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Alphonse Areola, tant qu’il en est encore temps
Fragilisé par des performances en dents de scie depuis son retour au PSG en 2016, Alphonse Areola sera pourtant le gardien titulaire ce dimanche soir face à Toulouse au Parc des Princes. Une nouvelle titularisation pour le portier champion du monde, qui n'est pourtant pas assuré d'être le numéro un à la fin de l'été.
La scène n’a échappé à personne. À Rennes, il y a sept jours, au moment où Romain Del Castillo s’élève entre Thomas Meunier et Thiago Silva, chacun sait qu’il est déjà trop tard. Les Bretons reprennent l’avantage, le capitaine parisien se retourne et passe une soufflante à son gardien pour ne pas avoir anticipé la feuille morte déposée par Camavinga. En conférence de presse d’après-match, Tuchel non plus n’a pas oublié d’en placer une pour le portier qu’il avait pourtant conforté comme numéro 1 à peine quelques semaines auparavant : « Pour Alphonse, c’est un match normal, mais un peu malchanceux. Alphonse titulaire à la fin du mercato ? Non, je ne peux pas le confirmer tant que le mercato est ouvert. Chaque joueur doit montrer sa qualité, Alphonse aussi. » Cela ne date pourtant pas d’hier que les performances de l’international français font débat entre ses défenseurs et ceux qui pensent que le « Titi » n’a pas les épaules assez larges pour rentrer dans le costume de dernier rempart de ce PSG-là. Et à un peu plus d’une semaine de la clôture du mercato, qu’Alphonse Areola sorte ou non deux grosses performances face à Toulouse ce dimanche et le week-end prochain à Metz, il apparaît clair que dans l’esprit de la direction sportive parisienne, partir avec Areola comme numéro un n’est pas un gage de sûreté.
Un costume trop large ?
Il faut dire que depuis son retour en 2016 à Paris, après s’être endurci à Bastia et à Villarreal, Areola n’a jamais vraiment répondu aux attentes. Avant la rencontre face à Nîmes, Thomas Tuchel avait d’ailleurs insisté sur le fait que son portier devait encore progresser pour espérer garder le poste : « C’est à Alphonse de montrer qu’il est capable de s’améliorer, de surmonter cette étape et de prendre cette responsabilité. C’est absolument nécessaire et très important pour nous. » Souvent, d’ailleurs, il est expliqué qu’Areola n’a jamais eu réellement sa chance, qu’il a toujours été en ballottage ou victime du fameux système d’alternance voulu par Unai Emery. Reste que lors de la saison 2017-2018, la deuxième de l’ère du coach basque dans la capitale, Areola a disputé 34 des 38 journées de Ligue 1, ainsi que la totalité des rencontres de Ligue des champions qui avait vu Paris tomber face au Real Madrid.
Un match aller à Madrid où, sans faire d’énorme boulette, Areola n’a pas non plus été impérial sur les deuxième et troisième buts madrilènes. Ce sont ces petites erreurs et ces matchs à enjeu où le natif de Paris n’a pas été décisif qui le placent aujourd’hui dans une situation délicate. Pour Didier Domi, ancien défenseur des Rouge et Bleu, ça ne fait en tout cas aucun doute : « Il a fait des erreurs d’appréciation et d’autres notamment dans certaines situations de jeu importante où ça fait un peu « trop gros » pour qu’il n’y ait pas de questionnements à son sujet. Ça ne m’étonne donc pas que Paris puisse chercher un gardien. Du point de vue du PSG, ces erreurs-là pèsent forcément dans la balance. Et je comprends la position du club, même si je serais pour, de mon côté, lui laisser un an complet de plus, car un déclic peut toujours arriver et Alphonse est un gardien qui a besoin de stabilité. » Pas sûr effectivement que l’actuelle direction sportive parisienne soit aussi patiente que son ancien latéral gauche.
Navas, Donnarumma ou… Areola ?
Et pour cause : Leonardo n’a pas attendu longtemps avant de lancer plusieurs pistes qui ont animé l’été sans pour le moment aboutir. Comme L’Équipe l’expliquait encore le 7 août dernier, le portier du Milan Gianluigi Donnarumma plaît énormément au directeur sportif brésilien. Il y a aussi bien entendu la rumeur qui mène à Keylor Navas, annoncé très proche du PSG par le quotidien madrilène Marca, démentie par Zinédine Zidane en conférence de presse.
Deux pistes bien différentes, qui ne sont pas à mettre sur le même plan, selon Domi. « Quand tu vois Navas, sa grande qualité, c’est qu’il est présent dans les moments critiques. Plus la pression est grande, plus il est présent. Il a l’expérience de ce genre de rencontres, et de ces moments à bien négocier. Dans les moments importants du Real, il a toujours été là et c’est aussi là que tu vois le réel niveau d’un gardien. Pour Donnarumma en revanche, il me semble encore trop jeune, mais surtout, il n’a jamais disputé la Ligue des champions. Paris n’aurait donc pas la valeur ajoutée qu’il cherche aujourd’hui en Europe. » En attendant, depuis le départ définitif de Kevin Trapp à Francfort, Areola est bel est bien toujours le numéro un à Paris, huit jours avant la fin du mercato estival. À lui de montrer qu’il mérite cette place, s’il n’est pas déjà trop tard.
Par Andrea Chazy
Propos de Didier Domi recueillis par AC.