- International
- France
Amandine Henry, une légende qui laisse sur sa fin
Retraitée internationale à 35 ans, Amandine Henry restera malgré elle l’un des symboles du gâchis de l’équipe de France féminine ces dernières années. Malgré les déceptions, c’est tout de même l’une des meilleures Bleues de l’histoire à son poste qui tourne la page.
« C’est avec une immense émotion que je vous annonce aujourd’hui ma décision de mettre un terme à ma carrière en équipe de France. Après tant d’années de passion, de défis et de souvenirs inoubliables, il est temps pour moi de tourner la page ! » L’annonce est tombée ce dimanche sur ses réseaux sociaux : Amandine Henry ne portera plus le maillot de l’équipe de France. Quinze ans après ses débuts sous les ordres de Bruno Bini, celle qui incarnait alors un grand espoir du football féminin tricolore du haut de ses 19 piges a décidé quinze ans plus tard de mettre fin à un parcours sinueux avec l’équipe de France. « Bien que je me retire des compétitions internationales, ma passion pour le football reste intacte, assure celle qui poursuit sa carrière au Mexique, sous les couleurs du Deportivo Toluca. Je continuerai à soutenir notre équipe de France et à encourager la prochaine génération de talents pour que nous puissions enfin soulever nos premiers trophées. »
Post Instagram Voir sur instagram.com
Comme un symbole
Un premier sacre que la Nordiste avait tout pour offrir à la France, elle qui ne sera jamais vraiment parvenue à tenir son niveau avec la tunique frappée du coq. Sept fois championne d’Europe au fil de ses deux passages à Lyon, elle restera l’une des meilleures joueuses de la décennie à son poste. Sans jamais réellement parvenir à retranscrire cette domination en sélection, au-delà de quelques éclairs de génie. Déjà mise à l’écart par ce même Bruno Bini lors du Mondial 2011 et des Jeux olympiques 2012, les plus gros regrets concernent forcément les années suivantes. La Coupe du monde 2019 aurait dû être le tournoi de la consécration pour l’ensemble du football féminin hexagonal, et en particulier pour celle qui s’est imposée comme capitaine et maître à jouer de l’équipe. Il n’en fut rien. Malgré un but magnifique en ouverture contre la Corée du Sud d’une frappe dont elle seule a le secret et – surtout – celui de la qualification face au Brésil en huitièmes lors de la prolongation, l’élimination en quarts face aux Américaines aura laissé des traces.
Qui se souvient de ce magnifique but d'Amandine Henry en finale de Ligue des champions face au Barça ? 😍 🇫🇷
🎥 @DAZNFootball pic.twitter.com/TKnX9mF2Z9
— Total Ligue 1 🇫🇷 (@Liguetotal1) October 13, 2024
La Lyonnaise sera ensuite l’une des premières à monter au créneau face au management de Corine Diacre, lâchant un soir de novembre 2020 sur Canal+ : « Humainement, je voyais des filles pleurer dans leur chambre, moi, personnellement, il m’est arrivé de pleurer dans ma chambre, car j’avais envie de vivre cette Coupe du monde, mais ça a été un chaos total. » Une prise de position qui lui vaudra trois nouvelles saisons de mise à l’écart, au moment même où elle marche à nouveau sur l’eau dans le Rhône. Pour leur seule apparition dans le dernier carré d’une grande compétition, lors de l’Euro 2022, les Bleues auraient-elles pu faire mieux avec Henry dans le groupe ? La question restera sans réponse, Diacre ayant préféré embarquer Charlotte Bilbault, Sandie Toletti ou Ella Pallis dans ses bagages. Seule certitude : l’argument du manque de forme ne tenait alors plus au vu de sa fin de saison, à l’image de son but en finale de C1 face au Barça à quelques semaines du départ pour l’Angleterre. Devenue malgré elle l’un des symboles des échecs autour de la sélection ces dernières années, son retour après la nomination d’Hervé Renard restera un nouvel acte manqué, entre sa blessure avant le Mondial 2023 et des JO traversés sans grand impact cet été, en guise de chant du cygne.
Merci pour ces moments
Une histoire au goût forcément amer au vu du talent de la championne des États-Unis 2017. Et dont elle n’écrira donc pas un nouveau chapitre sous la houlette de Laurent Bonadei, dont les grands débuts aux manettes sont attendus pour la fin du mois. « Elle peut quitter l’équipe de France avec un sentiment de fierté légitime. Sa longévité témoigne d’un attachement considérable, a salué le désormais ex-adjoint d’Hervé Renard. Tout n’a pas toujours été simple mais elle n’a jamais rien lâché. » C’est aussi ça, la carrière d’Amandine Henry en équipe de France : celle d’une représentante de la génération dorée – autour de Wendie Renard et Eugénie Le Sommer notamment – qui a jusqu’à présent échoué dans sa quête d’un premier titre.
À tout juste 35 ans et forte de 109 sélections, Henry est donc la première à tirer sa révérence. Tout en recevant des hommages amplement mérités, malgré les regrets. « Amandine figure parmi les joueuses les plus emblématiques de sa génération. Je lui souhaite de vivre intensément le dernier chapitre de sa carrière dans le championnat mexicain. Là-bas comme partout ailleurs, Amandine sera l’une des plus grandes ambassadrices du football féminin français », s’est par exemple fendu le président de la FFF Philippe Diallo, promettant un hommage en marge d’un prochain match des Bleues. Si ce sentiment que cette équipe de France aurait pu (dû ?) aller plus haut ces dernières années persiste, c’est bel et bien une « légende », dixit la fédération, qui quitte le navire bleu. Et c’est également ainsi que la milieu de terrain mérite que l’on se souvienne de ses quinze années en équipe nationale.
Par Tom Binet