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Allemagne-France : une demie et une pression
Pour la première demi-finale de leur histoire dans un Euro, les Bleues s'attaquent à un gros morceau ce mercredi soir à Milton Keynes (21h) : l'Allemagne. Octuple championne d'Europe, la Frauen-Nationalmannschaft, qui n'a plus remporté le moindre titre depuis six ans, cherche à renouer avec son passé glorieux, avec un groupe qui ressemble à celui de Corinne Diacre dans les grandes lignes. À une différence près, et elle est de taille : les joueuses de Martina Voss-Tecklenburg sont redoutablement efficaces, offensivement comme défensivement. Pour l'emporter, il faudra donc piquer aux Allemandes leurs deux adjectifs préférés : « clinique » et « chirurgical ».
La formule est connue : attention à l’animal blessé. Alors qu’au début de l’Euro, les bookmakers classaient l’Allemagne au second – voire au troisième – rang des prétendants au titre final, l’équipe de Martina Voss-Tecklenburg s’est affirmée comme une candidate plus que solide. Seule nation du tournoi à ne toujours pas avoir encaissé de but et coupable de quelques coups d’éclat (4-0 contre le Danemark, 3-0 contre la Finlande…) la Frauen-Nationalmannschaft avance masquée, mais avec une sérénité déconcertante. Et ce n’est pas l’absence de l’ailière gauche Klara Bühl, laquelle manquera la demi-finale contre la France en raison d’un test positif au Covid, qui y changera grand-chose. Comme les Bleues, les Allemandes représentent un groupe mixte, composé de cadres d’expérience (Däbritz, Huth, Hendrich, sans oublier Alexandra Popp) chargés d’entourer une nouvelle génération qui commence à s’affirmer au plus haut niveau (Giulia Gwinn, Jule Brand, qui devrait démarrer à la place de Bühl, et surtout, Lena Oberdorf au milieu de terrain). Et comme les Bleues, les Allemandes ont un titre à aller chercher. Mais pas pour les mêmes raisons, puisqu’elles ont déjà remporté l’Euro six fois d’affilée entre 1995 et 2013. Sauf que depuis, hormis une médaille d’or aux Jeux olympiques, que dalle. Ce championnat d’Europe est donc là pour prouver à chacun que l’Allemagne, en dépit de sa cinquième place au classement FIFA, reste un géant du football mondial. Endormi peut-être, mais plus que jamais prêt à se réveiller. En tout cas, « ce sera du 50-50 », jurait la sélectionneuse allemande Martina Voss-Tecklenburg qui, elle-même, reconnaît « des similitudes » entre les deux équipes et « [s]e réjouit d’avance de ce match très excitant qui arrive. »
L’Allemagne, ça vous gagne
Comme face aux Pays-Bas, vainqueur de l’édition précédente, l’équipe de France ne partira donc pas favorite. Mais là encore, les Bleues sont prêtes à partir au combat sans complexe : « Il n’y a pas de doutes, mes joueuses ne doutent pas. Elles sont confiantes, et conscientes de ce qu’elles n’ont pas réussi à faire sur le dernier match, affirmait Corinne Diacre en conférence d’avant-match. Il n’y a aucune inquiétude de notre côté. Nous n’avons fait aucun travail psychologique spécifique, il n’y en a pas besoin. » Sans complexe ne veut pas dire avec arrogance. Pour la capitaine Wendie Renard, la France et l’Allemagne sont « deux grandes nations du football », à la seule différence que « [le palmarès des Bleues] est vierge. Mais on est toutes les deux en demi-finales, donc à nous d’être déterminées et efficaces dans les deux surfaces ». Si l’on aime associer l’Allemagne avec les adjectifs « clinique » et « chirurgical » , en demi-finales, la France devra absolument se les approprier elle aussi car, contrairement à des Néerlandaises en fin de cycle, les Allemandes sont en pleine possession de leurs moyens et ne devraient certainement pas être aussi passives, ni en manque de réussite. Leurs dernières sorties en sont la meilleure illustration.
Alors comment faire ? « Je ne vais pas vous révéler le secret pour percer la défense allemande, mais j’en ai déjà parlé avec mes attaquantes », a glissé Corinne Diacre, sans donner le moindre indice sur son XI de départ, mais en rappelant que, là encore, « le plan de jeu restera le même ». En tout cas, d’un point de vue symbolique, ni la sélectionneuse ni sa capitaine ne se reconnaissent dans le passif footballistique entre la France et l’Allemagne. Tout au plus Wendie Renard admet-elle que « les France-Allemagne ont toujours été des gros matchs, et c’est ce qu’on aime ». Corinne Diacre, pour sa part, assure que le groupe « n’a pas cet état d’esprit depuis le début de la compétition. On est concentrées sur nous et sur ce qu’on doit améliorer. On n’est pas dans l’idée de « faire quelque chose » face à cette grande nation qui est surtitrée. Il faut juste qu’on reste concentrées sur l’objectif que l’on s’est fixé. » Comprendre : la finale. « Vu ses qualités, si la France l’emporte, sa place à Wembley sera méritée », a conclu Martina Voss-Tecklenburg. En attendant, Wendie Renard a divulgué le programme à venir : « Ce sera un combat » . Et elles sont 22, prêtes à l’emporter.
Par Julien Duez, à Milton Keynes