- Coupe d'Italie
- Finale
- Juventus-Milan
Allegri-Gattuso, l’amour vache
En finale de Coppa ce mercredi, Massimiliano Allegri fera face à Gennaro Gattuso. Des retrouvailles que les deux Mister ont anticipé, en multipliant les louanges l'un envers l'autre ces dernières semaines. Reste que tout n'a pas toujours été rose entre Max et Rino, que ce soit lorsque le premier entraînait le second à Milan, ou encore quand les deux hommes se sont croisés à Pérouse comme joueurs, au milieu des années 1990.
En surface, ça ressemble à un simple échange entre vieilles connaissances. Avant que la Juve et le Milan ne s’écharpent en finale de Coupe d’Italie, Massimiliano Allegri avait déjà retrouvé Gennaro Gattuso en Serie A, le 10 mars dernier. Et n’avait que des choses sympas à dire, quand il s’agissait de parler de son ancien joueur : « Il est venu à Milan, il fait obtenir à l’équipe des résultats et développe du jeu. Ces dernières années, il a vécu de nombreuses expériences. Nous devons le féliciter pour ce qu’il fait. » Gattuso, lui, avait choisi d’être plus synthétique : « En ce moment, c’est le plus grand entraîneur en Italie. »
Il était une fois Perugia
Un respect mutuel sincère, qui dissimule néanmoins un passé commun plus orageux. Car Massimiliano Allegri et Gennaro Gattuso sont de vieilles connaissances. Pour trouver trace de leur première rencontre, il faut rembobiner les bandes jusqu’en 1995. À l’époque, Gattuso fait, à 17 ans, ses débuts dans l’équipe première de Pérouse, en Serie B, où il a effectué toute sa formation. L’année choisie par Massimiliano Allegri, milieu de terrain baroudeur de 28 piges passé par plusieurs formations de Serie A, B et C, pour débarquer en Ombrie et s’imposer au milieu de terrain. Au point qu’il hérite du brassard de capitaine.
Pendant deux ans, jusqu’en 1997, les deux joueurs évoluent ensemble, se croisant sans vraiment se voir. Sans doute une histoire de statut et de génération : Gattuso, encore très jeune, joue peu, quand Allegri est un cadre de l’équipe. Rino gardera ainsi un souvenir contrasté de cette période : « J’avais 17 ans et il était mon capitaine. Il m’a toujours respecté, comme un joueur authentique » , racontait-il récemment, avant de conclure par un taquet, moins amical : « Aujourd’hui, comme entraîneur, Allegri gère son groupe d’une manière incroyable. C’est complètement différent de la façon dont il fonctionnait avant : je me souviens qu’en tant que joueur à Pérouse, il ne pensait qu’à lui-même. »
Allegri face aux sénateurs
C’est finalement quand Allegri prendra la tête du Milan en 2010 qu’il approfondira ses relations avec Rino. Pour le meilleur comme pour le pire. Il faut dire que le gamin de Pérouse a depuis bien grandi. C’est même devenu un monstre sacré du vestiaire milanais. Un vestiaire qu’Allegri a pour tâche de rajeunir et de renouveler. Une mission délicate, alors qu’il doit jongler entre le statut et la susceptibilité des sénateurs du Milan – Inzaghi, Nesta, Seedorf, Oddo, Abbiati et bien sûr Gattuso – et les ambitions des jeunes loups de l’équipe, Kevin-Prince Boateng, Emanuelson ou encore El Shaarawy.
L’équilibre est périlleux, mais Allegri parvient à ses fins, terminant même champion d’Italie en 2010-2011, puis second la saison suivante. Non sans faire quelques sacrifices. Gattuso, en fin de carrière, sera l’un d’eux et ne jouera que six matchs de Serie A en 2011-2012. De quoi pourrir l’ambiance entre lui et Allegri. Le Mister lombard ne fera même aucun cadeau à son ex-équipier, comme lorsqu’il lui explique qu’il sera écarté lors du derby de Milan, le 6 mai 2012 : « Je suis allé dans sa chambre et je lui ai dit : « Rino, tu devras aller en tribunes. » Il a légèrement chancelé, puis sa colère a explosé. »
« Je n’étais plus le même lors de ma dernière année au club. »
Rancunier, Gattuso n’oubliera pas de tacler son entraîneur au moment de quitter Milan pour Sion, où il achèvera sa carrière de joueur. Avec Nesta, Inzaghi et Seedorf, il claque la porte du club lombard à l’été 2012, non sans aboyer une dernière fois ce qu’il a sur le cœur : « J’ai beaucoup de fierté. Le club veut me garder, mais la personne qui contrôle le vestiaire pense différemment, alors c’est difficile… Si moi et Nesta, on a fait ce choix de partir, c’est parce qu’on ne se sentait pas désiré par Allegri. » Allegri, pourtant, est convaincu que Gattuso a de l’avenir dans le coaching, et lui propose alors une reconversion dans le staff du Milan. Sans succès.
C’est finalement le temps qui fera son office pour réconcilier Rino avec son ancien entraîneur : « J’ai changé d’avis sur Allegri. C’est actuellement la seule personne capable de guider le Milan… Vous savez, je n’étais plus le même lors de ma dernière année au club. En tout cas, je n’étais plus le joueur que j’étais avant… Max avait raison, nous avons clarifié tout ça et je me suis excusé » , se repent Gattuso en janvier 2013. Cinq ans plus tard, la paix semble désormais solide entre les deux Mister. Même si, quand on lui demande quels entraîneurs l’inspirent, Rino cite dans la désordre, Sarri, Ancelotti et Antonio Conte. Pas Allegri. Qu’il prendrait sans doute un malin plaisir à défaire avec les Rossoneri ce mercredi, en finale de Coupe d’Italie.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Gazzetta dello sport, la Repubblica et Eurosport.com