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Allardyce, le perdant ordinaire

Par Maxime Brigand
Allardyce, le perdant ordinaire

Sam Allardyce est un destructeur de couples. L'homme est un esthète qui, depuis quatorze ans, donne des ordres sur les bancs de Premier League et ne sait pas se faire comprendre. Un guide qui perd plus qu'il ne gagne, qui détruit plus qu'il ne construit et qui n'a aucun style. Il est pourtant toujours là, à Sunderland maintenant, et reçoit ce dimanche son ex au cœur brisé, Newcastle. Pour se rappeler au mauvais souvenir.

Sam Allardyce est un incompris. Un courtisan qui estime n’avoir jamais été proposé à la femme de ses rêves. Cette femme-là est anglaise et est la reine du Royaume. À plusieurs reprises, en 2006, en 2010 et même encore aujourd’hui, l’entraîneur anglais a voulu prendre la tête de l’Angleterre et de sa sélection nationale. Un poste qu’il estime enfin être à sa mesure, assez grand pour ses ambitions et avec lequel, enfin, il pourrait gagner des trophées. C’est son leitmotiv : oui, il a reçu des louanges pour son travail, notamment à Bolton, mais son armoire prend la poussière à côté de sa seule récompense, un titre de champion de D4 obtenu en 1998 avec Notts County. Pour beaucoup, Allardyce n’est qu’un perdant. Ses statistiques sont faméliques. En quatorze ans passés en Premier League, il n’a remporté que 148 des 438 rencontres dirigées. Pire encore, il en a perdu bien plus, 170, ce qui porte son ratio de victoires à 33,78%. Des miettes.

L’homme qui prévoyait trop

Pourtant, sa gueule cassée semble inamovible d’une Premier League qui se plaît à le détester. Lors de son arrivée dans l’élite aux commandes de Bolton en 2001, Allardyce avait pourtant annoncé qu’il ne resterait pas plus de dix ans sur un banc après une vingtaine de saisons passées sur le terrain, dont onze dans les rangs des Wanderers. Un club qu’il aime expliquer avoir construit. En huit ans, Sam Allardyce emmènera Bolton de la seconde zone à la Coupe de l’UEFA. Il verra débarquer des joueurs étoilés, Djorkaeff, Okocha, N’Gotty, Anelka, Diouf, Hierro ou encore Ivan Campo. Un échantillon qui situe un homme, mais dont le football primaire cristallise le plus souvent la critique et agace ses confrères. En avril 2007, au sommet de son travail, Allardyce décidera alors de tout claquer. Histoire de partir par le haut et de rencontrer ses sommets. Bolton termine la saison septième. Nous sommes le 28 avril 2007.

C’est une constante. Sam Allardyce ne sait pas ce qu’il veut et son assistance ne comprend pas ce qu’il souhaite. L’homme vit dans une bulle faite de statisticiens et ne jure que par le mental. Son idéal ressemble à une forme de combat quadrillé, où chaque attaque est prévue, chaque décision conçue par avance. Il est tout ce que le football déteste : un être prévisible. Prévisible, mais contraire à ses idées. En partant de Bolton, Allardyce voulait une institution capable d’assouvir ses envies de clinquant. Bolton n’est pas prestigieux, mais il avance. Pourtant, le 11 mai 2007, enfoncé dans un siège du Claridge’s de Londres, Sam Allardyce a face à lui un président à la dérive : Freddy Shepherd, la tête pensante de Newcastle United, 13e de la saison écoulée et dont les jours sont comptés. Les deux hommes se serreront la main quatre jours plus tard, dans la salle de presse de Saint James’ Park. Allardyce prend alors un monument en perpétuelle reconstruction depuis le départ de la légende Kevin Keegan en 1999.

