ACTU MERCATO
Alphonse Areola, Londres et basta !
Les années passent, et Alphonse Areola n'a jamais paru aussi loin du Paris Saint-Germain. Prêté pour la sixième fois en moins de dix ans après une saison à Fulham, le nouveau gardien de West Ham reste donc à Londres et semble désormais avoir oublié l'idée de briller avec son club formateur. Qui, de toute façon, ne lui a jamais vraiment fait confiance et s'appuie sur d'autres noms pour protéger ses buts.
Qu’elle est loin, l’époque où Alphonse Areola jouissait d’un statut de titulaire au Paris Saint-Germain en 2016 et déclarait sa flamme au Parc des Princes… Qu’elle paraît désormais irréelle, cette interview donnée à l’AFP en 2018 dans laquelle le gardien se demandait « pourquoi partir » puisqu’il était « à la maison » . Même son apparition sur le plateau du Canal Football Club, en novembre 2020, semble aujourd’hui d’un autre temps. « M’imposer à Paris ? Je suis parti, je reviens, je repars… Pour moi, c’est pour pouvoir mieux m’exprimer, espérait-il. Tant que je suis sous contrat, ce n’est pas fini. Je suis là. » Des propos pas vraiment convaincants. Car en cette fin de mois de juillet 2021, le portier a encore été cédé. Un sixième prêt, qui l’éloigne encore davantage de son club formateur avec qui il a signé son premier contrat professionnel il y a bientôt dix ans.
Alphonse Areola est prêté un an à @WestHam, avec option d’achat.Le Paris Saint-Germain souhaite beaucoup de réussite à Alphonse dans les défis qui l’attendent au sein du club londonien.
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) July 29, 2021
Cette fois, c’est à West Ham que le Français a été cédé pour un an et où il aura pour concurrence Łukasz Fabiański. Après Lens, Bastia, Villarreal, le Real Madrid et enfin Fulham, le dernier rempart reste donc à Londres qu’il apprécie. À ce rythme, l’international pourrait d’ailleurs suivre le même chemin que certains de ses compatriotes exilés et qui n’ont pas trouvé chaussure à leur pied (ou gant à leur main) au sein de l’Hexagone : un élément réputé pour ses qualités et son goût du football l’étranger, mais pas vraiment considéré à sa juste valeur dans son propre pays. Une option d’achat dont le montant n’a pas été communiqué ayant été incluse dans la transaction, il se peut en effet que le Monsieur ne reporte jamais le maillot de l’équipe qui l’a fait naître (et qui, au passage, est bien content de se débarrasser d’un salaire atteignant 700 000 euros par mois). Mais alors, si les moyens financiers des membres de la Premier League expliquent en partie pourquoi le garçon ne trouve pas preneur dans sa nation, pourquoi le PSG n’a-t-il jamais voulu faire confiance à son enfant en lui mettant toujours de sérieux bâtons dans les pattes (Gianluigi Donnarumma, arrivé libre de Milan, n’est que le dernier de la liste) ?
Bon, pas excellent
D’abord, Paris n’a pas le temps et le prend de toute façon rarement quand il s’agit de faire grandir les jeunes pousses de sa maison. Constamment présenté comme pas assez mature ou costaud en interne pour faire l’affaire dans les cages, Areola n’a en plus pas énormément impressionné lorsqu’on lui a offert un semblant de chance. Si l’on se fie aux statistiques, le pourcentage d’arrêts du gardien (pas aidé par le peu de confiance qu’on lui a accordée) avec le PSG varie entre 62,9 % (2016-2017) et 79,4 % (2018-2019, son record sur une saison) parmi les exercices où il a disputé au moins quatorze rencontres. En 2017-2018, seule saison de vrai numéro un, ce pourcentage stagne à 77,4 %. Pas mal, mais pas assez pour faire le poids face au monument Keylor Navas et ses 80,9 % de frappes cadrées stoppées en 2020-2021. Et comme le Costaricien s’avère en plus être un meneur de vestiaires hors-pair à l’expérience aussi riche que son palmarès, le choix des dirigeants de s’appuyer sur un monstre des bois plutôt que sur un Titi dans leur quête Ligue des champions peut s’entendre.
Surtout que s’il a fait du bon taf en Angleterre l’année dernière, le portier ne s’est pas non plus montré exceptionnel. Affichant un joli 73,1 % de tirs bloqués (septième meilleur total du championnat), le Tricolore n’a d’ailleurs pas pu empêcher la descente des Cottagersà l’échelon inférieure. Pas spécialement inspiré sur penalty (aucun arrêt sur six) et pas incroyable dans le jeu au pied (48,7 % de ses longs ballons ont trouvé preneur, quand un spécialiste de la question comme Ederson frôle les 60 %) ou aérien, le Londonien semble finalement à sa place chez le sixième de PL. Reste à savoir s’il est malheureux de ne pas avoir connu d’histoire d’amour avec Paris, alors qu’il parait s’épanouir en traversant les frontières. Et si son bonheur, c’était en fait de ne pas se poser cette question ?
Par Florian Manceau