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- Les grands moments de l'Euro
Alors, Euro ?
Joie, stupeur, exubérance, honte ou délivrance. Panorama des plus grands moments de l’Euro de foot depuis 1984 et des émotions, fortes forcément, qui vont avec.
L’Euro réunit les plus grands pays du continent lors d’un tournoi de foot où les appels comme les plus grands champions se croisent, ainsi que toutes les émotions. La stupéfaction, la joie, le triomphe ou la folie ; l’exubérance, la honte ou la délivrance. Panorama des plus grands moments de l’Euro et des émotions, fortes forcément, qui vont avec. Une nouvelle fois, pour cet Euro 2016, les matchs diffusés sur TF1 devraient apporter leur lot de moments forts et inoubliables.
Amoros, la colère
Quand Amoros pète les plombs
Avant Zidane, il y a eu Michel Platini, mais aussi Manuel Amoros. Taclé une fois de trop par le Danois Jesper Olsen, Manu n’en peut plus. Il se relève et tente de lui balancer le ballon en pleine face. C’est raté, alors le défenseur tricolore s’en remet aux bonnes vieilles techniques de fin de bal.
Un coup de boule bien senti, et dans la tronche, contrairement à ZZ. Rouge direct bien sûr, sauf qu’Amoros trouve quand même le moyen de contester. Au football, il ne faut jamais se laisser marcher sur les pieds.
Arconada, la honte
Les mésaventures d’Arconada
Au cours de sa brillante carrière, Luis Arconada a été deux fois champion d’Espagne (en 1981 et 1982) et a remporté une Coupe d’Espagne, en 1987. Le gardien espagnol a également gratté 68 sélections en équipe nationale. Pourtant, Arconada restera à jamais comme l’homme qui a relâché le coup franc de Michel Platini en finale du Championnat d’Europe 1984 au Parc des Princes. Une bourde historique où le ballon passe sous le bras et dépasse la ligne de but.
Un jour, aussi, où Arconada est devenu une référence pour ce qu’on appelle aujourd’hui « faire une Arconada » . C’est terrible, c’est cruel, le foot est aussi comme ça. Une espèce de belle sans sentiment dans un monde sans cœur. Luis Arconada le sait mieux que personne.
Platini, le triomphe
Quand le roi Michel brillait de mille feux
C’est simple : chaque compétition a son héros. La Coupe du monde 1986 a eu son Diego Maradona. L’Euro 84 a eu, lui, son Michel Platini. C’était deux ans avant Diego donc, mais surtout deux ans après le drame de Séville contre la RFA. Ce championnat d’Europe est le sien, car il est organisé chez lui.
Dès le premier tour, Platoche marche sur sa poule, écrase la Yougoslavie et la Belgique, balaye le Danemark et porte un groupe de revanchards. Au total, Platini dessinera sur son tableau estival neuf buts en cinq rencontres et soulèvera à la fin de l’année son deuxième Ballon d’or (sur trois). Avec un regret éternel, celui de ne pas avoir marqué « le but de Bruno » , le deuxième en finale contre l’Espagne (2-0). Les étoiles veulent tout illuminer, c’est comme ça.
Van Basten, la beauté
La volée de Van basten
« C’est le genre de geste que l’on tente parfois à l’entraînement et qui ne réussit que très rarement. » C’est l’histoire de la parabole la plus pure de l’histoire. Peut-être, aussi, du geste le plus inattendu au moment le plus impensable : lors d’une finale de Championnat d’Europe, au stade olympique de Munich, là où quatorze ans plus tôt, les Pays-Bas se sont écroulés face à la RFA de Helmut Schön. Cette fois, l’Allemagne de l’Ouest a été écartée en demi-finales, et c’est l’URSS, guidée par le légendaire Valeri Lobanovski, qui débarque. On joue alors la cinquante-quatrième minute d’un sommet de foot où les Pays-Bas mènent depuis l’ouverture du score de Ruud Gullit.
Le service d’Arnold Mühren n’est pas un caviar, la balle échappe au champ de vision de la caméra, mais la suite est un dessin unique : la volée parfaite, l’éloge du geste unique d’un joueur qui cirait le banc au début de la compétition. Le tout face à l’un des meilleurs gardiens de l’histoire, Rinat Dasaev, et au cœur de l’alchimie magique mise en place par le sélectionneur hollandais Rinus Michels. Les Pays-Bas viennent de remporter le premier titre international de leur histoire, après avoir arrêté le temps. Pendant quelques secondes à peine, au bout du pied droit de Marco van Basten.
