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Alors Lille, tu vas scorer maintenant ?
Avec les arrivées de Lopes, Amalfitano et Eder, conjuguées aux départs de jeunes censés symboliser son renouvellement, le LOSC s'est décidé à repartir sur d'un nouveau pied. Pour enfin la mettre au fond ?
La scène est révélatrice : après la large victoire contre Bordeaux en coupe, les supporters lillois envahissent le terrain du stade Pierre-Mauroy. Chacun y va de son selfie, les joueurs sortent pour lancer hymne et clapping, la communion semble totale. Tout ça pour une qualification en finale de Coupe de la Ligue ? Pas seulement. Surtout, ce soir-là, le LOSC a marqué cinq buts. Une éternité que Lille n’avait pas connu tel gavage offensif. Cette saison, matchs amicaux compris, les attaquants n’ont qu’une seule fois atteint la barre des trois pions en une rencontre. C’était face à Lorient le 12 décembre dernier, au cœur d’une série de huit matchs sans défaite consécutifs à l’arrivée d’Antonetti sur le banc. Autrement dit, la manita mise aux Girondins est l’arbre qui cache la misère.
Eder > Tallo + Guillaume ?
Car si la défense reste la deuxième de Ligue 1 malgré les départs de Girard et Kjær ou la blessure de Basa (coucou, la bonne surprise Soumaoro), devant, ça coince. Pénultième attaque du championnat avec 18 goals, deux petits buts devant un Troyes largué, l’inefficacité du LOSC l’a plombé devant l’ESTAC justement, ou plus récemment contre l’OM. Alors les dirigeants ont décidé d’agir en renouvelant une bonne partie de l’attelage offensif. Exit les jeunes Frey, Guirassy et Araujo, prêtés, welcome Amalfitano, Lopes et Eder. Si l’on ajoute que Tallo et Guillaume n’ont pas pu, ou voulu, trouver une porte de sortie dans les dernières heures du mercato, cela donne une véritable volonté de chambardement de la part des têtes lilloises. Ou, plus exactement, un réajustement bienvenu.
Eder, d’abord. Le mercato hivernal des équipes françaises est régulièrement pointé du doigt comme réalisé dans l’urgence, et le recrutement du Portugais ne fait pas exception. Prise de contact une semaine avant la clôture, entraîneur ne l’ayant jamais vu jouer, ça sent le tirage au sort façon Motus. Mais sortir une boule noire ne serait pas catastrophique à la pointe de l’attaque lilloise. D’abord parce que l’attaquant n’est que prêté par Swansea. Et surtout parce qu’Eder et son profil de « guerrier » , dixit Antonetti, ne débarquent pas forcément dans la peau d’un titulaire en puissance. Plutôt, il vient à la fois suppléer un Tallo précieux dans le jeu, mais moqué pour son inefficacité, et bousculer un Benzia aux stats plus que correctes (cinq buts à partir de la 14e journée, en douze titularisations), mais parfois pointé du doigt pour sa tendance à tomber dans la facilité. Au vrai, Eder ne vient qu’ajouter son blase à la longue liste des pointes lilloises, de laquelle ont complètement disparu Guillaume et son transfert à quatre millions d’euros. Au mieux une bonne surprise, au pire un petit coup de pub pour le club grâce à l’international lusitanien.
Créer, c’est résister
Les recrutements les plus intéressants sont ceux de Rony Lopes et Morgan Amalfitano. Le fait qu’ils aient été actés dès le 7 janvier montre qu’ils ont été pensés. Or, il s’agit là de créateurs bien plus que de buteurs. Et si un mec à 15 buts assurés par saison est extrêmement difficile à trouver vu l’état des finances de la Ligue 1, l’autre option consiste à varier les dangers. Un besoin évident pour Antonetti : après 23 journées, son équipe n’affiche que cinq buteurs différents, dont les deux latéraux. Devant, la donne est simple : six buts pour Boufal, cinq pour Benzia, deux pour Bauthéac. Le jeu losciste est clairement dépendant des éclairs de ses avants, et ceux-ci viennent essentiellement des pieds de Sofiane Boufal. Sauf que quand celui-ci fait une indigestion à force de bouffer la feuille, comme à Marseille vendredi dernier, tout le reste devient stérile. Avec un milieu composé de profils défensifs (Martin est encore à ranger parmi les déclarés disparus), Lille n’est pas en mesure de proposer une percussion collective suffisante pour pallier l’absence momentanée d’imagination de ses attaquants.
Dans cette optique, Amalfitano peut apporter au milieu une solution plus portée vers l’avant. Il va cependant falloir à l’ancien Marseillais un peu de temps, au mieux. Pour l’instant, le bilan est éloquent : une titularisation face à Trélissac pour une élimination face au club de CFA, une entrée en jeu contre Troyes, alors que le score est de 1-0 en faveur du LOSC, et une faute aussi inutile que décisive dans la dernière minute du match à Marseille. Reste Rony Lopes. Très apprécié des supporters, à qui il rend une affection sincère pour le club, le Portugais n’est là que pour six mois, alors que le club en espérait le triple. Car le joueur appartenant à Monaco a un profil inédit à Lille, entre percussion et qualité de passe. Moins généreux, mais plus adroit que Bauthéac, moins technique, mais plus altruiste que Boufal, l’international espoir peut à la fois faire vivre son aile et faire briller ses coéquipiers depuis une position plus axiale. Et, s’il apparaît assez fragile, il pourrait former un duo explosif avec Sofiane Boufal. De là à faire marquer Junior Tallo ?
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