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Ancelotti de retour à Milan, une bonne idée ?

Par Eric Marinelli
5 minutes
Ancelotti de retour à Milan, une bonne idée ?

C'est le sujet du moment du côté de Milan. Silvio Berlusconi et Adriano Galliani font le forcing pour convaincre Carlo Ancelotti de revenir sur le banc du Milan AC. Pour l'instant, l'entraîneur italien reste indécis, mais son retour serait-il vraiment une bonne idée ?

Depuis un peu plus d’une semaine, le peuple rossonero prie. Non pas pour son équipe, qui connaît déjà le verdict malheureux d’une nouvelle saison ratée, mais pour le retour à la maison de l’un des siens. Silvio Berlusconi et son fidèle bras droit, Adriano Galliani sont, quant à eux, convaincus qu’il est le candidat idéal pour relancer le Milan AC. Vous l’aurez compris, il s’agit bien évidemment de Carlo Ancelotti. Tout juste évincé du Real Madrid, l’entraîneur italien est effectivement la cible ultra-prioritaire du Milan pour succéder à Filippo Inzaghi. Un SuperPippo qui, de son côté, n’attend plus que les ultimes instants du compte à rebours de son siège éjectable. Pour cause, Galliani s’est envolé, ce lundi, pour Madrid où il s’évertue à convaincre Ancelotti. L’administrateur délégué des Lombards s’est ainsi entretenu, pour la quatrième fois en trois jours, avec son ami de longue date, ce mercredi en fin d’après-midi à l’hôtel Wellington de la capitale espagnole. Mardi soir, Galliani a même été le convive du bon Carletto qui « a cuisiné une carbonara merveilleuse » selon les propres dires du Condor. Seulement, malgré le pressing intensif – indéniablement le meilleur de la saison pour les Rossoneri –, Ancelotti hésite toujours.

Une équipe à reconstruire et une opération vitale

Si l’entourage d’Ancelotti et son staff, notamment son fils Davide, seraient déjà convaincus par la proposition du Milan, ce n’est pas le cas du principal intéressé. Principalement pour deux raisons. D’une part, le natif de Reggiolo en Émilie-Romagne est repoussé par la faible qualité de l’effectif actuel du Milan. Difficile ainsi de l’imaginer accepter une quelconque offre sans de solides garanties, surtout au niveau du mercato estival. Selon la Repubblica et la Gazzetta dello Sport, Berlusconi serait toutefois prêt à débourser jusque 120 millions d’euros, cet été. De quoi convaincre son monde.

D’autre part, Ancelotti est sujet à des problèmes de santé, comme il l’a expliqué au quotidien il Giornale: « Je dois me faire opérer d’une sténose cervicale (un rétrécissement osseux au niveau des vertèbres cervicales qui a pour conséquence de comprimer les nerfs, ndlr). J’ai des fourmis dans les mains depuis un moment. Si j’attends encore, cela pourrait se transmettre aux jambes. J’ai déjà pris rendez-vous pour une intervention chirurgicale (au Canada, à Vancouver, la ville natale de sa femme, qu’il rejoindra dès vendredi, ndlr). Et honnêtement je ne connais pas le temps de récupération nécessaire. » Dans le meilleur des cas, d’un mois et demi à deux mois, en plus d’une semaine d’hospitalisation. Ce qui contraindrait déjà Ancelotti à manquer le début de la préparation estivale, généralement programmé début juillet. Pas le top, même si Mauro Tassotti, entraîneur adjoint du Milan depuis 2001 – et la nomination d’Ancelotti donc – serait largement capable d’assurer l’intérim en attendant le rétablissement de son ancien binôme.

Un défi risqué…

Adriano Galliani n’en démord d’ailleurs pas, comme il l’a confié à Sky Sport : « Carlo fait partie de notre histoire. Le président m’a donné la mission de le ramener à Milan. Je n’abandonne pas, je ferai tout pour qu’il accepte. J’irais même jusqu’à Vancouver pour le convaincre. » Pourtant, serait-ce vraiment une bonne solution pour les deux parties ? Remettre le couvert avec son ex n’est que rarement une franche réussite, mais le Milan n’a sans doute pas actuellement les attributs pour séduire une compagne plus jolie. Les autres ravissantes cibles comme Conte ou Montella semblant encore plus difficiles à charmer. En revanche, la donne est bien différente pour Ancelotti : « Je peux vous assurer que les opportunités sont nombreuses. En Italie, en Angleterre, en Allemagne… Et elles ne manqueront pas non plus jusqu’à l’an prochain » a ainsi joué aux tombeurs l’entraîneur italien, toujours dans les colonnes d’il Giornale.

Autant d’offres avec des conditions sans doute bien plus avantageuses que celles proposées par le Milan. Car même avec un bon mercato, la réussite d’Ancelotti avec le Diavolo n’aurait rien de garantie. Carlo en est d’ailleurs conscient : « Je sais qu’ils (Berlusconi et Galliani, ndlr) ont de grands projets et une volonté d’investir pour relancer l’équipe. Cependant, les obstacles ne manqueront pas et les clubs qui disposent des meilleurs joueurs ne les lâcheront pas si facilement. » Enfin, les échecs sur le banc lombard de légendes rossonere comme Seedorf et Inzaghi poussent à la prudence. De même que le retour raté d’Arrigo Sacchi lors de la saison 1996/1997. Beaucoup d’éléments contraires pour Ancelotti donc, mais comme le savent si bien les amoureux confus, le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

… mais taillé sur mesure

Si on en juge les mots d’Ancelotti dans son livre Il Mio Albero di Natale, son amour pour le Milan pourrait bien faire pencher la balance. « Je connaissais bien l’ambiance, et le rapport d’affection et d’estime qui me liait aux dirigeants, en particulier à Galliani, fut pour moi très important » , explique t-il ainsi au sujet de son arrivée sur le banc du Milan en 2001, après cinq années en tant que joueur de 1987 à 1992. Ancelotti, qui a raflé un Scudetto, une Coupe d’Italie et surtout deux Champions League en huit saisons de coaching à Milan, va même plus loin : « Je crois qu’un point fort de ce club, qui a obtenu tant de succès, est dû au fait qu’à sa tête il y a des personnes qui, en outre d’être extrêmement compétentes et professionnelles, aiment l’équipe de manière viscérale. »

Ancelotti a d’ailleurs toujours maintenu une sorte de promesse avec le club : s’il revenait un jour entraîner en Italie, ce serait seulement au Milan. Est-ce désormais le bon moment pour revenir ? Possible. Le défi est certes risqué, mais il est tout autant alléchant. Sortir son Milan de l’une des pires périodes de son histoire ferait effectivement passer Ancelotti dans une autre dimension. Pas tant pour l’entraîneur lui-même qui n’a plus rien à prouver, mais plutôt pour la légende rouge et noir. Ce serait également une savoureuse façon d’enlever de la bouche des tifosi du Diavolo ce goût d’inachevé qu’a laissé son départ en 2009. Aussi difficile que cela puisse paraître, Berlusconi semble aussi en être convaincu : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Ou la meilleure carbonara.

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