ACTU MERCATO
Alors, on en retient quoi, de ce mercato ?
Le feuilleton de l’été (qui s’est bien terminé)
On serait évidemment tenté de dire que le feuilleton de l’été, voire de l’année, c’est Gareth Bale au Real Madrid. Le feuilleton a duré pendant les deux mois de mercato, pour finalement se conclure lors de l’avant-dernier jour. Mais c’est un feuilleton trop plat, quasiment sans rebondissement. On a toujours su que Bale allait signer. Il fallait juste savoir quand et pour combien. Non, on préfère mettre en lumière le formidable feuilleton Arsenal, qui a connu un étonnant dénouement hier. Pendant tout l’été, Arsenal a annoncé les meilleurs joueurs imaginables. Luis Suárez, Higuaín, Bernard, Fellaini, Rooney, Jovetić… Râteau, râteau, râteau. Personne n’a signé, tout cela pendant que Gervinho, André Santos, Chamakh et Mannone dégraissent petit à petit l’effectif. Et la saison commence mal, avec une défaite à domicile contre Aston Villa. Les critiques pleuvent, les fans demandent des renforts, Arsène Wenger encaisse. Au fond de lui, il sait déjà comment le feuilleton va se terminer, mais garde la botte secrète sous son coude. Arsenal se qualifie d’abord pour la Ligue des champions, puis remporte le derby du nord de Londres contre Tottenham. Le moral remonte, mais toujours pas de recrue, hormis le retour de Flamini. Le feuilleton touche à sa fin, et on attend le dernier rebondissement. Le nom d’Özil commence à tourner. Ce sera un « Season Final » en apothéose. De fait : dans l’après-midi, les Gunners officialisent un gardien de but, Emiliano Viviano, puis, dans la soirée, Mesut Özil. Arsenal met ainsi une belle quenelle à tout le monde et se paye, en même temps que l’Allemand, de toutes nouvelles ambitions. Happy end ?
Ils sont beaux, ils sont jeunes, mais merde, qu’est-ce qu’ils sont chers !
S’il a parfois fallu se battre pour arracher Henri Saivet, Maxim Tsigalko, Franco Zuculini ou Anatoli Todorov à Football Manager, la plupart du temps, qui dit jeune pousse dit bon coup. La donne est assez claire, plus on repère un jeune tôt, plus on a de chances de le recruter à un prix acceptable. Trop précoces, les jeunes d’aujourd’hui ont défrayé la chronique tout au long de l’été : de nombreux transferts, des bras de fer et surtout des prix totalement fous, le tout pour des enfants nés en 90 et plus tard. En tête de cortège, James Rodríguez (22 ans), néo-Monégasque, pèse 45 millions d’euros sur la balance. Suivent la folie Asier Illarramendi (23 ans) arrivé à Madrid de la Real Sociedad pour 38,5 millions d’euros, Mario Götze (21 ans), 37 millions du Borussia au Bayern et Marquinhos (19 ans), passé de la Roma au PSG pour 35 millions plus une maladie étrange. Si certains de ces joueurs, comme Mamadou Sakho, acheté 23 millions d’euros par Liverpool, ou Götze sont des joueurs confirmés, certains, comme Kondogbia, (20 millions de Séville à Monaco), Lamela (30 millions de Rome à Tottenham) ou Thauvin, (15 millions de Lille à Marseille), doivent encore confirmer. Idem pour Lucas Digne, acheté pour la bagatelle de 15 millions d’euros et cantonné au banc parisien ou Giannelli Imbula (7,5 millions), bon avec l’OM depuis le début de la saison. De toute façon, ce n’est pas nouveau, les enfants, ça coûte cher.
