28 buts inscrits toutes compétitions confondues. Annoncé comme le futur grand attaquant de la Nazionale, Andrea Belotti devient le tube de l’été 2017. Les rumeurs l’emmènent aux quatre coins de la Botte, de Milan à Naples en passant par Rome et Turin. Mais finalement, le coq choisit de rester dans son poulailler, malgré les offres considérables des cadors du championnat : « Je suis très bien ici et j’ai encore beaucoup de choses à prouver », déclarait le chouchou d’Urbano Cairo à l’aube de la nouvelle saison.
Et ce dernier s’en mord encore les doigts. Les saisons suivantes de l’attaquant italien seront nettement moins pimpantes et les offres nettement moins onéreuses. À tel point qu’à l’été dernier, le Torino se retrouve contraint de se séparer de Belotti gratuitement. Après sept saisons merveilleuses dans le Piémont, l’homme aux 116 pions lâche un dernier ciao au peuple granata : « Je suis arrivé ici alors que je n’étais qu’un gamin et j’ai grandi avec les valeurs de ce club. Vous avez toujours été là pour nous soutenir malgré certains moments difficiles. Votre affection m’a forcé à toujours donner le maximum. Maintenant, je pars en tant qu’homme, en tant que père de famille, conscient d’avoir tout donné au cours de ces années. Ce ne sera jamais un adieu, car pour moi, Turin restera toujours ma maison. » À 28 ans, c’est un nouveau challenge qui attend le champion d’Europe en titre, qui doit désormais prouver dans un top club italien. Direction Rome.
Le bossu de Rome
L’été dernier, la Roma vit un rêve éveillé. Trois mois après le sacre européen, les tifosi voient débarquer Paulo Dybala, accueilli comme un véritable prince au pied du Colisée. L’arrivée d’Andrea Belotti est beaucoup plus discrète, mais s’apparente à un coup judicieux de la direction romaine, qui n’a donc même pas eu besoin de chauffer la carte bleue. Attaquant d’expérience, généreux dans les efforts, précieux dans les phases défensives et surtout impitoyable devant la cage, l’ancien Palermitain est le profil idéal pour José Mourinho. De plus, son arrivée apporte une concurrence solide à un Tammy Abraham trop souvent irrégulier. Mais les débuts d’Il Gallo sont difficiles, et malgré ce but inscrit lors du large succès face à Helskinki (3-0), il n’a pas encore convaincu le Special One. « Il doit penser seulement au but, et à rien d’autre. Je m’en fiche du beau geste et des talonnades, s’il doit marquer avec son fessier, il doit le faire », lâchait le technicien portugais à l’issue de la rencontre. Si cette déclaration aurait dû servir d’électrochoc à l’ancien Palermitain, ce fut finalement tout le contraire. Huit mois plus tard, Belotti dresse un bilan qui frôle le honteux : seulement quatre buts inscrits et le lauréat de l’attaquant avec les xG les plus élevés de la Serie A, mais avec zéro but dans la compétition.
Toujours à contretemps, multipliant les pertes de balle et très peu influent dans le jeu, Belotti témoigne surtout son mal-être dans son attitude. Habituellement bagarreur et généreux dans les efforts, il passe son temps au sol à ruminer dans son bouc. Le meilleur exemple est sa prestation délivrée le week-end dernier face à l’Inter (0-2). Pour sa septième titularisation en championnat, l’international italien a perdu neuf ballons, n’a remporté que 56% de ses duels et n’a réussi que sept passes. « Andrea Belotti ou comment donner un joueur supplémentaire aux adversaires », lâchera même après la rencontre Gabriele Conflitti, journaliste romain. Un niveau affligeant qui n’a pas échappé à un certain Christian Vieri. Après une défaite des Giallorossi face à la Cremonese (1-2) en février dernier, l’ancienne gloire s’était payé le coq : « Il faut qu’on parle de ce soi-disant attaquant. Il est titulaire face aux plus nuls du championnat. Normalement, tu dois inscrire au minimum trois buts, mais lui non. À son âge, j’aurais planté un triplé sans soucis. »
Le seul bol d’air frais que s’offre Belotti est la Ligue Europa. Loin d’être stratosphérique, il parvient néanmoins à se montrer plus performant, en témoignent ses trois buts inscrits dans la compétition, dont celui très important face à Salzbourg (2-0) en seizièmes de finale retours. « J’aime le voir comme ça, il réalise ce soir une fantastique prestation et s’est montré très généreux dans les efforts », dira après la rencontre Mourinho. Néanmoins, pas certain que cela soit suffisant pour convaincre les dirigeants romains de le prolonger. Pour rappel, Andrea Belotti a signé l’été dernier pour un contrat d’une saison, expirant donc le 30 juin prochain, avec deux saisons en option. Un levier qui peut être actionné en fonction du bon vouloir de la direction. Et selon les dernières nouvelles de la presse transalpine, Il Gallo pourrait plier bagage dès cet été. Nul besoin de vous préciser que ce ne sera pas pour 80 patates.
Par Tristan Pubert