Le Danemark, la stupéfaction
Le jour où le Danemark a embrassé l’Europe
Rien n’est plus cruel que l’histoire elle-même. Car, en aucun cas, le championnat d’Europe 92 ne devait se passer comme ça. La Yougoslavie des insolents Mihajlović et Prosinečki était la grande favorite de l’Euro suédois, mais l’air du temps lui a coûté son ticket pour la compétition au profit du Danemark. Un appelé de dernière minute porté par une génération dorée, demi-finaliste de l’Euro 84, et qui a terminé second de son groupe de qualifications derrière le groupe balkanique.
Le reste n’est qu’un rêve construit par le cerveau de Richard Møller Nielsen, sur le banc, et la grâce de Brian Laudrup, sur le terrain, alors que le frère Michael est resté à la maison. Comme un nouveau conte d’Andersen écrit par une sélection dont le camp de base est décrit alors comme un Club Med. Sauf qu’à la fin, c’est les hommes en tongs qui gagnent grâce aussi au tout-puissant Peter Schmeichel, héros de la demi-finale contre les Pays-Bas. Scientifiquement, on appelle ça la Danish Dynamite.
Pearce, la vengeance
Quand Stuart Pearce qualifie enfin l’Angleterre
Manquer un penalty est souvent terrible. Que dire alors si cet échec élimine votre pays. Certains ne s’en remettent jamais tout à fait, demandez donc à Baggio. D’autres ont l’opportunité de se racheter. Stuart Pearce, dont le raté avait entraîné l’élimination de l’Angleterre en demi-finale de la Coupe du monde 1994, a choisi de s’avancer de nouveau à l’Euro suivant, en quarts contre l’Espagne. Cette fois, il ne tremble. Sa réaction, mélange de joie indescriptible, d’adrénaline et de vengeance, est peut-être l’une des plus belles jamais vues.
Bierhoff, l’instinct (féminin)
Le but en or d’Oliver Bierhoff
En finale de l’Euro 1996, l’histoire semble se répéter. Comme 20 ans auparavant, l’Allemagne est menée par la République tchèque, à cause de Patrick Berger. À la 69e, Berti Vogts, le sélectionneur de la Nationalmannschaft, tente alors un coup. Il sort Mehmet Scholl pour lancer Oliver Bierhoff, quasi inconnu de 28 ans n’ayant jamais percé au pays, mais qui enfile les pions à l’Udinese.
Mieux, c’est sur les conseils de sa femme Monika que Berti a emporté l’attaquant. Monika a eu le nez creux : quatre minutes plus tard, Bierhoff égalise. Et dans le temps additionnel, à peine cinq minutes se sont écoulées qu’il inscrit le premier but en or de l’histoire. Toujours faire confiance à sa femme.
Gascoigne, la joie
La gourde de Paul Gascoigne
Juin 1996. Colin Hendry est enfoncé dans la pelouse de Wembley, Paul Gascoigne vient de s’amuser de lui d’un superbe coup du sombrero. L’œuvre est depuis entrée dans l’histoire. Ce jour-là, Gazza a arrêté le temps. « Si Pelé ou Maradona avait fait ça, tout le monde aurait dit que c’était le plus beau but jamais vu » , lâchera quelques années plus tard le sélectionneur anglais de l’époque, Terry Venables. Reste que si le souvenir est si intense, c’est surtout grâce à la célébration suivant le génie : Paul Gascoigne est allongé, à côté du but d’Andy Goram, la bouche grande ouverte, et Teddy Sheringham vient lui verser une belle rasade au fond du gosier.
Derrière le geste, une histoire : juste avant la compétition, l’équipe d’Angleterre avait ouvert tous les journaux après une nuit animée dans un bar à Hong Kong. On voit alors à l’image Gascoigne, assis dans un fauteuil de dentiste, le siège incliné, recevant des jets de tequila directement dans le ventre. Juste pour un anniversaire et avant une vague de critiques.
Abel Xavier, les regrets
La main d’Abel Xavier
De l’autre côté du tableau, la génération dorée portugaise veut aussi croire à un triomphe. Et qui dit d’or, dit Figo ou Rui Costa, mais surtout Abel Xavier, sa barbe et ses cheveux teints comme un lion. Déchaîné, le fauve dévore les attaquants français qui osent se présenter à lui. Mais, alors qu’il ne reste qu’une poignée de minutes dans le temps additionnel, Xavier donne trop de lui-même. Il se jette pour contrer un centre, et sa main heurte le ballon en pleine course. L’Autrichien Gunter Benko ne peut que siffler penalty. Zidane exécute la sentence, qui rend les Portugais furieux, Xavier en tête.
Il a beau plaider sa cause, la France se qualifie, et lui écopera de six mois de suspension. Aujourd’hui encore, Xavier conteste la décision. Pas volontaire d’après lui.