Des prix totalement fous
Contrairement à ce que dit cette grand-mère un peu aigrie, tout n’est pas de la faute des jeunes. Leurs aînés se sont également vendus à prix d’or cet été. Statistiquement, c’est assez simple : quatre des dix plus gros transferts de l’histoire ont été actés en 2013. Recruté pour 91 millions d’euros, Gareth Bale est tranquillement venu talonner Cristiano Ronaldo, joueur le plus cher de l’histoire, tandis que Cavani (64 millions), Falcao (60 millions) et Neymar (57 millions) sont venus garnir un peu plus l’onéreux top 10. Des sommes astronomiques auxquelles on peut aisément ajouter les transferts évoqués précédemment d’Illarramendi, de Götze ou ceux de Higuaín (37 millions) ou encore Mesut Özil (50 millions). Le problème posé par ces sommes folles est que la notion de valeur du joueur est totalement bouleversée. Certains clubs riches ont émergé, faisant ainsi grimper les prix, tandis que des vieux loups, toujours dans le coup, refusaient de se dégonfler. De fait, on se retrouve à se dire qu’Özil à 50 millions d’euros est un super coup ou qu’Isco, recruté pour 30 millions d’euros, était un cadeau de Málaga à Madrid. Des cadeaux, il n’y a pas eu que ça. Les joueurs dont on parle ici sont, quoiqu’un peu cher, des joueurs d’une qualité certaine. Le souci posé par la hausse des prix ne touche pas seulement les bons éléments. Lovren à Southampton, Kozak à Aston Villa, McCarthy à Everton ont tous été surpayés. Dans une autre mesure, Thauvin ou Sakho ont coûté beaucoup trop. En somme, les standards de prix sont improbables. C’est comme si acheter un grec à 20€ était devenu normal. Heureusement que la Juventus avec Tévez ou Llorente et l’Atlético avec Villa ont prouvé qu’il était encore possible d’être malin dans ce monde de fou…
Ces joueurs qui ont quitté la Ligue 1
Cet été, le joueur de Ligue 1 s’est moins exporté que d’habitude. La cause ? Des locomotives PSG et Monaco qui changent doucement la face d’un championnat autrefois roi de l’exportation en tirant (un peu) les autres avec eux. C’est surtout en Angleterre et en Ukraine que les joueurs ont trouvé une maison dorée, un refuge, ou les deux à la fois. Capoue entend continuer sa progression sous les ordres de Villas-Boas à Tottenham (quand il reviendra de blessure), comme Sakho à Liverpool. À l’inverse de Lugano et Amalfitano qui, à défaut de progresser, découvriront les joies du ventre mou anglais, ses tacles et ses buts fous à West Bromwich Albion. Parce que ce sont avant tout des hommes d’aventure, et des hommes de défi, Marange et Théophile-Catherine ont préféré aller goûter aux frissons de la lutte pour le maintien à Crystal Palace et Cardiff, plutôt que de s’emmerder au milieu de tableau à Bordeaux et Rennes. On peut le comprendre. Pendant ce temps, Belhanda et Trémoulinas ont décidé d’aller gagner des sous et jouer la Ligue Europa dans le froid à Kiev. À part ça, le mercato a eu droit à son lot de petites surprises. Aubameyang a déjà été adopté par la Südtribune de Dortmund avec un triplé lors de son premier match contre Augsburg, Modeste fait croire à Hoffenheim qu’il est un excellent joueur de foot et Josuha Guilavogui voit son bel été de néo-international s’achever à l’Atlético, bah voyons. Ah, Umut Bulut est définitivement rentré en Turquie après son bide toulousain, Plašil a, lui, été prêté à Catane et le banni Chris Mavinga est allé se faire oublier avec son partenaire de soirée M’Vila au Rubin Kazan. Tristesse. Il ne faut pas oublier que le meilleur coup du mercato a été réalisé par Aulas, qui a réussi à refourguer Lovren à Southampton pour 10 millions. Il a beau twitter n’importe quoi, il garde encore le sens des affaires.
