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- Portugal-Suisse (2-0)
André Silva, le retour du neuf portugais
Après dix ans à chercher la relève de Pedro Miguel Pauleta, le Portugal semble enfin avoir trouvé l'élu. Il s'appelle André Silva, il a marqué neuf buts durant ces qualifications, a été adoubé par Cristiano Ronaldo qui en a fait son successeur et a réussi l'exploit de mettre Éder sur le banc. Le tout, à seulement 21 ans.
Présent au point de penalty, André Silva profite d’un appel au premier poteau de Cristiano Ronaldo pour reculer malicieusement afin de se cacher derrière les défenseurs suisses. Esseulé, l’attaquant de l’AC Milan n’a plus qu’à profiter de la vision de jeu et de la qualité de passe de Bernardo Silva pour marquer dans le but vide, malgré un contrôle plus que moyen. Un but qui permet au Portugal de faire le break et de valider au passage son ticket pour la Coupe du monde 2018. De son côté, André Silva savoure son but en offrant aux supporters du Estádio da Luz une superbe glissade-DAB. Des supporters lusitaniens ravis de cette qualification au Mondial, mais surtout heureux d’avoir enfin trouvé le numéro 9 tant recherché depuis la retraite de Pedro Miguel Pauleta en 2006.
Neuf buts en dix matchs
Alors oui, André Silva n’a pas la classe de l’ancien buteur du Paris Saint-Germain, mais force est de constater que malgré quelques lacunes techniques et un jeu parfois trop physique, l’attaquant de 21 ans est une machine à marquer : neuf buts en dix matchs de qualification, soit un de plus qu’Antoine Griezmann et Olivier Giroud réunis. Certes, l’opposition proposée au Portugal dans ce groupe B était très faible, mais il n’empêche que pour un gamin qui découvre le niveau international, terminer quatrième meilleur buteur de la Zone Europe, derrière Lewandowski, CR7 et Lukaku, c’est très costaud.
Mais, plus que les chiffres, c’est son entente avec Cristiano Ronaldo qui semble fonctionner à la perfection. Après avoir bricolé avec Nani durant l’Euro 2016, Fernando Santos a trouvé, en la personne d’André Silva, le complément parfait à CR7 à la pointe de son 4-4-2. Un nouveau duo qui a marqué 24 des 32 buts de la Selecção durant ces qualifications. Mobile, André Silva peut aussi bien dézoner pour laisser de la place à son capitaine, que rester devant à attendre les caviars de ses partenaires. Mieux, celui qui s’est essayé au MMA lorsqu’il avait 15 ans est un véritable buffle qui court partout sur le front de l’attaque et fait ainsi les efforts défensifs et le pressing à la place de Cristiano Ronaldo, qui n’a plus qu’à se concentrer sur les filets adverses.
Un triplé pour sa quatrième apparition
Arrivé trop tard pour disputer l’Euro 2016, André Silva avait été appelé dès le mois de septembre 2016 par Fernando Santos pour le match, déjà crucial, face à la Suisse. Sur le banc au coup d’envoi, celui qui évoluait encore au FC Porto n’a pu empêcher la défaite des siens malgré son entrée en jeu à la pause en lieu et place d’Éder (0-2). Heureux de pouvoir compter pour la première fois de son mandat sur un vrai numéro 9 digne de ce nom, Fernando Santos range alors sa frilosité et titularise d’entrée son nouveau joujou face à Andorre lors du deuxième match de qualification. Bingo, André Silva en profite pour débloquer son compteur en sélection, avant d’inscrire un triplé face aux îles Féroé trois jours plus tard pour sa quatrième cape. Trois brindilles en 25 minutes qui lui permettent de devenir à vingt ans, onze mois et quatre jours, le plus jeune Portugais de l’histoire à marquer un triplé en sélection. À titre de comparaison, CR7 avait dû attendre, lui, sa 106e sélection avant d’inscrire un triplé avec le Portugal.
Approuvé par Fernando Santos, André Silva a surtout été adoubé par « son idole » Cristiano Ronaldo qui s’était montré dithyrambique à son sujet dans une interview accordée à la Gazzetta dello Sport quelques jours avant la Coupe des confédérations : « Quand je me retirerai, le Portugal sera entre de bonnes mains parce qu’ils ont déjà trouvé un grand attaquant : André Silva. » Du haut de ses 23 printemps, AS17 s’impose déjà comme un titulaire indiscutable, capable de sortir le Portugal d’un bourbier comme en Hongrie le 3 septembre dernier (0-1). Mais, pour arriver à la hauteur de Pedro Miguel Pauleta, ou de l’immense Éderzito, il va falloir continuer sur ce rythme à la Coupe du monde. Et, le Brésil, ce ne sont pas les îles Féroé, ce n’est pas Andorre.
Par Steven Oliveira