L’italie, le courage
Quand l’Italie a résisté à la vague orange
Chez eux, les Pays-Bas n’envisagent rien d’autre qu’une victoire en cet Euro 2000, douze ans après leurs aînés. La génération dorée est programmée, et ce n’est pas une Italie moribonde qui va la stopper en demi-finales. D’autant plus que Zambrotta est expulsé au bout d’une petite demi-heure. Logiquement, les Italiens concèdent dans la foulée un penalty. Mais Toldo repousse la tentative de Frank de Boer.
Et tout ce qui suit. Même lorsqu’un nouveau penalty est accordé aux Oranje, Kluivert ne trouve que le poteau. L’Italie, dégoûtante de pragmatisme, emmène les locaux aux tirs au but. De Boer, Stam et Bosvelt craquent, Di Biaggio, Pessotto non. Totti conclut la leçon d’une Panenka pleine d’insolence. Ciao.
Wiltord, l’espoir
Quand Sylvain Wiltord sauve la France
1-0 à la 93e minute, la délivrance est proche pour l’Italie, qui souffre physiquement face à des Français décidés à tout tenter pour revenir. Sur le banc de la Nazionale, les remplaçants s’enlacent déjà. Ultime dégagement de Barthez. Sans trop savoir comment ni pourquoi, le ballon atterrit dans les pieds de Sylvain Wiltord sur la gauche de la surface italienne. L’angle est fermé, qu’importe, il frappe quand même. Toldo, jusque-là imbattable, ne voit le tir qu’au dernier moment, masqué. Tout juste le temps de mettre le gant plutôt que la jambe. Pas assez ferme. Ce sera la prolongation.
Il faut reboucher le champagne. Un an après la finale de la Ligue des champions entre le Bayern et United, toute une génération réalise qu’un match n’est jamais fini jusqu’au coup de sifflet final.
Trezeguet, la délivrance
Quand David Trezeguet reprend de volée l’éternité
Après l’égalisation de Wiltord, toute la France se met à y croire. Animée par une énergie invraisemblable, les champions du monde sont certains de pouvoir renverser les maîtres de la défense italiens, aux abois, presque hagards.
Pour profiter du momentum, Roger Lemerre remplace Bixente Lizarazu par Robert Pirès, avec pour mission d’enflammer tout le flanc gauche. Sur une énième percée, le Messin centre en retrait. À la réception, David Trezeguet, droit, élancé, lève la jambe vers le soleil. Puis enlève son maillot et court, la bouche grande ouverte, submergé par la joie. Et la France crie et court avec lui.
Zidane, la satisfaction
Quand Zidane annexe l’Angleterre en deux minutes
Pourtant, on pensait qu’il avait déjà tout fait. Zinédine Zidane a inventé son football, son histoire et ses gestes. Le 13 juin 2004, il a même écrit un scénario à lui tout seul, en ouverture de l’Euro portugais des Bleus contre l’Angleterre. Ce soir-là, la France a la gueule en vrac et est largement bousculé.
Puis, Zidane s’est réveillé, en deux temps. Sur un coup franc exceptionnel d’abord, sur un penalty ensuite. L’histoire raconte que Zinédine était malade pour cette rencontre, qu’il est vidé physiquement, mais qu’il a, on pense, lancé le Championnat d’Europe des tricolores. Un songe.
Ibrahimović, la furie
L’envol d’Ibrahimović
Si l’Euro 2004 a été l’apogée du football défensif à la grecque, cornaqué par Otto Rehhagel et signé 1-0 par Charisteas, il a eu aussi ses moments de grâce, où le temps s’arrête pour que l’impossible devienne merveilleux.
Dos au but, encerclé par les défenseurs italiens en plein cœur de la surface, ciblé par un Gigi Buffon lancé à pleine vapeur, Zlatan Ibrahimović n’a apparemment aucun moyen de toucher ce ballon aérien. Pourtant, il lève la jambe, à l’instinct, pour reprendre du talon et placer le ballon là où personne ne peut l’atteindre. Là où personne ne l’avait imaginé. Sauf lui.
Charisteas, la stupeur
Quand Charisteas et la Grèce ont repris Europe
C’est ce qu’on appelle un coup d’un soir. Avec lui, la valse aura duré un peu moins d’un mois, entre le 12 juin et le 4 juillet 2004. Une longue danse de six matchs marquée par trois buts et la gloire éternelle d’un peuple.
Au Portugal, il y a douze ans, la Grèce a mis l’Europe du foot à ses pieds grâce, notamment, à une star méconnue. Un attaquant, second choix au Werder de Brême, buteur à seulement quatre reprises lors de la saison 2003-04, mais qui fera tomber l’Espagne, la France – tenante du titre – en quarts, avant que le bel Angelos ne marche sur son hôte de l’été, le Portugal de Cristiano Ronaldo, en finale. Là aussi, une promesse sans lendemain, mais un sacre historique pour la Grèce qui, depuis, n’a plus brillé.
