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Ander Herrera, la nouvelle force basque
Javi Martínez et Fernando Llorente partis, Ander Herrera est le nouvel homme fort de l’Athletic Bilbao. Technique et rapide, le Basque est la définition même du joueur intelligent. Très intelligent.
San Mamés aurait 100 ans. Le second du nom aura un jour. Ce lundi, Bilbao fête l’enterrement de sa Catedral del fútbol en offrant sa première à sa petite sœur. Pour l’occasion, le Celta Vigo tentera de magnifier son rôle de simple sparring partner. Une mission difficile tant les Basques auront à cœur de régner sur leur nouvelle terre. En bonne reine de la savane, l’équipe de Valverde sera menée de pieds de maître par Ander Herrera, milieu offensif de son état. Depuis le départ de Javi Martínez (Bayern Munich) il y a un an, et celui de Fernando Llorente cet été (Juventus de Turin), le natif de Bilbao est la nouvelle tête de gondole de l’Athletic. À 24 ans, on serait tenté de dire enfin. Car Ander Herrera est, depuis deux saisons, l’un des tous meilleurs milieux de terrain de Liga. Dans un pays où les centrocampistas sont un trésor national, l’éloge est de taille. Avec ses 181 centimètres, Herrera a plus que les épaules pour tenir la comparaison avec Xavi et Iniesta. Sous son visage d’enfant se cache un virtuose dont « la force est la passe, pas le but » , dixit son ancien coéquipier de Saragosse Antonio Doblas.
Aimar comme modèle, Bilbao comme ADN
Avant d’être considéré comme un trésor national, Ander Herrera est un bijou basque. Formé au Real Saragosse, il y est resté de 2004 à 2011. Le temps d’éclore au plus haut niveau et de taper dans l’œil des recruteurs d’Arsenal. En bon enfant de Bilbao, c’est bien à Lezama, centre d’entraînement de l’Athletic, qu’il atterrit. Contre onze millions d’euros, il s’installe d’entrée dans le onze de Marcelo Bielsa. Ses deux premières saisons avec l’Athletic tiennent du travail d’orfèvre. Dans l’ombre de Javi Martínez, Fernando Llorente et Iker Muniain, il fluidifie et simplifie le jeu. Après les départs dans des conditions chaotiques des deux premiers cités – clause libératoire pour le Bavarois, clash un an durant pour le Turinois – Ander a préféré la tranquillité. Convoité dans les derniers jours du mercato par Manchester United, il n’a pas forcé la main à ses dirigeants. « Dans un premier temps, un club doit payer ma clause(qui atteint les 36 millions d’euros, ndlr), et dans un second, me séduire plus que l’Athletic, ce qui est difficile » , racontera-t-il une fois le mercato terminé.
Ander Herrera est tout sauf un excité. DansEl País, Antonio Doblas, ancien coéquipier de Saragosse, se rappelle de sa première rencontre avec Ander : « Quand il est arrivé dans le vestiaire, j’ai cru que c’était un membre de la famille d’un des joueurs ou un ramasseur de balle, avec son visage d’enfant. » Ander Garitano, ancien technicien des Blanquillos décrit, lui, Ander Herrera comme « un excellent joueur et une excellente personne » . Malgré son caractère de bon garçon,la Perla (la Perle, son surnom en VF) est avant tout un maestro. Ce dont c’est immédiatement rendu compte ce même Antonio Doblas, « une fois qu’il a commencé à jouer » . Plus concrètement, Ander Herrera est un milieu à la polyvalence et la clairvoyance rare. « C’est un joueur avec des caractéristiques très offensives, qui peut jouer derrière les deux attaquants, sur un côté ou en tant que double pivot » , décrit Ander Garitano qui l’a eu sous ses ordres dans la Cantera du Real Saragosse. Admirateur de Pablo Aimar (à l’instar de Messi), son profil a souvent été comparé à celui d’un certain Cesc Fàbregas.
Snobé par la Roja
Plus que par ses simples caractéristiques footballistiques, sa trajectoire internationale suit celle du milieu barcelonais. Pour ses débuts, en tout cas. Membre de toutes les équipes jeunes de la Roja, il en est toujours le fer de lance. Vainqueur du championnat d’Europe espoir de 2011, il est aujourd’hui l’un des oubliés de Vicente del Bosque. Appelé une seule fois avec les grands de la Roja, il ne compte aucune sélection. Une aberration tant le joueur « pue » le football et a toutes les clés en main pour s’adapter au système de Del Bosque. Mais, comme lui-même l’admet, « j’ai du caractère et j’assume mes responsabilités » . Autrement dit, le bougre ne jette jamais l’éponge. C’est du temps de Saragosse qu’il s’est forgé cette imperméabilité à la pression. La position de son père, alors secrétaire technique, dans l’organigramme du club provoque une légère polémique. Ander Herrera est vu comme un parachuté. « On voyait bien qu’il avait sa tête, mais ça ne l’a jamais affecté » , dira Javier Paredes, coéquipier d’alors à Saragosse, dans les colonnes du País. Par ses belles prestations à répétition, il a démontré qu’il n’avait rien d’un fils à papa. Reste désormais à prouver à Del Bosque qu’il a sa place chez les très grands. Son nouveau costume de Roi Lion pourrait aider.
Par Robin Delorme, à Madrid