Les transferts où l’on s’est tous dit : « Sérieusement ? »
Comme chaque été, il y a eu des transferts improbables. Des choix de carrière très discutables, voire complètement fous. Il y a plusieurs catégories, dans les choix bizarres. D’abord, les joueurs qui rejoignent un championnat tout pourri. Là, on comprend, la motivation, c’est le salaire, et rien d’autre. Cet été, on peut citer le cas de Lisandro López, qui a quitté Lyon pour Al-Gharafa, d’Ibrahima Touré qui part de Monaco pour Al Nasr ou de Michel Bastos, qui se tire de Schalke pour rejoindre Al-Ain. Pour le fric ? Noooon. À peine. Après, il y a ceux qui ont l’occasion de signer dans un club européen et qui choisissent de se tirer en Russie ou en Ukraine, les nouveaux pays à la mode. Le défenseur Granqvist était convoité par le Milan et a signé à Krasnodar, le Djib a quitté QPR pour rejoindre le Kuban Krasnodar, Serdar Tasci et Alberto Costa ont respectivement quitté Stuttgart et le FC Valence pour s’engager avec le Spartak Moscou, Mbokani (Anderlecht), Lens (PSV) et Dragović (Bâle) ont préféré le Dynamo Kiev. Bref, les pays de l’Est sont à la mode. Enfin, il y a les décisions complètement inattendues. En tête, celle de Kevin-Prince Boateng, qui qualifie Milan pour la Ligue des champions le mercredi (doublé lors des barrages contre le PSV), puis qui signe à Schalke le vendredi. Même point d’interrogation sur le transfert d’Osvaldo. L’attaquant a été annoncé à Naples, à Milan, puis carrément à Manchester City et se retrouve finalement à Southampton. OK. Benoît Assou-Ekoto, lui, a préféré quitter Tottenham, en D1, pour rejoindre QPR, en D2. Logique. Et Pablo Aimar a quitté Benfica pour rejoindre Johor Darul Takzim FC, en Malaisie. La lose. Mais bon, le coup le plus insensé de ce mercato, ça reste tout de même Miloš Krasić à Bastia. Le mec fait Juventus, Fenerbahçe, Bastia. La parabole folle.
Les joueurs qui restent la queue sous le bras
Certains joueurs ont été donnés partant tout l’été. Ils ont refusé une première offre, ont tergiversé, et le 2 septembre, à minuit, nada. Ils restent dans leur club, souvent prisonniers. Et de tels cas existent dans tous les pays. Au PSG, on a eu le cas de Mathieu Bodmer. Prêté la saison dernière à Sainté, le milieu de terrain n’a plus sa place à Paris, mais n’a pourtant pas trouvé de nouvelle destination. On a évidemment beaucoup parlé du cas Gomis. La rupture semblait inévitable avec l’OL mais, au final, l’attaquant est resté. Pour jouer ou pour faire banquette ? En Italie, la Juve a tenté jusqu’au bout de se débarrasser de Fabio Quagliarella. La Roma et la Lazio ont tenté un assaut final, en vain, le buteur reste. La Roma a également voulu vendre Borriello, mais n’y est pas parvenue. En Allemagne, on ne peut évidemment pas passer à côté de l’affaire Lewandowski. Le buteur du Borussia Dortmund était donné partant pour le Bayern Munich, puis le joueur a reçu une (grosse) augmentation de salaire et est finalement resté. Même son de cloche chez Rooney, qui était quasiment certain de quitter Manchester United, qui était donné partant pour Chelsea, et qui reste aux ordres de son ancien coach à Everton, David Moyes. On pensait aussi que Fernando Torres allait se barrer de Londres. Il se retrouve finalement partenaire d’attaque de Samuel Eto’o, pas mal. Mais les plus tristes, ce sont ceux qui n’ont carrément plus de club. Momo Sissoko a rompu son contrat avec le PSG, mais n’a pas encore trouvé de nouvelle destination. Idem pour Anthony Réveillère, Tommaso Rocchi, Yossi Benayoun ou William Gallas. Qui en veut ?
Par Eric Maggiori, Swann Borsellino et le Mestres