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Alors cet Ajax Amsterdam, gros bonnet ou petit poucet ?
Demi-finaliste la saison passée, le club qui a fait passer le Real Madrid et la Juve pour des poussins retrouve la phase de groupes de la Ligue des champions contre Lille, ce mardi soir. Mais alors que l’Ajax devrait susciter une crainte mêlée d’admiration par son statut, son début de saison laborieux fait plutôt pencher la balance de l’autre côté. Alors dans quelle case ranger ces Lanciers ?
Dans le monde du sport, le statut de promu recèle bon nombre d’avantages. Pas vraiment pris au sérieux par la plupart de leurs adversaires dans leur nouvelle ligue, surfant sur la dynamique de leur promotion, moins lisibles que les éternels habitués de ladite ligue, ces « petits poucets » arrivent régulièrement à profiter de ces éléments lors de leur première saison post-montée. Un effet de surprise que l’Ajax a su faire fructifier à merveille en Ligue des champions la saison dernière, après trois ans d’absence dans la compétition. Le Real Madrid et la Juve seraient-ils tombés dans le piège de la facilité si une autre grosse cylindrée s’était dressée face à eux plutôt que l’Ajax ?
Mais dans la belle histoire que peuvent écrire certains promus survient fréquemment un chapitre beaucoup moins glorieux : l’année d’après. L’année où l’effet de surprise disparaît, où les cadors veulent éviter une deuxième humiliation, où ces « petits » ne bénéficient d’aucun traitement de faveur. L’année, également, où la plupart des piliers de l’épopée précédente sont partis voguer vers d’autres horizons. Cette année, c’est celle que s’apprête à connaître l’Ajax, qui coche toutes les cases d’un deuxième exercice beaucoup plus périlleux.
Alors oui, le club de la capitale néerlandaise possède un statut, né de son parcours de la saison dernière, propre à faire trembler n’importe quelle institution de Ligue des champions. Oui, l’Ajax a su conserver la majorité de ses pièces-maîtresses de la cuvée précédente (Onana, Blind, Tagliafico, Van de Beek, Tadić, Ziyech, Neres…). Oui, l’Ajax n’a rien perdu de son enthousiasmante folie offensive et des divins automatismes de son trio offensif. Et enfin, oui, l’Ajax est bel et bien le seul club de son groupe à avoir disputé la Ligue des champions l’an dernier, contrairement à Chelsea, Valence et Lille qui devraient mettre un peu de temps à se mettre dans le bain.
L’été meurtrier
De là à en faire l’un des favoris de ce groupe B, il n’y a qu’un pas que la majorité des spécialistes du club néerlandais ne franchissent pas. Et pour cause : l’équipe qui paraissait avoir tant de certitudes l’an passé semble aujourd’hui dépourvue de repères et percluse de doutes, à commencer par son entraîneur Erik ten Hag, qui cherche encore son équipe type. S’il se doutait bien que la perte des tauliers Matthijs de Ligt, Frenkie de Jong et Lasse Schöne serait difficilement compensable, il n’imaginait peut-être pas à quel point ses jeunes recrues (le Roumain Razvan Marin, le Mexicain Lisandro Martínez) auraient du mal à prendre le pli.
Le onze de départ est ainsi un véritable jeu de chaises musicales, sans parler de la foultitude de joueurs (dont Tadić) trimbalés de poste en poste sans succès. L’exemple le plus frappant ? Daley Blind, qui devait évoluer en tant que milieu cette saison, se retrouve contraint de jouer les pompiers de service en défense centrale pour compenser les prestations catastrophiques de Martínez… parachuté un cran plus haut. Et si les premières corrections administrées en Eredivisie ne veulent pas dire grand-chose, les observateurs auront noté les grosses difficultés en défense et au milieu remarquées contre le PAOK et l’APOEL Nicosie en tours qualificatifs de Ligue des champions.
Nouvelles ambitions
Galérer en début de saison n’a en soi rien de grave pour l’Ajax, habitué à perdre ses meilleurs éléments de la saison passée et reconstruire avec des petits nouveaux ou des jeunes loups. Sauf que l’odyssée de la saison dernière – et l’augmentation significative de revenus qui va avec – a donné de nouvelles idées aux huiles du club. Objectif affiché : se rapprocher du cercle des grosses puissances économiques du Vieux Continent (en atteignant la barre des 200 millions d’euros de budget), une nouvelle ambition qui va de toutes les façons devenir une nécessité avec la réforme de la Ligue des champions. Autant dire qu’un mauvais résultat contre Lille ferait tache et replongerait l’Ajax dans un rang de « club de coups » et de cycles, une étiquette incompatible avec les hauts sommets recherchés.
Par Douglas de Graaf