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Allemagne-France : ce n’est qu’un au revoir, les Bleues

Par Julien Duez, à Milton Keynes
5 minutes
Allemagne-France : ce n’est qu’un au revoir, les Bleues

Voilà, c'est fini. L'équipe de France a encore perdu, et l'équipe de France ne gagnera encore pas un tournoi majeur. Pourtant, si cet Euro 2022 laisse un goût amer en bouche, impossible de remettre en question la supériorité de l'Allemagne et le mérite de sa qualification en finale. Les Françaises ont perdu contre plus fort qu'elles, tout simplement. Et si le constat est cruel, il ne doit pas faire oublier que d'autres échéances attendent les Bleues et qu'elles arriveront très vite. Alors, on continue de voir le verre à moitié plein ?

Il n’y a pas vraiment d’équivalent allemand au néologisme « seum » . En revanche, nos voisins ont un mot qui colle bien aux circonstances de cette nouvelle élimination française : Schadenfreude, soit le fait de se réjouir du malheur d’autrui. Au vu de la rage affichée par Alexandra Popp pendant et après le match, celle qui a logiquement été élue joueuse de la rencontre après son doublé face à la France n’allait certainement pas s’excuser d’avoir brisé le rêve des Bleues. « Pas un pékin n’avait mis une pièce sur nous, et maintenant, on est en finale. Contre l’Angleterre. À Wembley. » Au micro de la ZDF, la buteuse savourait sa revanche, non pas sur la France, mais sur la vie. Elle qui, à 31 ans, n’avait encore jamais participé à un championnat d’Europe pour cause de blessures en est désormais à six buts. Soit autant que l’Anglaise Beth Mead, qui caracole en tête de la course au Soulier d’or et qu’elle affrontera donc en duel dimanche prochain.

« L’objectif n’est pas de remporter le Soulier d’or, c’est de remporter l’Euro, a rectifié l’intéressée en conférence de presse. Et si je prends le Soulier d’or au passage, ce sera juste la cerise sur le gâteau. Ce soir, nous avons montré de quoi nous sommes capables. On a beaucoup parlé des qualités individuelles de cette équipe, mais il fallait le montrer sur le terrain, et c’est ce que nous avons fait face à la France. » De cette victoire logique, la sélectionneuse Martina Voss-Tecklenburg retenait, elle, que « la France allait être un adversaire très difficile à affronter », mais que l’Allemagne a « mérité [sa] place en finale », tout en reconnaissant que les Bleues pouvaient être « fières de la performance qu’elles ont accomplie dans cet Euro » et qu’il existe « des parallèles entre cette équipe et la nôtre : nous avons toutes les deux des personnalités avec de l’expérience, mais aussi de jeunes joueuses qui disputaient ici leur premier tournoi majeur. Si la France continue sur cette voie, je lui prédis un grand avenir. »

Un jour, l’équipe de France fera vibrer le monde entier, j’y crois.

Pas assez cliniques

Corinne Diacre appréciera sûrement le compliment, elle qui a façonné son groupe depuis trois ans et brisé le plafond de verre des quarts de finale, une victoire symbolique s’il fallait en retenir une au milieu de cet océan de déception associée à une équipe de France qui semble condamnée à jouer les seconds couteaux, même parmi les favorites. Cependant, il est à souligner que, comme après la victoire contre les Pays-Bas, la sélectionneuse ne s’est pas cachée derrière son petit doigt et l’excuse des deux jours de récupération en moins que ceux dont a bénéficié l’Allemagne : « On a vu certaines joueuses un peu en dessous de leur niveau habituel, c’est sûr, mais malgré tout, on n’a rien lâché. Et si on avait eu 48 heures de plus… on ne sait pas non plus quel aurait été le scénario du match. Je pense qu’il ne faut pas oublier la prestation de l’Allemagne qui a été à la hauteur de son rang : puissante, athlétique et efficace. »

Pour les Bleues, c’est surtout le dernier adjectif qui aura manqué. Face à l’Allemagne, elles n’ont cadré que deux de leurs quatorze tentative, et leur but ne compte même pas dedans puisqu’il est l’œuvre d’un CSC malheureux de la gardienne Merle Frohms. Bis repetita après la victoire aux forceps contre les Néerlandaises qui en avait donc été un avant-goût (11 tirs cadrés sur 33 et victoire 1-0 sur penalty en prolongation). « On a eu tous les éléments, il nous a manqué un peu d’efficacité. Ça ne s’est pas joué à grand-chose. On a tout donné, on voulait entrer dans l’histoire des Bleues. Je pense qu’on peut déjà se féliciter de notre parcours parce qu’arriver en demi-finales, ce n’est pas facile », se désolait au micro de TF1 Selma Bacha, autrice d’une nouvelle prestation remarquée contre l’Allemagne. La jeune Lyonnaise, à l’image de ses coéquipières, a cependant tenu à adresser un message d’espoir aux supporters tricolores : « Un jour, on y arrivera. Il faut y croire, les échecs font partie d’une carrière. On reviendra plus fortes, j’en suis sûre et certaine. On est fières de nous. Un jour, cette équipe de France fera vibrer le monde entier, j’y crois. »

Vol 714 pour Sydney

Oui, mais quand ? Parce qu’en attendant, cette équipe de France reste bel et bien abonnée aux rendez-vous ratés, et les deux ans de pandémie n’expliquent pas tout. Pendant que le foot français manquait de capitaliser sur le succès de son Mondial 2019, l’Angleterre, elle, multipliait les mesures charnières au sein de son championnat, élevant ainsi le niveau de jeu de son équipe nationale tout en s’assurant un soutien populaire de plus en plus important et dont la finale à domicile n’est que la juste récompense. Pour les Bleues, le Mondial 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande constituera une première opportunité de « revenir plus fortes », pour paraphraser Selma Bacha. Sans oublier les Jeux olympiques, que la France avait manqués à Tokyo pour cause d’élimination prématurée face aux États-Unis en 2019, mais qu’elle est assurée de disputer à Paris, en 2024, en qualité de nation-hôte.

« Tout n’est pas à jeter, même si, à l’instant T, c’est la déception qui prime. On ne peut pas se satisfaire de perdre, mais on a construit des choses, il nous faut juste encore un peu de temps. Ce soir n’était pas notre soir, et cette compétition n’était peut-être pas la nôtre », concluait Corinne Diacre face à la presse avec un sourire triste. Habituée à brouiller les pistes, la sélectionneuse n’a rien laissé filtrer quant à son avenir à la tête des Bleues, et ce, alors que Noël Le Graët avait sous-entendu en plein tournoi que l’intéressée pourrait être prolongée jusqu’en… 2023. « En tout cas, les fondations sont solides. On a bâti quelque chose d’important, avec un groupe très sympathique, travailleur et qui n’aime pas perdre. Donc c’est de bon augure pour la suite. » On ne demande qu’à la croire. Mais on y croit quand même de moins en moins. C’est aussi ça, le réalisme à la française.

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En déplacement, l’Allemagne et les Pays-Bas déçoivent
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