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Alonso et le Chelsea nouveau
Acheté 27 millions d’euros cet été, Marcos Alonso commence à rentabiliser son transfert. Homme clé du nouveau 3-4-3 de Chelsea, le Madrilène a pas mal bourlingué avant de revenir en Premier League. Et a surtout beaucoup appris en Serie A.
Le déclic a eu lieu lorsque Chelsea était à terre, et avait plus la gueule d’un cadavre que d’un postulant au titre de champion d’Angleterre. Après 55 minutes passées en enfer du côté de l’Emirates Stadium, les Blues sont menés 3-0. Autant dire que l’issue de la rencontre est déjà actée. Sauf que pour un tacticien comme Antonio Conte, humilié par Arsène Wenger lors de cette sixième journée, une demi-heure de jeu qui ne sert à rien, c’est exactement ce qu’il lui faut. Pour quoi faire ? Pour tester l’idée qu’il a derrière la tête depuis le début de la saison et, en quelques sortes, « italianiser » son Chelsea. Autrement dit, essayer une défense à trois dans une équipe qui n’a jamais connu ce système. Pour imposer ce style qui lui ressemble tant, Conte compte sur un homme en particulier : Marcos Alonso.
Ce dernier prend la place, numériquement parlant, du terne Cesc Fàbregas et vient se placer dans le couloir gauche, décalant César Azpilicueta à droite et laissant derrière lui un trio Cahill-Luiz-Ivanović. Voilà comment, par la présence d’un seul joueur, Chelsea a ressuscité. Car depuis cette raclée londonienne, Alonso est devenu un titulaire quasi indiscutable en l’espace de deux parties (face à Hull et Leicester), toutes remportées dans un 3-4-3 où il joue un rôle essentiel. Alors oui, il ne s’agit que de six points et 180 minutes. N’empêche que cela représente les deux seuls clean-sheets du club si l’on excepte la troisième journée (3-0 contre Burnley). Surtout, on a revu un Chelsea serein et tout en maîtrise. Autant dire que ça change.
Ancien de Premier League
À la base de ce début de renaissance, Alonso donc. Acheté près de 27 millions d’euros dans les dernières heures du mercato, l’Espagnol a vu les amateurs de Premier League qui ne suivent pas la Serie A l’accueillir avec un gros point d’interrogation. Qui est ce joli brun à la mèche énervante formé au Real Madrid et qui n’a joué qu’une seule fois avec l’équipe professionnelle de la Maison-Blanche ? Logiquement, la réponse met du temps à venir. Arrivé sur le tard, Alonso n’a porté le maillot bleu pour la première fois que le 20 septembre. 120 minutes de Coupe contre Leicester, déjà, dans une team bis où il n’avait pas été franchement meilleur que ses partenaires. Ce fut sa seule apparition avant Arsenal.
Pour en savoir un peu plus sur ce joueur, il fallait donc que les fans de Stamford Bridge reviennent sur sa carrière. Avec un peu de chance, ils avaient reconnu ce grand gaucher de 188 centimètres qui était venu s’imposer au Bridge avec Sunderland le 19 avril 2014. Parce que le bonhomme connaît déjà la Premier League. Après avoir quitté le Real en 2010, Marcos Alonso Mendoz, de son nom complet, s’engage à Bolton. Il y reste trois ans, mais ne réalise qu’une saison pleine, en 2012-2013. Suffisant pour que la Fiorentina le remarque et le fasse signer libre. Là non plus, le gamin ne fait pas d’étincelles et est prêté à Sunderland après seulement trois matchs en six mois. Un endroit où Alonso commence enfin à prendre son envol, s’imposant dans le onze type. De retour à la Fio, le latéral gauche se met alors au boulot pour s’adapter à la Serie A et ses exigences tactiques. Une étape primordiale dans sa carrière.
L’école Serie A
« L’Italie possède un championnat très compétitif. Tactiquement, les défenses sont parfaites. Il y a également un gros boulot réalisé sur le domaine physique. Donc je pense qu’il est très enrichissant pour un défenseur de jouer en Italie, témoigne sur le site internet de Chelsea celui qui jouait sur l’aile gauche d’une défense à cinq, mais aussi parfois comme arrière central gauche.Ce fut pour moi deux grandes années, j’ai beaucoup joué et accumulé de l’expérience dans un pays différent. Sur et en dehors du terrain, vous apprenez de nouvelles choses, et je pense que cela a fait de moi un meilleur joueur, plus mature mentalement. » À l’aise balle au pied, très porté vers l’avant, le fils de Marcos Alonso Peña (ancien joueur de l’Atlético et du Barça) dispute 53 rencontres de Serie A en deux saisons avec la Viola et commence même à planter des buts (un lors de la première, trois lors de la seconde).
Les chiffres aussi confirment sa mutation : à Florence, il devient plus précis (il passe au-dessus des 80% de passes réussies par match en moyenne), plus décisif (sept passes décisives sur les deux saisons sur huit dans l’intégralité de sa carrière) et plus régulier (2346 minutes en championnat en 2015-2016, son meilleur score). Bref, après avoir connu l’Espagne, l’Angleterre et l’Italie, il devient un bon joueur de foot. « J’ai appris le foot un peu partout, ce qui est un avantage parce que vous devenez un joueur plus complet. » Capable de transformer définitivement un Chelsea qui se cherche depuis des années ?
Par Florian Cadu