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And the Óscar goes to…
En désaccord avec ses dirigeants, Óscar García n’aura passé que cinq petits mois sur le banc de Saint-Étienne. Une décision qu’il a prise personnellement après avoir enchaîné les mauvais résultats avec les Verts.
En général, c’est l’inverse qui se produit. Dans une période de crise sportive, et après une énième claque de trop, les dirigeants du club indiquent la porte de sortie à leur entraîneur. Souvent sans grande réflexion ni quelconque pitié. Là, c’est différent. Saint-Étienne connaît bien une série de mauvais résultats (quatre matchs sans victoire toutes compétitions confondues, un seul succès sur ses sept derniers rendez-vous), les Verts se sont bien cassé la gueule pour ajouter une goutte d’humiliation au fragile vase qui déborde déjà (5-0 encaissé contre le rival de l’Olympique lyonnais, raclée concédée devant son propre public), mais contre toute attente, c’est le coach qui a réclamé le divorce alors que sa hiérarchie voulait continuer avec lui.
Ainsi, Óscar García a décidé de partir. Comme cela. Cinq mois à peine après son arrivée en provenance du Red Bull Salzbourg, où il était confortablement installé depuis deux saisons. Certaines rumeurs indiquent cependant que l’Espagnol ne souhaiterait pas quitter les lieux sans indemnité et aurait carrément réclamé deux millions d’euros. Un comble pour Roland Romeyer, président du club, qui n’entendait pas rompre le mariage avec l’Hispanique, mais une information démentie par l’agent de ce dernier qui serait finalement prêt à renoncer à toute compensation.
Dur de faire mieux, difficile de faire pire
Retour au football. Évidemment, le bilan de García à la tête des Verts ne parle pas en sa faveur. Dans le cas contraire, cette situation n’existerait certainement pas. Après un début de championnat encourageant et neuf points pris sur neuf, son équipe a chuté et a récolté le même nombre d’unités en neuf journées. Sans compter une élimination en Coupe de la Ligue (par Strasbourg aux tirs au but). Surtout, si sa sixième position au classement est loin de s’avérer honteuse, l’ASSE ne s’est jamais approchée, de près ou de loin, de la philosophie de jeu « cruyfienne » revendiquée par le technicien. Question : à qui la faute ? À l’homme du banc, dont les aptitudes seraient encore limitées et dont le projet aurait été trop ambitieux ? À ceux qui l’ont recruté et qui ne lui auraient pas donné les armes promises pour mener à bien sa mission ? Aux deux parties ?
Il faut dire que l’effectif qui lui a été fourni n’est pas des plus qualitatifs. García a-t-il été sondé lors du mercato estival ? A-t-il pu choisir ses recrues ? A-t-il eu son mot à dire ? Savait-il dans quelle galère il s’embourbait ? Mystère. Toujours est-il que Sainté paye, comme cela a pu être le cas avec Christophe Galtier, des méthodes économiques qui ne peuvent plus faire avancer l’entité sur le plan sportif. En attirant essentiellement des joueurs moyens – capables, pour certains, de devenir de très bons éléments – depuis quelques années, les Verts ne parviennent plus à concurrencer les cylindrées du Top 5. Ça, le Catalan ne l’avait sans doute pas compris avant de signer pour l’un des clubs les plus titrés de l’Hexagone qui n’a remporté qu’un trophée majeur depuis 1981 (une Coupe de la Ligue en 2013). Et il a bien dû se rendre compte que rien ne changerait cet hiver, les dirigeants n’ayant pas forcément envie de taper dans les caisses.
Sablé pour se relever
Bien entendu, il ne faut pas sous-estimer la responsabilité d’Óscar. L’ex de Watford aurait sans doute dû se renseigner pour savoir où il mettait les pieds, ou se méfier de ce qu’on lui avançait à l’oral. Certaines de ses décisions tactiques ont pu poser question. Comme ses choix d’homme, d’ailleurs. (Que faisait Bryan Dabo sur la touche face à Lyon ? Pourquoi n’est-il jamais entré ?) Sa capacité à tirer le meilleur de ses poulains laisse également à désirer. Mais pour faire mieux que lui, il faudra jouer la carte du pragmatisme et oublier les envies rêveuses. Pour cela, les patrons stéphanois ont choisi Julien Sablé, jusque-là directeur du centre de formation. Un mec du cru, qui connaît parfaitement la maison et qui sait comment ses supérieurs fonctionnent. « Compétent, enfant du club, homme de valeurs, le choix de Julien Sablé entraîneur est le meilleur possible. Tout le peuple vert sera derrière lui » , a tweeté Jérémie Janot, l’ex-gardien historique des Verts. Une chose est sûre : il a du pain sur la planche. Et García, lui, préfère bosser avec une autre farine.
Par Florian Cadu