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Amin Younes, le petit frère
Ce mercredi soir, Manchester United devra faire attention à un tout petit mec d'1m68 en finale de Ligue Europa : Amin Younes. Dribbleur fou, l'Allemand semble enfin capable de tenir les promesses entrevues il y a quelques années à Mönchengladbach.
On joue la 49e minute. Mené 2-0, l’Olympique lyonnais a été dans le dur toute la première période face à la jeunesse ajacide. La faute, entre autres, aux dribbles endiablés d’Amin Younes sur son côté gauche qui ont fait danser le pauvre Christophe Jallet. Mais l’Allemand n’a pas fini de jouer avec ses proies. Au bout d’une contre-attaque, esseulé sur son aile, il repique rapidement dans l’axe pour ajuster Anthony Lopes. Même si le but est plutôt chanceux, puisque la frappe est déviée par Nkoulou et que Diakhaby est à deux doigts de la sortir sur sa ligne, il vient récompenser une partition qui donne le tournis. Et, surtout, il enfonce complètement l’OL dans ce match aller. Au retour, Younes se mue en passeur pour Kasper Dolberg et atteint alors les quatre pions et quatre passes décisives en Ligue Europa cette saison. Des statistiques plus qu’honnêtes pour cet ailier de poche, enfin prêt à prendre son envol.
Frère avant tout
D’origine libanaise, Amin est né à Düsseldorf dans une famille où le football est placé au centre de tout. Les trois frères Younes commencent leurs toutes jeunes carrières au SC Unterrath, un club de la banlieue de leur ville natale. Si le plus jeune de la fratrie, seize ans, y évolue toujours, les deux plus vieux tapent rapidement dans l’œil des recruteurs allemands. Amin et son aîné d’un an, Philip, sont au centre des attentions, à seulement sept et huit ans. Le 1er juillet 2000, le Borussia Mönchengladbach emporte le gros lot et repart avec les deux frères. Philip stagne pendant neuf ans dans les différentes catégories de jeunes avant de retourner à Düsseldorf et d’enchaîner les clubs de seconde zone allemande. Pendant ce temps-là, Amin, plus petit, plus chétif, mais aussi plus vif, plus offensif et plus impressionnant, exploite son plein potentiel et gravit les échelons. Il porte alors tous les espoirs de sa famille sur ses épaules et semble imperméable à la pression. Après des performances ultra-régulières avec l’équipe réserve et dans toutes les catégories de jeunes avec la sélection allemande, Amin Younes obtient enfin sa chance en équipe première.
C’est un certain Lucien Favre qui le lance pour la première fois dans le grand bain, le 6 décembre 2012 contre Fenerbahçe en Ligue Europa. Quelques minutes après son entrée en jeu, il sert parfaitement Luuk de Jong pour le but du 3-0. Quelques semaines plus tard, le 24 février, il obtient sa première titularisation en Bundesliga contre le Borussia Dortmund, champion d’Allemagne en titre. « Amin a maîtrisé ses émotions. Il est important pour un jeune joueur de montrer de quoi il est capable lors de ses débuts » , se réjouit Lucien Favre, tandis que le directeur sportif, Max Eberl, estime que « son insouciance lui a été utile, Amin n’avait rien à perdre et a fait de bonnes actions » . Si les dirigeants sont si contents de leur pépite, c’est que malgré l’importance capitale du match dans la course à l’Europe, Amin n’a pas tremblé et a même inscrit le but de l’égalisation (1-1). Le premier réflexe d’Amin : grimper dans les tribunes pour faire une dédicace à son grand frère. « C’était le deal qu’on a conclu, lui et moi, dès lors que je marque un but » , explique-t-il sobrement.
Retour au niveau
Seulement voilà, après un début de carrière parfaitement maîtrisé, Amin a du mal à confirmer. L’âge avance, et l’insouciance qui le caractérisait tant disparaît peu à peu. La deuxième saison à Gladbach est compliquée, et le prêt à Kaiserslautern en 2. Bundesliga encore plus. Son club formateur est vendeur. Comme souvent, l’Ajax Amsterdam flaire le bon coup et se jette sur l’occasion. Moins exposé, avec la confiance de son coach, il retrouve rapidement son niveau. Celui qu’on comparait à Mario Götze outre-Rhin n’en finit plus de dribbler et de marquer (un but tous les trois matchs en Eredivisie, meilleur dribbleur du championnat). Depuis cette saison, tout s’accélère pour lui, et Joachim Löw l’a même appelé pour la première fois en sélection au mois de mai. À 23 ans, Younes serait désormais sur les tablettes du club contre qui il avait fait tant de promesses : le Borussia Dortmund. Philip Younes risque d’avoir droit à encore pas mal de dédicaces.
Par Kevin Charnay