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André Villas-Boas, le Spécial rien du Two

Par Nicolas Jucha
4 minutes
André Villas-Boas, le Spécial rien du Two

Depuis son départ du Zénith St-Pétersbourg, André Villas-Boas était régulièrement annoncé dans les écuries européennes ambitieuses en mal de coach. Mais le jeune Portugais (trente-neuf ans), un temps perçu comme le nouveau Mourinho, a décidé de poursuivre sa carrière à Shanghai SIPG. Un choix de carrière qui met définitivement fin au fantasme du Special Two.

La vanne est de Thomas Thouroude, un peu avant minuit un dimanche soir de printemps 2012. Le célèbre animateur télé est alors aux commandes de feu L’équipe du dimanche, et balancer des punchlines fait partie de sa signature. Quitte à rire d’un homme à terre. La victime n’a même pas trente-cinq ans, et six mois plus tôt, tout le monde voyait en elle un génie tactique. « Special Two ? Special rien du tout ouais… » André Villas-Boas rappelait alors son aîné José Mourinho, l’auto-proclamé Special One. Même nationalité, même tête de jeune premier, une collaboration commune à Porto – où le cadet était l’adjoint de l’actuel manager de Manchester United – et même trajectoire glorieuse avec les Dragons avant de signer à Chelsea sur un caprice de Roman Abramovitch. À l’été 2011, quand le milliardaire russe claque vingt millions d’euros pour racheter son contrat au club portugais, Villas-Boas a même des allures de Mourinho 2.0. Une plus grande précocité, un style de jeu plus offensif, une personnalité moins provocante et plus charmeuse. Et une maîtrise totale de la langue de Shakespeare.

Rebond raté à Tottenham

Sauf que cinq ans plus tard, c’est en Chine que le petit génie du « football management » va relancer sa carrière quand son ancien mentor pioche, certes, mais pioche à Manchester United. À trop être comparé à son illustre aîné, Villas-Boas s’est rapidement brûlé les ailes. À son arrivée à Stamford Bridge, il est persuadé de réussir là où le Mou a échoué, et annonce d’emblée qu’il sent que la Ligue des champions va atterrir à Londres. Prémonitoire, sauf que le technicien n’a pas prévu que ce serait sans lui, remercié entre les deux matchs de huitièmes de finale contre Naples. Et que ce serait son remplaçant sans grade, Roberto Di Matteo, qui assouvirait le plus grand fantasme du proprio de Chelsea. La suite pour Villas-Boas ? Une tentative de relance à Tottenham qui commence plutôt bien : une cinquième place en 2012-2013, le recrutement d’Hugo Lloris, aujourd’hui considéré comme le meilleur gardien de l’histoire du club, ainsi que l’explosion de Gareth Bale en milieu offensif. Puis une nouvelle éviction avant Noël 2014 pour une raclée de trop, subie à la maison contre Liverpool (0-5).

Plus de dix millions d’euros annuels en Chine

Trois mois plus tard, le Portugais n’hésite pas à s’exiler pour mieux se relancer. Direction la Russie et le Zénith St-Pétersbourg. Où il parvient à consolider son statut sur la scène nationale avec le titre en 2015, mais ne fait pas de miracle sur la scène continentale. C’est pour se rapprocher de sa famille qu’il refuse de prolonger en Russie. Pour finalement changer de continent avec son départ pour le Shanghai SIPG. La progression de carrière dans tout ça ? Dans la Super League Chinoise, le coach portugais n’a pas grand-chose à gagner, excepté la dizaine de millions d’euros annuels prévue dans son contrat. Sportivement, difficile d’imaginer qu’une victoire en Ligue des champions asiatique puisse le ramener sur les short lists des grands clubs du Vieux Continent. D’autres noms prestigieux ont comme lui décidé d’aller engranger des yuans pour assurer leurs arrières. Mais qu’ils s’appellent Scolari, Pellegrini, Manzano ou Magath, tous ont déjà leur carrière d’entraîneur derrière eux.

Quelle perspective en Chine ?

À trente-neuf ans, André Villas-Boas était pourtant annoncé comme un candidat crédible à Marseille – avant la nomination de Rudi Garcia – ou encore à l’Inter Milan. Les avocats du Lusitanien pourront toujours avancer la volonté d’être un pionnier, de découvrir une nouvelle culture… Ce choix de carrière exotique confirme surtout un manque de vision à long terme de l’intéressé. Qui, depuis 2011, donne l’impression de vouloir aller plus vite que son talent aurait dû lui permettre : une seule année à Porto, alors que Mourinho avait attendu de gagner la C1 pour rejoindre Chelsea, deux saisons en Angleterre, deux autres en Russie, et maintenant le championnat chinois où on l’imagine mal s’éterniser. À moins qu’il n’ait prévu de devenir à terme sélectionneur et d’emmener la terne équipe nationale chinoise en Coupe du monde. Il faudra déjà qu’il arrive à renverser le Guangzhou Evergrande Taobao, champion depuis six ans… En est-il vraiment capable ?

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