- Ligue 1
- 34e journée
- Lorient/Olympique de Marseille
Amalfitano, le nouveau meneur
Au moment de pénétrer sur la pelouse du Moustoir, Morgan Amalfitano aura autre chose à faire que repenser à ses trois saisons bretonnes. Il doit voir si une partie de sa nouvelle équipe le suit dans sa croisade pour l’honneur.
En quelques semaines, Morgan Amalfitano est devenu l’un des joueurs les plus détestés de France. L’opinion publique, donc Pierre Ménès, les deux n’étant jamais bien loin, le trouve arrogant depuis qu’il arbore le statut international. Une crise de melonïte aigue qui l’aurait visiblement poussé à se prendre pour un autre et à flinguer son vestiaire en début de semaine dans la presse alors que ça fait deux mois qu’il ne met plus un pied devant l’autre. Cerise sur le gâteau, il est revenu timidement devant les projecteurs pour se désavouer, presque avec les marques sur les doigts de la règle en fer avec laquelle la maîtresse de la communication de l’OM lui a tapé dessus. Autant le dire de suite, on est très, vraiment très, loin de la réalité.
Morgan parle peu, et quand c’est le cas, c’est limite du chuchotement. Pourtant, pour ceux qui ont pris la peine de tendre l’oreille depuis ses débuts, il a toujours tenu le même discours. L’homme est un amoureux du football, le sport, pas le métier, et de son aspect collectif. C’est parce qu’il est d’ailleurs porté sur ses principes qu’il est un jour allé s’embrouiller avec Gameiro lors d’un Lorient-Boulogne en 2009. Après sa passe décisive, il est allé rappeler à l’attaquant qu’il devait faire ses efforts défensifs. Il a essuyé un « fils de pute » et est depuis brouillé avec son ex-gâchette. Mais ça ne l’a pas empêché de lui donner des cartouches à la pelle. C’est ce raisonnement que l’on retrouve dans l’interview qui a mis le feu aux poudres dans La Provence, ni plus, ni moins : « Certains calculent alors que c’est tout ce qu’il ne faut pas faire. Il n’y a qu’un noyau de joueurs qui ne trichent pas, il faut s’appuyer dessus. Les autres, on va pas les changer » . Ca peut être mal perçu, le coup du mec qui balance alors qu’il n’est au club que depuis quelques mois. D’ailleurs, certains « anciens » de l’effectif sont allés lui demander des explications. Mais à Marseille, la prise de responsabilités, ça plaît. Encore faut-il assumer par la suite. Il en convient sans mal : « C’est sur le terrain qu’il faut se lâcher » .
Il va en avoir l’occasion ce soir à Lorient après deux matchs de suspension. Sa performance y sera d’ailleurs d’autant plus épiée, ce qui ne lui réussit pas trop. Quand on lui demande pourquoi il n’est plus aussi fringuant depuis quelques semaines, il rétorque que c’est les médias qui sont devenus plus exigeants avec lui. C’est facile, mais pas forcément faux. Même dans sa période d’euphorie, Amalfitano restait un joueur de collectif. Milieu droit, il s’est toujours appliqué à centrer ou à donner la balle au joueur le plus proche de lui. Le genre d’attitudes qui devient involontairement invisible lorsqu’un collectif ne tourne plus. Et le fait d’avoir passé une nuit à Clairefontaine n’arrange rien : certains s’attendent désormais à le voir perforer par le côté la surface adverse. Il ne l’a jamais fait. « Je suis un joueur d’axe » se défend-t-il. C’est là où il avait insisté pour jouer à la fin de sa période lorientaise. Il était d’ailleurs parti du club vexé d’être résumé à ce caprice. A l’heure de le retrouver, Gourcuff a déclaré : « Je pense qu’il a réalisé de meilleurs matches avec nous. Mais un bon match avec Marseille a forcément plus d’impact qu’un bon match avec Lorient » . Et un bon match dans un tel bordel, ça a de quoi propulser le Niçois de naissance comme un homme de base du futur Olympique de Marseille. De quoi même s’imposer dans l’axe. Et ce, même si le prochain entraîneur du club venait à se nommer … Christian Gourcuff.
Par Mario Durante