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Amalfitano pasaran
L'OM a signé Dimitri Payet. Il faut faire de la place et Amalfitano est prié d'aller voir ailleurs. C'est mal connaître l'ancien Lorientais. En même temps, qui le connaît vraiment ?
Il y en a pour qui le football, c’est avant tout des histoires plus ou moins similaires. Dix schémas pré-établis tout au plus. Pour ces gens-là, la cause de Morgan Amalfitano est vite entendue : c’est le mec qui jouait dans un petit club sympa de Ligue 1, qui est parti dans une grosse équipe, qui après quelques bons mois a été sélectionné en équipe de France, qui derrière a dû faire changer toutes les portes de chez lui car son boulard ne passait plus, qui n’a pas confirmé, alternant petites blessures et séjour sur le banc, pour finir au fin fond de la Premier League, au Qatar ou en Ukraine. Il suffit de faire un petit tour dans les gazettes des transferts pour se dire que l’on est en plein dedans : aux dernières nouvelles, le joueur se serait mis d’accord avec l’Olympiakos. L’OM et le champion grec discutent plus que de l’éventuelle indemnité de transfert, entre 2 et 3 millions d’euros.
Pas de réseau
La réalité est évidemment tout autre. Le nouveau directeur sportif de l’Olympiakos est bien connu à Marseille, puisqu’il s’agit de Pierre Issa. Ancien défenseur époque Courbis et agent de joueur, notamment de jeunes du centre de formation. De quoi avoir des connexions assez limpides avec l’étage de la direction à la Commanderie. À se demander qui a en premier démarché l’autre. Ça commence à faire beaucoup pour Amalfitano, à qui l’on a déjà fait comprendre fin janvier que QPR et Fulham étaient des défis supers pour lui. Il laisse faire. Peut-être pas la meilleure des stratégies, mais en même temps, il n’a pas trop le choix : l’ancien Lorientais n’est pas vraiment du genre à copiner avec ceux qui sont influents dans le vestiaire pour qu’on plaide sa cause. Au contraire, quand l’OM finissait la saison en roue libre en 2012, il n’avait pas hésité à fustiger ceux qui se préservaient pour l’Euro. Il aurait également pu se rabibocher avec Pierre Ménès, qui s’était incrusté au repas des joueurs en fin de saison. Mais il ne mange pas de ce pain. Il a sa fierté. Il n’en fait pas non plus des caisses avec les supporters ou sur Twitter. Aujourd’hui, Amalfitano est fidèle à ses principes et à sa ligne de conduite. Mais il est esseulé.
Deuxième lui aussi
À Marseille, tout le monde ne parle plus désormais que de Payet. Et de son futur alter-ego, qui pourrait être Alessandrini, Capel, Mollo ou une autre friandise. L’équipe de l’an dernier a certes fini deuxième, mais la tendance générale chez les supporters, c’est de se dire qu’on s’est emmerdé au stade. Alors il faut du changement. Les deux sacrifiés ? Les milieux offensifs sur les ailes. André Ayew devrait ainsi être replacé au milieu aux côtés de Romao. Pourquoi, alors, ne pas faire de même avec Amalfitano ? C’est qu’il a un salaire presque aussi important que celui de Payet qui court encore jusqu’en 2015. Sauf qu’Amalfitano peut revendiquer une part non négligeable dans la seconde place de l’OM, un classement que Payet par exemple n’a jamais connu. Titulaire indéboulonnable lors la première partie de saison, il loupe ensuite trois mois de compétition pour revenir dans le sprint final, que les Phocéens ponctuent par des succès à domicile contre Bastia et Toulouse. Des victoires qui sont loin d’être des purges. Dans ces parties, le numéro 18 joue simple, rafraîchissant le jeu d’une équipe qui doit faire avec la volonté des autres éléments offensifs de porter la balle. Le type d’arguments qui ne tient pas chez ceux qui aiment aller vite et qui regardent les stats : en Ligue 1 cette saison, Amalfitano a mis moins de buts et moins de passes décisives que Rod Fanni, l’arrière droit de l’équipe. Il peut donc décider de s’accrocher. Mais il sera seul contre tous.
Par Romain Canuti, à Marseille