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Alors, elle vaut quoi, cette Roma ?
C’est véritablement le grand chambardement à la Roma, cet été. Zeman est arrivé, et avec lui, une flopée de nouvelles têtes. Les matches amicaux ont été convaincants. Mais cette Roma-là a-t-elle vraiment de quoi faire peur ?
Personne n’avait osé. Nicolas Burdisso l’a fait. Le défenseur argentin, interrogé par Roma Channel, n’a pas eu peur des mots. « L’objectif est fixé. Nous devons lutter pour le Scudetto. Le groupe s’est beaucoup renforcé, nous avons accueilli des joueurs qui sont rodés pour viser très haut » affirme-t-il. Voilà. Le mot est lâché. « Scudetto » . On ne va pas se mentir : de ce côt-là de Rome, plus personne n’avait vraiment osé prononcer la sainte-parole depuis l’époque de Ranieri. Depuis que la Roma a caressé le Scudetto un soir d’avril 2010, avant de se faire dépasser au sprint par l’Inter. L’année suivante, les Giallorossi pensaient pouvoir à nouveau lutter pour le titre mais ont vite dû revoir leurs intentions à la baisse. L’arrivée de Luis Enrique n’y a pas changé grand-chose. Pendant deux saisons, la Roma a lutté, au mieux pour se qualifier pour l’Europe. Avec plus ou moins de brio. Mais cet été, quelque chose a changé. Non pas que, ça y est, la Louve ait la plus belle équipe d’Italie et soit en mesure de rouler sur la Serie A. Non. Mais le recrutement a été intelligent. Pas de grosses folies, des achats bien sentis, et surtout, des recrues placées sous le signe de la jeunesse. La recrue la plus âgée, c’est Federico Balzaretti, qui fêtera ses 31 ans en décembre prochain. Oui, parce que si Totti demeure le Roi incontesté de Rome, et qu’il affirme vouloir jouer jusqu’à 40 ans, ses jambes ne sont pas éternelles. Préparer l’avenir, sans négliger le présent, tout en respectant le passé. Et si c’était ça, la recette gagnante ?
La jeunesse au pouvoir
La première arrivée importante, à la Roma, c’est lui. Zdenek Zeman. Son retour, treize ans après son départ, a été accueilli par la ferveur du peuple giallorosso. Il faut dire que la saison 2011-12 du maestro tchèque a été incroyable. Avec une équipe plus ou moins anodine comme Pescara, Zeman a réussi à recréer un nouveau « »Zemanlandia », à terminer premier de Serie B, avec la meilleure attaque du championnat, et à faire exploser des jeunes joueurs comme Insigne, Verratti, Immobile ou Sansovini. Voilà pourquoi l’entraîneur souhaitait inscrire cette même logique une fois arrivé à Rome. Le directeur général du club, Franco Baldini, et le directeur sportif, Walter Sabatini, se sont donc attelés à construire une équipe compétitive, avec des joueurs qui correspondent aux critères « zemaniens ». En quelques semaines, donc, ont posé leurs valises à Rome les Brésiliens Dodô, Jonatan et Leandro Castan, le Lituanien Švedkauskas, l’Américain Bradley, le Grec Tachtsidis, le Paraguayen Piris, le Roumain Bumba et les Italiens Florenzi (retour de prêt), Balzaretti et Destro, le véritable gros coup du mercato romain. Âge moyen de ces onze recrues estivales : 21,8 ans.
A côté de cela, les Giallorossi ont vendu, prêté et même donné. Borini, Juan, Cicinho, Caprari, Greco, Fabio Simplicio, Jose Angel, Brighi, Rosi, Pizarro et Heinze, sont tous partis vers d’autres horizons. Si les départs de Borini et Jose Angel sont assez surprenants, car les deux semblaient pouvoir faire partie du projet romain, les autres s’inscrivent tous dans une certaine logique de renouvellement d’effectif, notamment ceux de Pizarro, Simplicio ou Juan, tous arrivés en fin de cycle. Or, pour le moment, la mayonnaise semble prendre. La Roma a remporté tous ses matches amicaux, dont une confrontation de prestige contre Liverpool (2-1). Certes, il ne s’agit que de matches amicaux. Certes, il va falloir encore beaucoup de travail pour que les joueurs apprennent à se connaître. Mais s’il y a bien une chose que Zeman nous a apprise au cours de sa carrière, c’est qu’avec lui, les supporters vont se divertir.
Guardiola, 4-3-3 et Marlboro Light
Quel va donc être le système de jeu de cette Roma ? De loin, elle ressemble à un joli micmac, avec un effectif XXL, surtout au milieu de terrain et en attaque. Zeman va devoir faire des choix. Osvaldo, Totti, Bojan, Destro, Lamela, Tallo (et même Borriello) : le secteur offensif est blindé. Tout l’inverse de l’arrière-garde. La Roma ne compte plus que cinq défenseurs dans son effectif, ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour d’éventuelles blessures ou suspensions. L’objectif des dirigeants : faire venir encore deux défenseurs centraux (probablement les Brésiliens Bruno Uvini et Marquinhos, à ne pas confondre avec Marquinho, milieu de terrain de la Louve). Après quoi, l’effectif sera complet et Zeman pourra composer. Mais composer quoi ? Une chose est sûre : si le coach n’est pas le genre à crier sur tous les toits ses intentions, ses joueurs, eux, ont déjà une confiance aveugle en lui. « Je suis revenu à Rome pour Zeman » assure le jeune Florenzi, « avec Zeman, nous pouvons faire une très grande saison » ajoute Destro, « Zeman me rappelle Guardiola » surenchérit Bojan.
Mais alors, que prépare donc Zeman, pour susciter autant d’enthousiasme auprès de ses propres joueurs et des tifosi ? A priori, le coach va proposer un 4-3-3, sa marque de fabrique, en repartant des quelques satisfactions de la saison dernière, comme Stekelenburg, Lamela, Pjanic ou Marquinho, et en y greffant un noyau de 5-6 nouveaux joueurs, qui deviendront des titulaires. Quant aux deux dernières places, elles sont évidemment « réservées » aux deux capitaines, Totti et De Rossi, même si ce dernier continue d’être courtisé par Manchester City. Actuellement embêté par une douleur à la cheville, Totti a quant à lui promis qu’il serait prêt pour le début de la Serie A, le 28 août prochain, contre Catane. Totti, Zeman. La relation entre les deux hommes est forte. Zeman a connu Francesco aux balbutiements de sa carrière et pourrait bien repositionner le numéro 10 au centre de l’attaque. Tout cela en considérant que la Roma ne disputera aucune Coupe d’Europe cette saison, ce qui laissera donc l’intégralité de la semaine pour récupérer (à l’instar de la Juve la saison dernière). Or, avec un Milan qui doute, une Inter en reconstruction et une Lazio sans grandes ambitions, la Roma a toutes les cartes en main pour se poser en véritable outsider. Ça va griller de la Marlboro Light.
Eric Maggiori