- France
- Ligue 2 – 5e journée
- Niort/Clermont
Alors, Diacre à Clermont, ça donne quoi ?
Première femme à entraîner une équipe professionnelle en France, Corinne Diacre connaît des débuts très mitigés à la tête du Clermont Foot. Avant le déplacement sur le terrain du Niort de Régis Brouard, à qui elle a succédé sur le banc auvergnat, focus sur la méthode Diacre, entre paradoxe tactique et caractère bien trempé.
Des caméras, des micros, un bouquet de fleurs, des moqueries, des bises ou des poignées de mains : Corinne Diacre en a déjà vu depuis qu’elle est devenue l’entraîneur du Clermont Foot, le 28 juin dernier. La seule chose qui lui manque pour le moment, c’est une victoire en championnat. Après quatre journées, le club auvergnat pointe à la 19e place, avec un seul petit point. Et les deux victoires en Coupe de la Ligue ne rattrapent pas ce début de saison catastrophique pour celle qui a succédé à Helena Costa, partie aussi vite qu’elle était arrivée. Mais au-delà d’un bilan comptable peu flatteur, comment travaille la première femme coach d’un club professionnel en France ?
Bon devant, catastrophique derrière
Tactiquement et malgré ces débuts poussifs, Diacre fait toujours confiance à un système en 4-1-4-1. Le but ? Répondre à un principe simple : être costaud derrière avant de se projeter le plus vite possible vers l’avant. En attaque, l’ancienne capitaine des Bleues mise ainsi sur des joueurs de couloirs très rapides (Sawadogo et Novillo) et un Idriss Saadi capable de prendre la profondeur en pointe. Ces trois joueurs ont déjà marqué en championnat et Saadi en est même déjà à trois buts en quatre matchs. Avec sept pions, les Auvergnats sont même la meilleure attaque du championnat. Une partie du contrat est donc remplie.
Pour la deuxième, en revanche, on est très loin. Avec dix buts encaissés, Clermont est la plus mauvaise défense (il n’en avait encaissé que 38 lors de la dernière saison). Difficile à digérer pour une ancienne libéro, qui assure pourtant qu’elle passe plus de temps à travailler l’aspect défensif qu’offensif à l’entraînement. Si le bloc est souvent en place, Diacre doit constamment composer avec des « erreurs monumentales » ou de « débutants » de son arrière-garde ou de son gardien. Le dernier match face au GFC Ajaccio en est le meilleur exemple. Après avoir mené 2-0 puis 3-2, Clermont a fini par perdre 4-3.
Gueulante, mise à l’écart et resserrage de boulons
Forcément, tout ça énerve. Et quand Corinne Diacre est chafouine, ça se voit, ça s’entend. Même si elle est encore loin des envolées lyrico-vulgaires d’un Pascal Dupraz, la coach clermontoise n’hésite pas à balancer quelques vérités en conférence de presse d’après-match. Phrases courtes, ton sec, regard noir, Diacre impressionne. « Je vous rappelle quand même que je ne suis plus sur le terrain, donc à un moment donné, il va falloir que les mecs se rebiffent aussi, a-t-elle lâché après la défaite contre Ajaccio. Je veux bien expliquer ce que vous voulez, mais ce n’est pas moi qui cours. Il va falloir que les mecs s’y mettent ! Et je reste polie. »
Ce caractère se traduit aussi dans la vie du groupe, puisqu’elle a récemment décidé la mise à pied de Yannis Salibur, l’un de ses meilleurs éléments offensifs, pour une altercation avec l’un de ses adjoints. Et comme les résultats ne tournent pas comme elle le voudrait, les séances d’entraînement ont déjà pris une autre dimension. « Je sais ce que je vais faire à l’entraînement maintenant : on va resserrer les boulons, a-t-elle prévenu récemment. Je pense que je vais être plus dure. On joue comme on s’entraîne, donc vu comment on joue, on va mettre en place des choses psychologiques. (…) J’ai une poupée vaudou ou quelque chose, ce n’est pas possible autrement. C’est la guigne ! Je suis dans un rêve, je vais me réveiller bientôt. » Le plus tôt serait le mieux si Diacre veut que son aventure sur un banc professionnel ne s’arrête pas brutalement. Et tant pis si ses homologues n’ont plus le sourire lorsqu’ils lui font la bise.
Par Axel Bougis