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Alors comme ça, la Liga ne vous excite pas ?
Trop divisée, trop starifiée, trop bipolarisée, la Liga est pour vous le royaume des inégalités. Pourtant, détrompez-vous, à cette mi-saison du suspense il y a, et en fin de saison des surprises, il y en aura. Et l’Atlético de Simeone y est tout, sauf étranger.
Au-dessus du soleil, l’Atlético de Madrid
Ça va finir par se voir. Avec un ratio hallucinant de 2,71 points par match (soit 46 points sur 51 possibles), l’Atlético de Madrid a une vraie belle gueule de champion. En Europe, seul le Bayern Munich peut se targuer de faire mieux (avec une moyenne de 2,75 points/match). Bref, avec comme seuls accrocs un match nul face à Villarreal et une défaite au Prat de l’Espanyol Barcelone, les Colchoneros carburent au super. Depuis leur victoire en finale de Copa del Rey face au Real Madrid, rien ne les effraie. Guidés par un Diego Simeone nouveau mâle dominant, ils transpirent un football qui fait l’unanimité. Entre grinta et volonté de tous les instants, ils forment une armée chaussée de crampons. Mieux, ils savent jouer et faire déjouer. Avec un milieu de terrain de roublards (Gabi, Tiago) et de jeunes pépites (Koke, Mario Suárez, Arda), ils maîtrisent toutes leurs rencontres. Devant, Villa est un formidable complément du fou Diego Costa. Car si Luis Suárez est l’animal le plus en vogue de Premier League, que dire du bestial Pichichi de la Liga ? Plus que ses 19 cachous, Diego Costa est le poison numéro un de Liga. Vicelard et technique, puissant et malin, il est la valeur ajoutée de cette saison. Insuffisant pourtant pour se retrouver au sommet d’un championnat que domine toujours le Barça…
Toujours roi, le Barça de Tata ne convainc pas
Depuis le début de saison, c’est un Barça tout en paradoxe qui est assis sur le trône du championnat espagnol. Avec le même total que l’Atlético de Madrid (46 points), mais devant grâce à une meilleure différence de buts (+37 contre +35), le Mes que reste aux commandes de sa Liga. Et ce, sans Léo Messi, en délicatesse avec sa nutrition et ses muscles. En soi, des débuts réussis pour son nouveau coach, Tata Martino. Mais à croire que rien n’est simple en Catalogne, polémiques et controverses sont venues se greffer au calendrier. En bon protagoniste, Messi père et fils ont trusté les Unes pour des affaires de blanchiment. La nouvelle hype brésilienne, Neymar, a fait parler de lui à son insu. En cause, son transfert et des soupçons de fraude de la part de Sandro Rosell. Des ragots judiciaires qui sont venus s’additionner au sempiternel débat sur le toque blaugrana. Un serpent de mer depuis le départ de sa sainteté Guardiola qui ne cesse d’irriter Tata Martino. Un nouvel homme fort qui peut se targuer d’être sur les mêmes temps de passage que la Liga des 100 points de Tito Vilanova. Et qui a fait du turn-over sa recette maison. Des roulements qui devraient s’avérer plus que profitables pour les échéances européennes du printemps.
Après Mourinho, un Real Madrid tout en tâtonnement
Après la guerre, la réconciliation. Après le départ du sulfureux José Mourinho, Florentino Pérez a opté pour la diplomatie. Arraché aux griffes du PSG, Carlo Ancelotti a débarqué au Real Madrid dans la peau du pacificateur. Mission réussie. Avec un Cristiano prolongé (et augmenté), un Gareth Bale intégré (ou presque), et des Espagnols avec le sourire (en coin), le Mister a dorloté les égos du vestiaire. Ángel Di María, malgré des envies de départ, est lui aussi rentré dans le rang. Le hic, il est sur le terrain. Depuis le début de saison, le Santiago Bernabéu a vu de tout. Entre phases à la technique léchée et pions de CR7, il y a eu beaucoup de déchets. Trop pour l’antre merengue. Sans maîtrise au milieu de terrain, les Madrilènes ont déjà lâché du lest par rapport à leur ennemi barcelonais et leur rival de la capitale – le Real pointe à cinq points du duo de leaders. Mieux en Ligue des champions, ils peuvent surtout remercier Xabi Alonso. De retour à la compétition dans le courant de l’automne, le Basque a régulé le jeu « de possession » prôné par Carlo Ancelotti. Toujours pas prolongé, le big boss du BTP espagnol devra faire vite. Car sans son maître à jouer, le Real Madrid tangue sévèrement.
Le Pays basque ne connaît pas la crise, le Yellow Submarine au top des charts
Le Pays basque est la région espagnole la moins touchée par la crise. Ce, en partie grâce à son industrie implantée historiquement. Sur les gazons verts, idem : les ouvriers basques ont bien travaillé depuis le top-départ de la Liga. Respectivement quatrième et cinquième, l’Athletic Bilbao et la Real Sociedad sont pour le moment européens. Et devraient le rester. Les Leones, heureux propriétaires d’un San Mamés flambant neuf, se sont rapidement remis du départ de Bielsa. Ernesto Valverde fait même mieux que le Loco. Son Athletic, toujours invaincu à domicile, peut se targuer d’être la seule équipe espagnole à avoir fait tomber le Barça. À quelques kilomètres de là, à San Sebastián, la Real Sociedad pointe à quatre longueurs de son voisin. Dans le dur en début de saison – Ligue des champions oblige –, les Txuri-Urdin ont repris les fondamentaux. Avec leur jeu léché, et un Antoine Griezmann au top, ils sont toujours dans la course à la C1. Le derby basque du 5 janvier devrait valoir son pesant de cacahuètes. Pour compléter ce trio d’outsiders, le promu Villarreal est la cure de jouvence de cette Liga. Dans un Madrigal toujours plein, le Yellow Submarine a déjà tenu en échec Merengues et Colchoneros. Costauds derrière, les ouailles de Marcelino Garcia Toral s’appuient sur leurs formidables mobylettes offensives. Bilan à la (presque) mi-saison : 28 points, et un maintien déjà assuré.
Embouteillage dans le ventre mou, indécision pour la relégation
Le FC Séville mis à part, le ventre mou de Liga est proche de l’obésité. Avec six clubs en trois points, il y a embouteillage. Getafe, et son stade qui sonne toujours aussi creux, mène la danse devant des clubs de la côte (Espanyol Barcelone, Málaga, Levante), Grenade mis à part. Parmi eux, le FC Valence. Avec un tout nouvel entraîneur – le récent champion d’Argentine, Pizzi –, les Chés vont devoir redresser la barre. Sur courant alternatif, Mestalla attend des jours meilleurs. Et cela pourrait passer par le rachat du club par un milliardaire de Singapour. Affaire à suivre… Dans le bas du classement, la 18e place reste vacante. Pour le moment occupée par Osasuna, elle titille toujours du regard Elche, Celta Vigo, Almería et Valladolid. Déjà aux oubliettes, le Rayo Vallecano et le Betis Séville tirent sévèrement la gueule. Pas tout à fait distancé, le fanion de Vallecas paie son anarchisme chronique (dans les tribunes, dans sa direction, et sur le terrain). Pour le Betis, la situation est encore plus chaotique. Après avoir évincé Pepe Mel (ex-champion de la longévité sur un banc espagnol), la direction Beticos doit faire face à des joueurs absents : avec la tête en Australie – le rêve actuel de la jeunesse outre-Pyrénées – et la barrière de corail et les ornithorynques à découvrir, le Betis est déjà en vacances. Problème, c’est six mois trop tôt…
Par Robin Delorme, à Madrid