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- Ajax-Maccabbi Tel Aviv (5-0)
Amsterdam : quand le conflit israélo-palestinien déborde sur le terrain du football
Les violences de ce jeudi soir à Amsterdam ont remis au centre de l’attention la question du déplacement de supporters israéliens, dans le contexte géopolitique actuel. Tous les yeux sont désormais tournés vers le France-Israël de jeudi prochain, au Stade de France.
Qui a dit que le football ne pouvait pas être politique ? Au moment de regarder les scènes de chaos filmées ce jeudi soir dans les rues d’Amsterdam, la question revient avec une grande acuité. En marge de la rencontre de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel Aviv, les supporters visiteurs ont en effet été pris pour cible au son de « Libérez la Palestine ! ». Une dizaine d’entre eux auraient été blessés, tandis que les autorités néerlandaises ont fait savoir qu’elles avaient procédé à 62 arrestations. Ces violences interrogent sur la sécurité des fans israéliens, dans le contexte de la guerre menée par leur pays à Gaza et au Liban. Et ce d’autant plus que l’équipe nationale est attendue au Stade de France, ce jeudi, au milieu d’un dispositif ultra-sécuritaire.
La communauté juive visée
Cette triste nuit d’Amsterdam aura donné lieu à de nouvelles images choquantes en marge d’un match de football. Au total, 3 000 supporters israéliens avaient fait le déplacement pour encourager leur équipe, balayée par l’Ajax (5-0). Une défaite vite devenue secondaire pour eux, qui ont été pris pour cible par des locaux (sans que le lien direct avec des supporters de l’Ajax puisse être fait). Les fans du Maccabi ont dû être escortés jusqu’à leur hôtel par la police amstellodamoise, tandis qu’au moins cinq blessés ont fini hospitalisés. Des violences perpétrées dans le contexte de la guerre au Proche-Orient depuis le 7 octobre 2023, alors que plusieurs témoins ont dénoncé les chants du même parcage visiteurs avant la rencontre, parmi lesquels le slogan « Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes ». La veille déjà, des incidents avaient éclaté dans la ville « des deux côtés, selon le chef de la police locale, Peter Holla, cité par L’Équipe. Les partisans du Maccabi ont retiré un drapeau d’une façade du Rokin (une rue du centre-ville) et ont détruit un taxi. Un drapeau palestinien a été incendié sur le barrage. »
Ces incidents n’ont pas manqué de faire sortir du bois le monde politique. « J’ai profondément honte que cela puisse arriver aux Pays-Bas en 2024 », a pour sa part réagi le Premier ministre néerlandais Dick Schoof, dénonçant une « terrible attaque antisémite ». Mais les réactions les plus virulentes sont venues d’Israël, dont le gouvernement n’a pas tardé à instrumentaliser l’événement. Deux avions ont été dépêchés sur place pour évacuer les supporters ayant fait le déplacement jusqu’aux Pays-Bas et les ramener en Israël. « Les violences contre des citoyens israéliens à Amsterdam rappellent les heures les plus indignes de l’histoire », a pour sa part écrit Emmanuel Macron sur X, alors que la France pourrait bien se retrouver à son tour au cœur du cyclone.
La tension monte avant France-Israël
Un contexte particulièrement tendu, alors que se profile le match de tous les dangers entre l’équipe de France et Israël, jeudi au Stade de France. De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer le report ou même l’annulation du match, mais sans succès. Ce vendredi encore, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a réaffirmé qu’il aurait bien lieu, et ne serait pas délocalisé de l’enceinte dionysienne pour des raisons de sécurité. « Certains demandent la délocalisation du match France-Israël. Je ne l’accepte pas : la France ne recule pas, car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme », a-t-il écrit sur X avant d’annoncer des mesures exceptionnelles pour assurer la sécurité de l’événement.
Selon les informations de L’Équipe, à peine une centaine de supporters israéliens sont attendus au nord de Paris, accompagnés d’une très grosse escorte. 2 500 gendarmes mobiles et policiers seront mobilisés aux abords et dans le Stade de France pour un match qui n’aura aucune allure de fête. L’affluence pourrait même être historiquement basse pour une sortie des Bleus au SDF, avec entre 15 000 et 20 000 personnes attendues seulement, preuve que le contexte pèse lourd. Deux mois après avoir vu la Belgique choisir de « recevoir » l’État hébreu en Hongrie, l’Hexagone suit donc l’exemple de l’Italie, dont le choix s’était porté sur Udine. Avec l’obligation de montrer l’exemple.
Par Tom Binet