- Coupe du monde 2014 – Groupe E
Alors, ils vont comment les adversaires des Bleus ?
Avant que la France ne termine sa préparation avec un dernier test face à la Jamaïque, ses adversaires du groupe E ont quant à eux déjà tourné la page des expérimentations. Avec quel bilan ? D'un point de vue global, ça s'annonce jouable, mais assez pénible pour les Bleus, qui vont trouver des adversaires méchamment accrocheurs. On vous explique pourquoi.
Des Suisses chiants à jouer
Bilan de la préparation : victoire 1-0 contre la Jamaïque (Drmić), victoire 2-0 contre le Pérou (Lichtsteiner, Shaqiri)
Points positifs : la Nati a remporté ses deux matchs de préparation sans encaisser le moindre but. Elle n’a pas surpris les observateurs, dans le sens où elle a encore exposé les mêmes qualités que lors de la phase de qualification : solidarité, patience, discipline. En clair et comme attendu, les hommes d’Ottmar Hitzfeld devraient bel et bien être chiants à jouer. L’organisation tactique semble aussi avoir été parfaitement assimilée par les joueurs, avec ce classique dispositif en 4-2-3-1, modulable à l’occasion en 4-4-2. Lors du deuxième match face au Pérou, la Suisse a ainsi débuté la rencontre avec Josip Drmić seul en pointe, avant de passer à deux attaquants axiaux en deuxième période, le joueur de Fribourg Admir Mehmedi étant recentré (et rejoint à l’heure de jeu par Haris Seferović, remplaçant de Drmić).
Points négatifs : les Suisses ont les défauts de leurs qualités. S’ils doivent se montrer patients, c’est bien parce que leurs occasions de marquer un but à l’adversaire sont plutôt rares. Contre le Pérou toujours, l’animation offensive n’a permis de se procurer que trop peu d’occasions de but. Un constat qui incite à penser que l’attaquant de pointe va devoir se montrer d’une redoutable efficacité durant la Coupe du monde. S’il s’agit de Josip Drmić, il va être contraint de se mettre au moins au niveau de ce qu’il a montré en club cette saison (17 buts en 33 matchs de Bundesliga avec Nuremberg). Dans l’entrejeu (sur le papier le gros point fort de la Suisse), c’est l’état de forme des joueurs cadres qui a de quoi inquiéter. Le joueur du Bayern Xherdan Shaqiri a débuté le match face au Pérou sur le banc, tandis que le Napolitain Valon Behrami n’a joué que la première période. Granit Xhaka ne semble pas non plus encore complètement à son affaire. Enfin, s’agissant de la défense, l’interrogation subsiste concernant la paire axiale. Face à la Jamaïque, c’est Djourou et Senderos qui ont été alignés, remplacés face au Pérou par Steve von Bergen et Fabian Schär. A priori, c’est cette dernière paire qui tient la corde, mais Fabian Schär, de retour de blessure, est apparu bien fébrile… Djourou se tient prêt, au cas où.
Des Équatoriens accrocheurs
Bilan de la préparation : nul 1-1 contre les Pays-Bas (Montero), défaite 1-3 contre le Mexique (E. Valencia), nul 2-2 contre l’Angleterre (E. Valencia, Arroyo)
Points positifs : le dernier match face à l’Angleterre va permettre aux Équatoriens d’arriver au Brésil le moral à bloc et avec des certitudes dans le jeu. Avoir réussi à décrocher le nul contre Rooney and co, c’est en effet le signe qu’il y aura sûrement moyen d’embêter du monde à la Coupe du monde, Français compris. Comment ? Grâce à un bloc équipe extrêmement bien organisé, qui sait parfaitement coulisser ensemble pour passer d’une phase défensive à une contre-attaque. Les Équatoriens aiment se déplacer en nombre pour déstabiliser la défense adverse par des offensives tranchantes et rapides. Les Anglais n’ont jamais réussi à prendre la mesure de ces offensives fofolles. Les Bleus devront assurément s’en méfier et ne pas céder à la panique si ça part dans tous les sens en multipliant les appels de balle. Buteur juste après son entrée en jeu en seconde période d’une frappe limpide, Michael Arroyo a aussi montré que les siens et lui peuvent aussi concrétiser par des actions individuelles si nécessaire. Assurément, la plus méconnue des sélections sud-américaines qualifiées pour ce Mondial possède de bons manieurs de ballon.
