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Alphonse n’est pas revenu ici pour souffrir, ok ?
Après la victoire de Paris à Metz, Alphonse Areola a essuyé une salve de critiques et dû encaisser la relance du débat concernant le poste de gardien au PSG. Une situation finalement assez injuste, pour un gardien loin de démériter malgré un soutien très timide de son club.
Début de seconde période à Saint-Symphorien. A priori supérieur, le PSG n’a pas encore pris la mesure du FC Metz. Sur une longue ouverture de Benoît Assou-Ekotto, Marquinhos remet en retrait pour son gardien. Sous la pression d’Emmanuel Rivière arrivant à pleine bourre, Alphonse Areola manque sa passe de la tête et offre une opportunité à l’ancien de Newcastle. Heureusement pour Paris, l’attaquant manque le cadre et, quelques minutes plus tard, Assou-Ekotto prend un rouge pour un tacle sur Kylian Mbappé. Les hommes d’Unai Emery peuvent dérouler. 5-1, facile, l’après-match peut se focaliser en majeure partie sur la bévue du portier. À en croire tous les observateurs, y compris à l’étranger, il y a bien « Areola’s mistake » . Suffisant pour relancer le débat sur la hiérarchie des gardiens à Paris. Dans l’affaire, Marquinhos s’en sort bien avec sa passe en retrait merdique dans l’axe du but et avec rebond. Tout le contraire de ce que l’on enseigne dans les écoles de foot. Le Brésilien n’a pas fait un cadeau à son partenaire qui, s’il s’est manqué, ne l’a pas fait tout seul et dans une situation anodine.
Souviens-toi l’hiver dernier
Sauf qu’à Paris, cette année, il semblerait qu’Alphonse Areola ait la tête du coupable idéal. Seul. Il faut dire qu’avec les recrutements de Neymar à 222 millions et Mbappé à environ 180, les fans parisiens ont pris de mauvaises habitudes. Le PSG n’aurait pas de gardien et il n’y aurait qu’à claquer 100 millions d’euros pour Jan Oblak. Comme si le fair-play financier n’existait plus et que le portier de l’Atlético de Madrid ne s’était jamais troué. Idem pour Gianluigi Buffon ou Manuel Neuer, soit dit en passant… Dans le cas d’Areola, la passe en retrait difficile de Marquinhos a été mal négociée, c’est un fait, mais la volée de critiques qui a suivi le match apparaît aujourd’hui largement démesurée. La plupart des arguments balancées à la figure du troisième portier de l’équipe de France se résumant essentiellement à son terrible passage à vide de la saison passée qui lui avait valu un séjour prolongé sur le banc.
Ball-Trapp
Or, depuis le début de la saison, Alphonse Areola a plus souvent tenu son rôle avec brio que pris des pions casquettes. Trophée des champions, match contre Saint-Étienne, ou encore le déplacement au Celtic Park sont autant de prestations convaincantes pour un gardien peu sollicité, certes, mais qui a su sortir les parades exigées. Un problème malgré tout pour Alphonse, dont les bonnes actions ont toujours été suivies, ou presque, de victoires fleuves, comme celle face au Celtic. Ses quelques arrêts réflexes ont compté dans la victoire sereine, mais pèse moins dans le débat que la bonne forme du trio Neymar-Cavani-Mbappé ou le volume de jeu d’Adrien Rabiot. Dans ce contexte d’Areola bashing facile, force est de constater que le soutien du club est très léger, si ce n’est maladroit : Kevin Trapp se permet de dire au Frankfurter Rundchau qu’il finira par récupérer sa place « comme la saison dernière » – en clair, Alphonse peut se faire dessus d’un moment à l’autre -, Thomas Meunier évoque Thibaut Courtois comme recrue idéale au poste, ou encore Unai Emery qui se refuse à établir une hiérarchie aussi claire que saine. De nombreuses gouttes, donc, et un vase qui peut facilement déborder.
Neuf mois pour convaincre ?
La direction parisienne pense peut-être qu’aucun de ses deux voltigeurs ne mérite un CDI, et que l’avenir passe par le recrutement d’un meilleur élément. La limite du raisonnement, c’est que finalement, malgré les critiques de supporters ou d’observateurs un peu trop gâtés par les transferts clinquants, il n’y a pas cinquante solutions clairement plus performantes qu’Alphonse Areola ou Kevin Trapp sur le marché des gardiens. Si Paris veut s’améliorer à ce poste, il doit viser un joueur de classe mondiale. Ou le fabriquer. Preuve qu’il y a déjà de quoi faire avec ses hommes actuels, à condition de leur témoigner un peu plus d’égards et de confiance.
Sollicité pour prolonger un bail qui s’achève en 2019, Areola hésiterait d’ailleurs à apposer sa signature, peu désireux de s’inscrire dans la durée comme doublure. Un départ du Titi parisien, pur produit de la formation locale parti s’exiler à Lens, Bastia et Villarreal pour grandir, serait une contradiction majeure avec le projet annoncé d’optimisation du vivier francilien. Et si Paris donnait un peu de temps à Areola pour grandir ? Dans l’état actuel, cela signifierait être constant en championnat, décisif dans les rencontres majeures en Ligue des champions, et décrocher quelques sélections en Bleu. Et si, d’aventure, Alphonse boucle cette saison en ne s’affalant sur le banc que lors des matchs de coupes nationales, il ne le devra à personne. Et en sortira grandi. Enfin.
Par Nicolas Jucha