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Ancelotti, le pacificateur du Real Madrid
Désiré par Pérez et Zidane, Carlo Ancelotti est officiellement le nouvel entraîneur du Real Madrid. Une nomination judicieuse en interne qui soulève des questions dans la nébuleuse madrilène. José Mourinho a laissé des traces.
Tapis rouge et strapontins, déclarations d’amour et sourires, belles empoignades et franches accolades. Pour son intronisation à la tête du Real Madrid, Carlo Ancelotti s’est régalé. Après des semaines de tractation, il a paraphé un contrat de trois ans. Une période durant laquelle sa mission aura pour nom « la Decima » , l’obsession de Florentino Pérez. Tout sauf une surprise. Pour le reste, Carlo a déjà pour moitié rempli son contrat. Le vestiaire, en ébullition sous l’ère Mourinho, va redescendre en tension. Sergio Ramos, les pieds au Brésil, mais la tête à Madrid, ne cache pas sa félicité : « S’ils (les dirigeants du Real, ndlr) l’ont choisi, c’est parce qu’il réunit un nombre de valeurs qui nous feront du bien pour faire ressortir le meilleur de chaque joueur. » Préférence de Zinedine Zidane, qui sera son adjoint, le technicien italien remet de l’ordre. Plus que dans le vestiaire, c’est toute la hiérarchie madrilène qui reprend son sens originel. En interne, tout roule, donc. Mais dans le joyeux bordel merengue, rien n’est gagné d’avance. Car c’est bien tout un peuple que Carlo s’apprête à gérer. L’adoubement devra attendre.
Antipodes, passion et dépression
Adulé ou haï, José Mourinho a fissuré le vestiaire et l’institution. De mémoire de Merengue, jamais le club n’a connu telle scission. Florentino Pérez l’imaginait en sauveur. Il aura finalement connu la politique de terre brûlée du Portugais. Valdano, trop « bien » dans son rôle de directeur sportif, out. Zidane, pas assez sur la même longueur d’onde, au placard. Les joueurs coupables d’ouvrir leur clapet, au banc. Bref, les semblants de mutinerie sont mâtés, les mutins cloués au pilori. Avec Ancelotti, Pérez a choisi un retour au classicisme. Déjà, lors de son discours de Noël, Florentino Pérez dessinait les contours de ce changement : « Le football n’est pas fait de tension, mais de passion. Et je crois que les gens n’aiment pas la tension. Selon mon expérience, j’ai constaté que la tension était mauvaise pour ce que nous souhaitons faire. Ça ne donne pas de rendement. » L’arrivée de Carlo Ancelotti ficelée, le président madrilène a désormais tout le loisir de mettre sa politique de gentil en pratique. Car comme l’a avoué Carlo en conférence de presse, « je n’ai pas le même caractère que Mourinho » . Le camp du « bien » ne sera ainsi plus l’entière propriété du Barça. Et on ne caricature qu’à peine.
Qui es-tu, Carlo ?
Alors quoi ? Ancelotti serait l’entraîneur idéal pour le Real Madrid ? Bien évidemment, la réponse demande de la mesure. Apprécié par tous ses joueurs dans ses clubs précédents, l’ancien coach du PSG fait l’unanimité dans le vestiaire. Une proximité qu’il explique dans son autobiographie Preferisco la Coppa. Ainsi, Kaká est comparé à « un étudiant Erasmus récemment arrivé à Milan. Et ne serait pas trop mal pour nous si en plus il sait jouer au football. » Fin psychologue le Carlo, mais aussi maître tacticien. C’est pourtant cet aspect qui lui fait défaut en Espagne. Dans une Liga souvent tournée vers elle-même, la renommée d’Ancelotti remonte à sa Ligue des champions milanaise. Son schéma du sapin ou son 4-4-2 parisien ne trouvent que peu d’échos. Journalistes et anciens l’imaginent entre Capello et Sacchi. Carlo a pourtant bien sa propre vision. Une vision plus amphibie, plus « caméléon » , dixit As. Rigide tactiquement à ses débuts, Carlo est désormais plus souple. Une souplesse qu’il a appris avec Zinedine Zidane, son joueur d’alors de la Juve, pour lequel il a adapté son système. Zizou sera d’ailleurs son adjoint sous la guérite du Real Madrid – aux côtés de Paul Clément. Un choix judicieux tant le Français reste une idole. Car plus que des joueurs, c’est toute une institution que devra conquérir Carlo Ancelotti. Une institution plus que centenaire qui a déjà eu la tête de José Mourinho.
Par Robin Delorme