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Ancelotti, et si on nous avait menti ?
N'en déplaise à Carletto le classieux, juste après un titre de Champion de France, officialiser son départ du PSG sur le plateau des trophées UNFP c'est un peu comme larguer la mère de ses enfants au Courtepaille. C'est violent et ça veut souvent dire que l'on n'avait plus trop d'estime pour elle...
« Ancelotti, reste à Paris ! » . Même le Parc des Princes s’y est mis, juste avant que Carlo ne monte sur le podium. En coeur, sans fausse note. L’ultime message d’un public qui aurait tant aimé que la fête soit totale. En vain. Le Mister a dit « Merci » . Rien de plus. Sous le sourcil, l’oeil était pourtant humide. Mais l’Italien n’a pas succombé à l’émotion générale. Aucune annonce ne viendra soulager les tribunes. Rien, niente. Sa décision, Carlo la réserve pour le bureau de ses dirigeants: Leo, Nasser, mais aussi un représentant du Prince en visioconférence, sans doute désigné au shifumi. Et c’est donc au lendemain d’un titre attendu depuis presque vingt ans et célébré façon Daft Punk, qu’ils ont choisi de réveiller les supporters avec un grand seau d’eau bien glaciale. Pleine face, et tant pis pour la gueule de bois. Oui, Carlo Ancelotti a choisi de mettre un terme à son épopée parisienne pour conquérir l’Espagne. Oui, le club va tout faire pour le conserver. Et oui, il y a de grandes chances qu’il n’y parvienne pas. Voilà. Bonne journée!
Carlo le gigolo
Et si Don Carlo avait tout prémédité ? L’hypothèse tient la route tant l’entraineur du Paris-Saint-Germain a réussi à faire oublier son passé récent. Qui se souvient aujourd’hui qu’à la veille de sa signature dans la capitale, sa mèche grisonnante venait tout juste de se faire lourder de Chelsea ? Que le Pôle emploi britannique n’avait rien de plus sexy que Tottenham à lui proposer ? Et qu’à un Juan Mata près, son effectif parvenait à remporter la Ligue des Champions l’année suivante ? À priori, pas le Real Madrid. Mais Ancelotti, lui, sait parfaitement que son téléphone n’aurait jamais parlé espagnol sans la parenthèse PSG. Champion dès sa première saison pleine, quart de finaliste invaincu face au Barça, et surtout clé de voûte reconnue d’un vestiaire peuplé d’égos divergents. Le tout dans un club français qui, en dépit de sa récente puissance financière, n’avait pas remis les crampons en C1 depuis près de dix ans. En homme de classe, le Transalpin a donc réintégré le cercle des techniciens les plus bankable d’Europe en se taillant lui-même le costard imposé. Du sur-mesure, évidemment. Quand les supporters parisiens regrettent déjà son français de montreur d’ours, ceux du Real salivent d’avance à l’idée qu’il puisse dire « Ola! » devant une caméra. Pourtant, tout Carlo qu’il est, il ne ressort pas meilleur de son idylle avec la capitale, pas plus glorieux non plus, juste un peu plus beau et séduisant. Et rien que pour ça, Paris est magique.
Nasser le visionnaire
Et si Nasser avait presque tout planifié ? La seule personne capable de répondre à cette question, c’est peut-être Arsène Wenger. Déjà, lorsque son nom avait été évoqué sous l’ère Colony Capital, feu Charles Villeneuve l’avait alors plus ou moins associé au Qatar. Lorsqu’il ne délirait pas sur un attelage avec Jean Todt, l’éphémère président du PSG évoquait souvent l’excellente cote du Gunner dans le Golfe Persique. Non sans raison. Depuis l’arrivée de QSI, outre le fait que la bouche présidentielle est toujours pleine de compliments à son égard, le spectre d’Arsène revient par moment rôder autour du Parc. Les Qataris, séduits par son profil de formateur/bâtisseur, lui confieraient volontiers les commandes. Histoire d’enfin tisser une toile solide autour du vivier francilien, son terrain de chasse si souvent braconné. Histoire aussi de faire taire les critiques autour de ce PSG trop cosmopolite, ou du moins pas assez bleu-blanc-rouge. D’une pierre, deux coups. Le plan parfait. Problème, le contrat de Wenger le lie à Arsenal jusqu’en 2014, et l’Alsacien n’est pas homme à briser un engagement. D’où la nécessité de trouver un intérimaire de luxe pour lancer le chantier. Un type déjà rôdé à la gestion de personnalités débordantes, capable de faire le lien avec le passé, suffisamment classe pour faire rayonner la marque à l’internationale, et assez cynique pour partir en un éclair sans jamais se retourner. Une Ferrari en somme. Simple comme une suite de zéros sur un chèque, Doha s’en offre deux et débauche d’abord Leonardo, qui s’empresse ensuite de faire croquer son « grand ami » Carletto. Depuis, si l’histoire improvisée sonne plutôt bien, elle n’a semble-t-il pas suffi à faire changer le script, puisqu’aucun des deux n’a encore prolongé au-delà de… 2014.
L’Alsace annexe le Qatar
Et si, l’un dans l’autre, tout était relié, orchestré dans un immense jeu de chaises musicales ? Et si le seul truc que personne n’a vu venir dans cette histoire, c’est que José choisirait son siège avant que la musique ne s’arrête ? Et si Leo décidait finalement de s’unir à Roberto sur l’autel d’une parfaite compatibilité capillaire ? Et si l’Alsace annexait le Qatar plus tôt que prévu ? Et si Rafa Benitez ne ressemblait pas autant à François Hollande ? Et si Claude Makelele ? Et si avec des « si » on pouvait mettre Paris en bouteille ?
Par Paul Bemer