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Allemagne/Portugal : remake ou revanche ?
Rien ne se crée. Tout se transforme. Le credo est plus que jamais vrai pour l'Allemagne et le Portugal. Entre leur rencontre du 10 juin 2012 à l'Euro et ce match de Coupe du monde 2014, les deux sélections n'ont pas véritablement de nouveautés à apporter, seulement des ajustements. Alors deux ans après, pour ouvrir leur compétition, faut-il s'attendre à un remake ou à une revanche des Portugais ?
Le match du 10 juin 2012
Dans un groupe déjà compliqué à l’époque – avec les Pays-Bas et le Danemark – le Portugal et l’Allemagne savent qu’un mauvais résultat oblige ensuite à un sans-faute. L’important, c’est les trois points, hein. La Nationalmannschaft a la mainmise sur la balle (56 % de possession de balle) et impose son rythme, sans pour autant se montrer dangereuse. En pointe, Mario Gómez est introuvable en dehors d’une tête en début de match – au grand dam de Mesut Özil, rayonnant, disponible et alerte entre les lignes. Le Portugal se permet quelques incursions en réponse, lorsqu’il récupère la chique, notamment grâce à Cristiano Ronaldo. Sauf que Neuer et Boateng tiennent le choc sur ses tentatives et, sur un centre contré, comme par magie, Gómez trouve un petit bout d’espace entre Pepe et Bruno Alves. Sa seconde tête du match est parfaite.
L’Allemagne s’impose à l’allemande. En souffrant, avec labeur. Tout à l’inverse du beau jeu de 2010, pour enfin remporter le titre cette fois-ci ? C’était sans compter sur la malédiction italienne. De son côté, le Portugal réagit bien après cette première défaite et monte en puissance lors des matchs contre les Pays-Bas et le Danemark. Seuls les tirs au but en demi-finale lui sont fatals, contre les Espagnols, futurs vainqueurs de la compétition.
Ce qui a changé, depuis, en Allemagne
Peu de choses bougent avec Joachim Löw. L’Allemagne reste stable dans son effectif et sûre d’elle-même : Boateng est toujours là pour occuper le flanc droit de la défense, par exemple. Mais quelques joueurs ont disparu entre les deux tournois, et pas des moindres. Holger Badstuber revient à peine de deux années de galère, Gündoğan n’a pas connu la saison 2013-2014 et surtout Mario Gómez a perdu sa place dans les 23 à cause d’un genou récalcitrant depuis son départ pour la Fiorentina. Or, Gómez avait été l’assassin des Portugais. Autre modification majeure : Philipp Lahm a réaffirmé son souhait de ne plus occuper le flanc gauche. Résultat, sa place devrait être au milieu de terrain, juste devant la défense, laissant le couloir à Höwedes. Tandis qu’Özil, homme du match en 2012, est contesté aujourd’hui et ne devrait pas être titulaire. Mais méfiance : Mesut est toujours dans le coup pour les matchs officiels de l’Allemagne.
Ce qui n’a pas changé, depuis, au Portugal
Dans l’effectif et dans l’équipe type, c’est un véritable copier-coller qui s’annonce chez la Seleção. Les Portugais ont le même gardien, la même défense, le même dispositif, le même sélectionneur. Et le même Cristiano Ronaldo ? Avec la qualification acquise en barrages contre la Suède, avec son second Ballon d’or, avec la decima, avec Gareth Bale, avec le Bayern Munich répudié 5-0, CR7 n’est plus exactement le même. Il a éteint son côté loser qui finit toujours derrière Messi et les Allemands peuvent avoir peur de lui. Schweinsteiger, Lahm, Neuer et Müller peuvent en parler à leurs coéquipiers.
Ce que doit faire le Portugal pour gagner cette fois-ci
Cristiano Ronaldo et Nani n’ont même pas besoin de courir à 37 km/h comme Robben. En face d’eux, ce soir, ils auront des défenseurs centraux : Boateng et Höwedes. Autant dire qu’avec la force de percussion et la rapidité de ses deux attaquants, le Portugal aura des opportunités s’il passe sur les côtés. En fait, la relative lenteur de la défense allemande et l’envie de Joachim Löw de monopoliser le ballon sont des appels au jeu de transition pour les Portugais. Pour Paulo Bento, il faudra faire comme Ancelotti contre le Bayern, dans l’idée et dans l’envie. La solution pour gagner est là. Après, si Hélder Postiga, malgré sa magnifique moustache, n’arrive pas à conclure, c’est une autre affaire.
Ce qui ne se passera pas
Le remake de 2012 n’aura pas lieu. D’une, l’Allemagne est incapable de conserver son but inviolé. Depuis un an, l’arrière-garde est un chantier pour lequel Löw est aussi instable que les joueurs qu’il y place. La charnière Hummels-Mertesacker commence lentement à s’imposer comme une évidence. Mais avec l’absence de Schmelzer et Jansen et l’envie de faire jouer Lahm comme le fait Guardiola en club, Joachim Löw s’est tiré une balle dans le pied. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura du jeu. Et des buts. Beaucoup, et des deux côtés. Imaginez Cristiano Ronaldo évoluant en Bundesliga. Reste à savoir à qui profite le crime.
Le cauchemar de Ronaldo – le vrai
Miroslav Klose entre à la 80e. Trente secondes après, sur son premier ballon, il ouvre le score d’un plat du pied à deux mètres du but vide. Dans les arrêts de jeu, un penalty généreux est accordé aux Allemands. Qui se présente ? Klose. Et le record de Ronaldo explose en vol. La fin d’une époque…
Par Côme Tessier