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Andorre-France : la relance avant les vacances
Après la déroute en Turquie (2-0), samedi soir, l'équipe de France doit faire le nécessaire pour ne pas tomber dans le piège en Andorre, ce mardi (20h45). Une question de fierté pour les champions du monde.
Non, perdre un match n’arrive pas qu’aux autres. Près d’un an après la victoire en Coupe du monde, les Bleus doivent se rendre à l’évidence : ils ne sont pas invincibles. Après une première alerte contre les Pays-Bas (2-0) en novembre dernier, l’équipe de France a chuté sur le même score en Turquie, samedi, contre un adversaire moins prestigieux que les Oranje. La conséquence logique d’une prestation insipide des champions du monde, quasiment tous conscients de n’avoir « aucune excuse » après la rencontre, alors que Didier Deschamps avouait, lui, ne « rien avoir à retenir de positif » . Les mots sont durs, mais ils ont du sens et ils soulèvent une question : comment se tourner vers le prochain match après une telle déroute collective ? « On ne va pas s’attarder sur ce qu’on a mal fait samedi, a tempéré le sélectionneur en conférence de presse lundi après-midi. L’important, c’est le match de demain avec un contexte différent, un adversaire différent et une surface de jeu différente. » En Andorre, les Bleus n’ont plus le droit à l’erreur.
À votre synthé !
En temps normal, un match contre la 134e nation mondiale aurait tout d’une formalité pour les Français. Mais voilà, après la gifle reçue en Turquie, une rencontre dans l’atypique Estadi Nacional d’Andorre-la-Vieille (3000 places) peut avoir des allures de traquenard. La principale inquiétude dans les rangs des champions du monde : pas d’herbe naturelle, mais une pelouse synthétique de piètre qualité, sachant que l’enceinte est très souvent occupée par des équipes de rugby. « Les joueurs de l’équipe de France ne sont pas habitués à jouer sur ces surfaces, mais on devra s’adapter comme les autres équipes l’ont fait, a précisé Deschamps. C’est une pelouse qui favorise plus l’aspect défensif. Maîtriser le ballon techniquement, cela se complique un peu plus. À nous de trouver les solutions. » Le piège est tendu, mais il n’est pas vraiment insurmontable : les Andorrans n’ont gagné qu’une fois à la maison depuis l’installation du synthétique (1-0 contre la Hongrie en juin 2017).
Pas besoin de trembler, surtout qu’Andorre apparaît comme l’adversaire le plus faible dans ce groupe H et que son dernier succès remonte à mars 2018 et une victoire au Liechtenstein (0-1). Plus récemment, l’équipe de Koldo Álvarez a perdu ses trois matchs dans ces qualifications à l’Euro 2020, dont les deux premiers à domicile contre l’Islande (0-2) et l’Albanie (0-3). Autant dire qu’une défaite ou un nul des Bleus ce mardi soir serait un immense fiasco. Et si personne ne sait vraiment à quoi s’attendre avec Andorre – si ce n’est qu’elle devrait se présenter sur le terrain avec un bloc bas –, la Dèche s’est chargé de donner quelques indications sur le jeu andorran : « Leur plan de jeu est clair, une organisation défensive solide et tous les joueurs adhèrent très bien à ce plan de jeu, de la première à la dernière minute. Ils ont beaucoup de mérite. Ils savent qu’ils doivent défendre et essaient d’optimiser les contres. » Aux Bleus d’être d’attaque.
Une question de statuts
Deschamps sait donc à quoi s’attendre dans le camp d’en face, tout comme il sait que des changements sont nécessaires. Mais le sélectionneur français a été clair, cette rotation ne doit pas sonner comme une punition après la déroute de Konya. « Ça me semble logique d’amener de la fraîcheur sur le plan physiologique, a-t-il détaillé en conférence de presse. Je ferai plusieurs changements indépendamment des performances des joueurs de samedi avec des critères de réflexion en fonction de leur prédisposition par rapport à la surface de jeu. » L’occasion peut-être pour Clément Lenglet de connaître sa première sélection, afin de ne pas prendre de risque avec le genou de Samuel Umtiti. Mais les choix ne seront pas seulement physiques, ils seront aussi tactiques. Le technicien ne semble pas encore avoir trouvé le remède à l’absence de N’Golo Kanté, la France étant souvent bousculée quand le milieu de Chelsea n’est pas sur le terrain. Puis, il y a les incertitudes du côté gauche : les prestations décevantes de Lucas Digne pourraient permettre à Ferland Mendy de s’affirmer, alors que DD pourrait opter pour un profil différent de Blaise Matuidi pour évoluer un cran au-dessus. Des jeunes joueurs comme Thomas Lemar (23 ans), Ousmane Dembélé (22 ans) ou Kingsley Coman (22 ans) vont rapidement devoir saisir leur chance.
Et le collectif tout entier doit se rendre à l’évidence : porter le maillot bleu oblige à montrer un minimum d’envie. En Turquie, à l’image d’un Kylian Mbappé nonchalant et individualiste, les Tricolores n’ont jamais su répondre à l’intensité des hommes de Şenol Güneş, se faisant manger dans les duels et dans l’intensité. « On a été surpris de notre performance, on attendait beaucoup plus dans l’utilisation du ballon, dans les duels, on s’est fait bousculer en première période, a analysé Hugo Lloris face aux médias. Il va falloir aborder ce match avec un maximum de sérieux et avec les exigences du haut niveau. » Avant de lancer un avertissement : « La motivation doit être naturelle. On doit rebondir après une défaite, après avoir pris une gifle en Turquie. On a un statut de champion du monde, on ne peut pas se contenter de cela et l’accepter. » Non, personne n’ose vraiment imaginer les Bleus partir en vacances sur une mauvaise note.
Par Clément Gavard