Cristiano Ronaldo, la tristesse
Les larmes de CR7
Le triomphe grec a laissé toute une nation en pleurs. Le Portugal, sur ses terres, savait qu’il ne devait pas sous-estimer de nouveau les hommes de Rehhagel, sortis victorieux de leur confrontation en poule.
Cette fois, c’était différent : tout l’Estádio da Luz était derrière eux, tout Lisbonne, tout le pays. Las, les Grecs jouèrent le même terrible sort, un 1-0 bien ficelé. L’épopée du pays hôte se termine comme elle a commencé, dans les larmes de Cristiano Ronaldo, perdu, inconsolable au centre du terrain, sourd aux gestes et mots de sollicitude.
Arshavin, la grâce
L’étoile filante Arshavin
C’est le conte d’une bombe éphémère. Une vague avec une coupe au bol et une gueule d’adolescent qui venait de marcher quelques semaines plus tôt sur les Glasgow Rangers en finale de la C3 avec le Zénith. L’été 2008 doit le couronner. Andrei Arshavin a alors vingt-sept ans et, après deux matchs de suspension en ouverture du championnat d’Europe austro-suisse, explose la Suède à lui tout seul pour son entrée dans la compétition.
Son chef-d’œuvre restera pourtant son quart de finale contre les Pays-Bas (3-1, a.p.) où Arshavin illumine la rencontre de ses accélérations, de son génie, de son petit pont sur Van der Sar ou encore de ses ouvertures magiques. La Russie touche alors pour la première fois de son histoire le dernier carré d’un Euro, mais l’addition est réglée par l’Espagne en demi-finale (3-0). Arshavin, lui, filera à Arsenal. Il ne reste aujourd’hui qu’un murmure.
Turquie-Croatie, la folie
Le final de Turquie-Croatie
Slaven Bilić ne s’arrête plus de courir. Le sélectionneur croate, tiré dans son costume gris, a le poing levé et vient de longer avec fureur la ligne de touche du stade Ernst Happel de Vienne. C’est un quart de finale de championnat d’Europe, nous sommes en 2008, et la Croatie vient d’ouvrir le score face à la Turquie à une minute de la fin de la prolongation grâce à une tête d’Ivan Klasnić.
Tout le monde pense alors que c’est fini, que les Croates vont rejoindre le dernier carré de l’Euro, et pourtant. Pourtant, sur la dernière relance turque, Semih Şentürk marche sur le scénario d’une frappe sèche dans la lucarne de Pletikosa. L’Europe du foot vient de délirer devant son écran, et la Croatie ne s’en relèvera pas en s’inclinant lors de la séance de tirs au but. Renversant.
Balotelli, l’exubérance
Les muscles de Balotelli
Mario Balotelli est un héros, à sa façon. Son mois de juin 2012 restera à jamais comme celui où le monde a cru que l’attaquant italien pouvait devenir une légende. On pensait alors que Supermario était redevenu avant tout un footballeur, un homme capable de renverser ses montagnes et de fracasser l’histoire.
Comme cette nuit, à Varsovie, le 28 juin 2012, en demi-finale de l’Euro contre l’Allemagne (2-1), au cours de laquelle Balotelli inscrira un doublé en patron. De la tête d’abord, puis en force, ensuite, face à Neuer. Il refusa alors le duel pour jouer plutôt de sa force naturelle. Avec une image devenue iconique : Mario Balotelli est seul, le torse nu, et contracte ses muscles après avoir jeté son maillot au sol. Un tableau qui sera détourné, dessiné et affiché. Mais que tout le monde a depuis rangé.
Casillas, la détermination
Les mains de San Iker
Déjà en 2008, Iker Casillas s’était montré digne de son surnom, arrêtant les tirs au but de Di Natale et De Rossi pour emmener l’Espagne en quarts et finalement au titre. Quatre ans plus tard, le capitaine de la Roja n’a rien perdu de sa superbe. De nouveau déterminant contre les Italiens, Iker sauve surtout les siens lors du dernier match de poule face à la Croatie, repoussant la tête à bout portant d’Ivan Rakitić. Derrière, Navas envoie les siens en quarts, et le reste n’est qu’histoire. Écrite en grande partie par un saint, d’une main gantée.
Rédaction
Maxime Brigand et Charles Lafon
Édition
Simon Capelli-Welter
Design et coordination technique
Gilles François et Aina Randrianarijaona
Secrétariat de rédaction
Julie Canterranne
Partenaire
Crédits photo
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