Points négatifs : lors des trois matchs de préparation, l’Équateur a montré des lacunes défensives assez flagrantes. À la récupération déjà, le sélectionneur Reinaldo Rueda ne semble avoir que peu de certitudes. En trois matchs, il a aligné trois paires de récupérateurs différentes, sans qu’aucune ne semble donner satisfaction. Le joueur du Dynamo Moscou Christian Noboa devrait partir titulaire, mais avec qui à ses côtés ? Segundo Castillo qui évolue en Arabie saoudite et qui arrive blessé ? Carlos Gruezo, 19 ans seulement ? Ou le plus offensif Edison Mendez, qui fait ses 35 ans ? Derrière, le duo de centraux composé de Frickson Erazo et Jorge Guagua ne rassure pas non plus. Et jusqu’au poste de gardien, c’est l’incertitude, entre Maximo Banguera et Alexander Dominguez, qui évoluent tous deux au pays. Le deuxième nommé devait être le titulaire, mais il est toujours gêné par une blessure au doigt et n’a joué aucun match de la préparation.
Les Honduriens ont durci le jeu
Bilan de la préparation : défaite 0-2 contre la Turquie, défaite 2-4 contre Israël (Espinoza, Costly), nul 0-0 contre l’Angleterre
Points positifs : le Honduras a terminé sa préparation hier sur un résultat nul 0-0 plutôt encourageant face aux Anglais, preuve que si la France n’est pas tombé dans le groupe le plus talentueux de cette Coupe du monde, elle va devoir sacrément s’employer pour se défaire d’adversaires qui comblent leurs déficits techniques par un état d’esprit exemplaire et un jeu coriace. Coriace et même à la limite de la légalité s’agissant du Honduras, qui a terminé son match face aux Anglais avec cinq cartons jaunes et un rouge, chaque fois pour jeu dur et/ou tacle en retard. C’est beaucoup pour un match amical, Steven Gerrard étant même allé jusqu’à s’en plaindre après-match, ce qui n’est pas forcément habituel. Que les Bleus et les autres adversaires du groupe E soient prévenus : les Honduriens ne viennent pas au Brésil pour beurrer des tartines, mais bien pour en coller quelques-unes. Ce match face à l’Angleterre a aussi permis au sélectionneur Luis Suárez de retrouver son équipe type, celle qui devrait débuter la compétition, avec en points forts Wilson Palacios associé à Roger Espinoza dans l’entrejeu (l’un joue à Stoke, l’autre à Wigan) et une doublette d’attaque qui ne se décourage jamais, constituée de Costly et Bengtson. Le premier fait 1,90m, le second 1,87m.
Points négatifs : les fans d’Anderlecht vont être déçus, mais le jeune et talentueux Andy Najar ne semble pas faire partie de cette équipe type. Il a débuté sur le banc les deux derniers matchs de préparation, Luis Suárez préférant aligner sur l’aile droite Marvin Chavez, plus expérimenté (30 ans, une quarantaine de sélections), et qui évolue en MLS aux Chivas USA. Le sélectionneur semble avoir fait le choix du pragmatisme au détriment de l’audace… Surtout, le bon nul face à l’Angleterre ne doit pas faire oublier les deux petits matchs précédents face à la Turquie (0-2) et surtout Israël (2-4), une sélection qui n’avait jusqu’alors plus gagné un match depuis près d’un an ! Preuve que la défense hondurienne est largement passable, à condition de faire face au défi physique. Benzema et ses potes sont prévenus.
Par Régis Delanoë