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Alors, comment va la Russie ?
Aucune victoire en 2018, un sélectionneur condamné au bricolage, des blessures à gogo : à neuf jours du match d’ouverture de sa Coupe du monde face à l’Arabie saoudite, la Russie brille par ses incertitudes.
« Un psychologue ? Mais pour quoi faire ? Quand je jouais au foot, il n’y en avait pas. » Stanislav Cherchesov, heureux propriétaire d’une moustache abat-jour et d’une sélection qui s’apprête à accueillir le monde entier sur son palier, n’est pas là pour plaisanter. Il n’en a, au fond, pas le temps : le 14 juin prochain, la Russie ouvrira la porte de sa Coupe du monde face à l’Arabie saoudite, à Moscou, et c’est un sale tic-tac qui accompagne les nuits du premier entraîneur du pays. La raison ? Tout semble tomber sur la tête de son groupe : les mauvais résultats (trois défaites en trois matchs en 2018, aucun succès depuis l’automne), les blessures qui s’empilent depuis plusieurs mois (Vasin, Dzhikiya, Kokorin) et voilà Cherchesov condamné à ouvrir le parapluie en rappelant que son « job est d’arrêter les pleurnicheries sur les pertes et de bien préparer la Coupe du monde malgré tout » . Comment trouver du positif dans cette histoire ? Pas simple.
Dix joueurs testés dans l’axe
La faible communication de Vladimir Poutine sur la santé de sa sélection s’accroche d’ailleurs à cette courbe : dans la tête du président russe, le sport doit être un vecteur d’unité et de fierté, ce qui semble difficilement possible avec un groupe qui n’a fait que ramasser les miettes depuis sa chute libre à l’Euro 2016. Rappelez-vous : au sortir du championnat d’Europe en France, où la Russie a pris un mur dès le premier tour (un nul, deux défaites), Leonid Slutsky se voyait obligé de venir s’excuser en public pour l’image donnée par la patrie. L’image a marqué les esprits et les mots d’un coach balancé dans le caniveau avec : « Ne concentrez pas votre attention sur les joueurs, mais parlez de moi et mes responsabilités. » Dans la foulée, Stanislav Cherchesov est arrivé, a fièrement annoncé vouloir tout reprendre à zéro et a profité du travail réalisé par les clubs locaux pour chercher l’alchimie tactique idoine, notamment défensivement, en fixant sa défense sur trois boulons. « Nous n’avons rien réussi à faire avec quatre défenseurs » , expliquait-il alors au début de son mandat. Depuis, le sélectionneur russe a fait tourner une dizaine de mecs sur trois plots : un parfait résumé des nombreuses incertitudes qui accompagnent le bonhomme alors que le rideau est proche d’être levé sur le pays.
Un organisateur de soirée inquiétant
Qu’en tirer comme conclusion ? Que la Russie ne sait pas vraiment comment elle va démarrer son Mondial, déjà, mais aussi qu’il est difficile d’imaginer dans quel état elle le terminera. En attendant, dimanche, Cherchesov a effectué son dernier écrémage et a par exemple décidé de se passer des services de Roman Neustädter (Fenerbahçe) et Konstantin Rausch (Dynamo Moscou), dont la présence dans la liste finale semblait pourtant presque évidente après la prestation foireuse de Kudryashov en Autriche mercredi dernier (1-0). Seul soleil de cette sélection : Aleksandr Golovin, 22 piges et qui aura laissé un sale souvenir au Groupama Stadium il y a quelques mois, là où Alan Dzagoev ne brille plus que par intermittence. Pour le reste, c’est le flou, notamment devant, où l’absence de Kokorin, blessé au genou en mars, laisse un chantier béant tant les statistiques de Fyodor Smolov en sélection ne rassure personne. Mardi soir, face à la Turquie, la Sbornaya joue donc plus qu’un match amical : c’est une histoire à préparer et des signaux positifs à trouver. Car on parle bien là de l’une des plus faibles générations du pays et de l’un des organisateurs de soirée les plus inquiétants.
Par Maxime Brigand