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Alphonse, Kevin : deux garçons, une possibilité
Alors que la hiérarchie des gardiens semblait être figée depuis début septembre, les récentes prestations moyennes d’Alphonse Areola ont relancé le débat sur la guerre des goals au PSG : Areola ou Trapp, alors ?
« Je connais Areola avec qui j’ai déjà joué à Bastia. Je savais qu’il était souvent en difficulté sur les frappes de loin à ras de terre. » La confession est signée Ryad Boudebouz, interrogé par Le Buteur. Boudebouz, c’est l’homme qui s’est offert le portier parisien à la Mosson. Samedi, le portier numéro 3 des Bleus a pris trois buts sur les trois seuls tirs cadrés adverses, et sa responsabilité peut être engagée sur au moins deux. À Arsenal, déjà, le titi parisien avait pris deux pions sans faire un seul arrêt. Les fameux « buts sur lesquels il ne peut rien faire » qui étaient la marque déposée de Salvatore Sirigu et qui avait valu au Sarde une exfiltration forcée. À Lyon, aussi, Areola n’avait pas rassuré son monde, mêlant approximations et sorties aux fraises. En fait, depuis sa blessure contractée en octobre (cheville), le gardien a du mal à retrouver le bon tempo alors qu’il semblait avoir pris l’ascendant sur Kevin Trapp, l’ancien titulaire du poste. Et revoilà logiquement l’Allemand dans le sillage du Français. Si le débat ressort sur la place publique, ce n’est pas un hasard. Car après tout, Kevin Trapp, instauré numéro 1 l’an dernier, capable de bourdes incroyables (Bordeaux, Real Madrid), mais également de match de Ligue des champions XXL (Chelsea), a des arguments à faire valoir. Il suffit de regarder son récent intérim contre Nantes et Rennes pour s’en apercevoir. Pourtant, à la fin de l’été, l’ancien de Francfort a officiellement laissé sa place après la déconvenue monégasque, fin août. Depuis, Areola est monté en grade et s’est affirmé comme le numéro 1 au poste, même si, dans une logique de concurrence, Emery n’a jamais fermé la porte à l’Allemand. En théorie, le meilleur joue. Or, actuellement, Alphonse est-il meilleur que Kevin ? Pas évident.
Le costume est-il trop grand ?
Sortir le gardien à la dégaine de Billy Crawford du onze pourrait être vu comme une sanction. C’est en tout cas l’avis de Jérôme Alonzo, ancien de la maison, dans les colonnes du Parisien : « Ce serait totalement injuste de lui faire un procès. L’an dernier, Trapp a aussi connu des matchs sans, et Blanc lui a renouvelé sa confiance. C’est le moment pour Emery de le soutenir publiquement. Je me doutais qu’Areola connaîtrait un creux, c’est logique. Il a toujours été encensé. C’est maintenant qu’on va voir son vrai visage. S’il garde le cap, c’est qu’il est très fort mentalement. » Sur le papier, Areola a tout pour séduire : formé au club, jeune, de l’envergure, un plan carrière intelligent (Lens, Bastia, Villarreal), des qualités naturelles et une gueule. Mais le portier de vingt-trois ans est face aux premières critiques de sa jeune carrière. Aujourd’hui, l’intérêt se situe dans sa manière d’évoluer sereinement, alors que la moindre de ses bourdes est disséquée à la loupe. En gros, il doit avoir les épaules solides. D’aucuns avancent que les gardiens parisiens ne progressent plus une fois arrivés dans la capitale. En filigrane, on pointe du doigt le travail quotidien de Nicolas Dehon, entraîneur des gardiens et proche de Steve Mandanda depuis leur aventure havraise. Le lien de cause à effet n’est pas évident, mais la rumeur voyage. Ou alors, le mal est plus simple à identifier que ça. En choisissant de ne pas choisir entre deux gardiens, le PSG a fragilisé les deux. C’était déjà le cas, l’an dernier, quand Trapp a débarqué dans un nid de serpents. Portier, c’est particulier, puisque vous êtes censé vous améliorer quotidiennement au contact de celui qui veut votre place. Après Trapp-Sirigu, Trapp-Areola. Les deux hommes cohabitent, mais espèrent griller l’autre. Ailleurs en Europe, la hiérarchie est parfaitement définie. Un très gros numéro 1, puis, dans le rétroviseur, une doublure identifiée. À Paris, on laisse encore planer le doute. Et c’est ainsi qu’à l’approche de la dernière journée de Ligue des champions, on se demande encore qui est vraiment le numéro 1 dans les buts du PSG. Ironie du sort, le gardien parisien avec le moins de casseroles au cul reste pourtant celui qui a été prié de dégager manu militari. Un type au regard azur. Un certain Salvatore Sirigu. Décidément, être gardien de but sous pavillon qatari est un sacerdoce.
Par Mathieu Faure