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Alors, Baggio : catogan, queue de cheval ou mulette ?
Durant sa carrière professionnelle, Roberto Baggio n'a soulevé que deux coupes. Celle de l'UEFA en 1993, et celle d'Italie en 1995, à chaque fois avec la Juventus. Mais sa coupe la plus célèbre, l'attaquant italien l'a portée sur la nuque pendant plus de quinze ans. Un objet non identifié, que même les spécialistes ont du mal à définir.
« La coupe de Roberto Baggio se situe entre la mulette et la queue de cheval, hésite Alain Pichon, coiffeur de stars et juge pour l’émission Hair, diffusée sur TF1 et la BBC, avant de trancher. En se coupant les cheveux sur le haut du crâne, il s’est donné un côté radical, plutôt mulette. » La planète entière se serait donc trompée en surnommant l’animal « Il Divin Codino » ( « le Divin à la queue de cheval » ) pendant des années. Et le trombinoscope du garçon donne raison à notre spécialiste : avant de rejoindre la Juventus en 1990, c’est bien une nuque longue que Roby laisse fièrement tomber sur les cols des maillots de Vicenza, puis de la Fiorentina.
Quelques perles
La fameuse mulette, dont les ravages effectués dans les années 80 hantent encore les mémoires des plus de quarante ans. Rien à voir avec un catogan, beaucoup plus classe, comme on aime à le penser. Car, comme le précise Alain Pichon, qui coiffe aujourd’hui David Beckham et a travaillé avec Britney Spears, Kylie Minogue ou les princes Harry et William, ce qui caractérise le catogan, « c’est d’avoir un ruban, et d’en faire un nœud à la base de la queue de cheval. Ce qui ne doit pas être pratique à porter sur un terrain de football » . Et probablement pas autorisé par le règlement de la FIFA. Faute de ruban, Baggio a épisodiquement opté pour quelques perles, accrochées sur une chevelure tressée. « Ce qui lui donnait une allure sud-américaine, où on voit pas mal de longueur avec des cheveux frisés comme les siens, un peu macho » , juge Pichon.
Mais alors, comment arborer la même coupe que Roberto Baggio, si l’envie de lui rendre hommage vous prend soudainement, comme ce fut le cas, un temps, du Tunisien Chaouki Ben Saada ? « Ce qu’a fait Baggio, c’est qu’il a gardé une bonne portion de cheveux sur l’arrière, ce qui fait un contraste avec le devant et les côtés. Et donne de la valeur à sa queue de cheval. Ce qui démontre une personnalité assez importante, explique notre expert. Mais plus que du volume, il y a besoin de longueur, pour se faire une telle coupe. Après, plus il y a d’épaisseur, mieux c’est. »
Une façon d’attirer l’attention
Cette coupe de cheveux, sorte d’hybride entre la mulette rassemblée avec un élastique, la queue de rat et la queue de cheval, celui qui représente la quatrième génération de coiffeurs de sa famille ne l’avait jamais observée auparavant. Si l’intérêt pour le joueur italien ayant le plus marqué l’histoire du football de son pays est bien entendu esthétique, il est également devenu, au fil du temps, un atout marketing. « Lorsqu’il courait, sa coupe de cheveux donnait l’aspect d’une queue de cheval qui volait au vent. Donc on le remarquait tout de suite, même de très loin. Et cela accentuait la rapidité de ses mouvements » , analyse le coiffeur, le temps de se muer en expert footballistique.
Si, en inventant cette coupe, l’homme de Vénétie espérait lancer une mode, c’est raté comme un penalty en finale de Coupe du monde. En revanche, le caractère unique de cet appendice lui a permis, presque autant que son talent balle au pied, de marquer l’histoire. « Il y a une compétition chez les footballeurs, au niveau du look » , conclut Alain Pichon, qui sait de quoi il parle, après avoir coiffé David Beckham durant sept ans. « Cela leur permet d’attirer au maximum l’attention, et donc les médias. » Et de faire craquer Madonna, qui l’a qualifié de « joueur le plus mignon » de la Coupe du monde 1994. Pas le plus désagréable des trophées.
Par Mathias Edwards