La communication de l’impossible

Newcastle va alors devenir le théâtre d’une double scène de ménage. La première est sportive. À peine installé, Sam Allardyce va faire son tri sélectif : Antoine Sibierski, Craig Moore, Titus Bramble et trois autres joueurs sont mis à la porte. Le nouveau coach des Magpies veut que son effectif claque, qu’il fasse peur avec des noms comme il a su le faire à Bolton où, lors de la saison 2006-07, sa dernière, près de 19 nationalités différentes se côtoyaient. Ses nouveaux hommes s’appellent alors David Rozenhal, Cláudio Caçapa, Mark Viduka, Joey Barton ou encore Alan Smith. Allardyce fait également venir ses analystes et statisticiens. Son armée sera cosmopolite et scientifique. Pour une nouvelle fois tout prévoir. L’imprévu se situe alors à l’étage. En juin 2007, Newcastle va changer de propriétaire dans le chaos le plus général. Propriétaire de Sports Direct, Mike Ashley déboule et rachète progressivement les parts du président Freddy Shepherd et de son associé, Sir John Hall. Rapidement, Ashley va porter sa participation au capital du club à 94,5% et déloger Shepherd de son trône. Chris Mort est installé et affirme vouloir faire entrer Newcastle dans « le football du XXIe siècle » . Un temps, la place d’Allardyce sera même menacée. Ce sera finalement un sursis.

Personne ne sait non plus ce qu’Allardyce a dans la tête. Il ne restera finalement que huit mois à Newcastle. Il ne remportera aucun trophée, ne tirera aucune gloire, aucune louange. Son nom est pourtant quelque part dans les tablettes du club sous l’un des meilleurs départs de l’histoire du club : huit points sur douze possibles lors des quatre premières rencontres. Mais un jeu aseptisé et les promesses de lendemain qui déchantent. La semaine, Sam Allardyce étudie avec ses gardes scientifiques son adversaire du week-end. Il le connaît par cœur, le décrypte et insiste auprès de ses joueurs : il faut se battre, remonter ses manches et faire preuve d’une force mentale sans faille. Et ensuite ? Rien. Car à tout prévoir, à jouer avec les postes de joueurs de façon aléatoire comme il le fera durant de longues semaines avec Alan Smith, Sam Allardyce tue l’essence du football. Personne ne peut improviser, personne ne sait s’adapter au cas où le scénario étudié varie d’un détail. Le morbide modèle Bolton est calqué sans succès.

« On est des merdes, on est malades »

Sir Bobby Robson, l’icône, alertera même Mike Ashley en lui demandant de faire « jouer Newcastle court et au sol. Il faut arrêter de balancer et de ne penser qu’à défendre. Où est la folie ? Où est passé le Newcastle que St James’ Park veut venir voir ? » Reste que Sam Allardyce a décidé de mourir avec ses idées. Il est comme ça, Sam, c’est un défensif qui ne sait pas jouer. Son bilan sera bancal : 21 matchs de championnat, sept victoires, cinq nuls et neuf défaites. Le tout face à un peuple intransigeant qui ne pardonne rien à l’ennui. Il faut revoir cette vieille cassette datée du lendemain de Noël 2007, le 26 décembre à Wigan. Ce jour-là, Newcastle va s’incliner 1-0 et les 5500 supporters qui ont fait le déplacement vont prendre la parole : « On est des merdes et on en est malades ! » La poésie de lendemain de fête fait tache sur le football révolutionnaire imaginé par la nouvelle direction. D’autant qu’une source interne racontera cette scène, dans le vestiaire, où les joueurs regardaient Allardyce : « Il était là, devant nous. Personne ne comprenait ce qu’il souhaitait mettre en place. C’était terrible. » Sa tête tombera onze jours plus tard. Il racontera n’avoir « jamais été heureux à Newcastle. J’ai voulu monter mon équipe de rêve, j’avais les hommes. Mais la plupart de mes gars n’ont su me montrer que ce qu’ils avaient de pire » . Kevin Keegan sera rappelé pour 17 rencontres. Newcastle terminera douzième avec des joueurs « moralement au fond, physiquement détruits » selon l’ancien sélectionneur national. Sam Allardyce, lui, reprendra sa route et ses méthodes. De Blackburn à Londres et aujourd’hui à Sunderland. Sa patte est posée. Les histoires avec lui finissent généralement mal. Sunderland a commencé la sienne par une défaite. Déjà.

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