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Allardyce, la bouée de sauvetage

Par Maxime Brigand
Allardyce, la bouée de sauvetage

Nommé juste avant le Boxing Day sur le banc de Crystal Palace trois mois après son départ brutal de son poste de sélectionneur national, Sam Allardyce se retrouve avec un dossier qu'il maîtrise comme personne en Angleterre : sauver un groupe de la chute. La vie de pompier.

Il faut s’imaginer la scène. C’était il y a maintenant un peu plus d’un mois. Trente-deux jours. Au fond de lui, l’homme ne s’attend à rien. Il se dit vidé, épuisé après avoir traversé « les heures les plus sombres » d’une carrière d’entraîneur débutée au début des années 90. Alors, il baisse la tête et griffonne sur son carnet. Il trace des lignes, dessine des courbes, pose des schémas et se gave de séquences de jeu pour se tenir prêt à rebondir. Selon son entourage, Sam Allardyce ne s’attendait pas à retrouver un poste avant janvier. La raison ? Une réputation touchée après son départ du trône de sélectionneur national en septembre dernier au bout de soixante-sept jours de mandat malgré un bilan de 100% de victoires – il n’a dirigé qu’une rencontre en Slovaquie (1-0) – au bout d’un enregistrement vidéo où il explique à des journalistes masqués sous une fausse-identité comment contourner les règles de la FA en matière de transfert.

Depuis, le Sexagénaire qui avait toujours rêvé d’avoir les commandes des Three Lions a reconnu avoir fait une « chose stupide » et s’est battu pour refermer cet épisode pour lui et sa famille. Le 26 novembre dernier, Allardyce est donc dans son salon et décortique ce qu’il se passe devant ses yeux. Il retrouve l’essence du jeu, mais assiste surtout à la chute de deux équilibres défensifs. Sur l’écran, Fernando Llorente s’agite et fête son deuxième but de l’après-midi. Le second en l’espace de quelques minutes. Swansea vient de s’imposer contre Crystal Palace (5-4) au bout d’un scénario impensable et, sans vouloir se l’avouer, Alan Pardew vient de se tirer une balle dans le pied. La victoire de ses joueurs la semaine suivante à Selhurst Park contre Southampton (3-0) ne sera qu’un sursis car les Eagles enchaînent avec un nul à Hull (3-3) et deux revers à domicile face à Chelsea et Manchester United. Entre-temps, Sam Allardyce a compilé toutes ses observations et a envoyé le dossier à Joshua Harris – grand amateur de data – et David Blitzer, les bras armés et fortunés du copropriétaire de Palace, Steve Parish.

Le pompier qui n’aurait jamais dû être libre

Pour Alan Pardew, tout s’est arrêté ainsi : juste avant Noël, à quatre jours d’un déplacement déjà décisif à Watford, dans un bureau situé dans le quartier de Soho, à Londres. Arrivé en janvier 2015 sur le banc de Crystal Palace, Pardew a commencé par sauver les Eagles de la relégation avant de les poser à une historique dixième place – meilleur classement de l’histoire du club en Premier League – et tout s’est soudain effondré. En l’espace de quelques mois et alors qu’il se voyait « construire un truc spécial » et avec un style nouveau à Palace. La chute a eu lieu en deux temps : une première partie de saison parfaite – au soir de la dix-neuvième journée, Crystal Palace est cinquième du championnat – et une seconde catastrophique malgré une finale de FA Cup perdue contre Manchester United en mai dernier. Les chiffres sont terribles : en 2016, Palace n’a remporté que six petites rencontres de Premier League soit un taux de succès de 16,6% sur l’ensemble des matchs disputés. Oui, Alan Pardew a eu la chance de rester jusqu’au 22 décembre dernier et oui, son éviction raconte beaucoup de la brutalité du métier d’entraîneur. Mais c’est une histoire qu’il faut déjà oublier.

Steve Parish, jusqu’ici soutien indéfectible de Pardew au sein du board, l’a exprimé ainsi au soir de son départ : « Nous avons tout investi ces derniers mois avec la volonté de jouer un football plus attractif. On y a tous cru. Ça n’a pas marché.(…)Les joueurs se sont arrachés pour Alan, l’esprit est bon. Mais maintenant, nous allons prendre une autre voie. » Soit, un retour sur terre malgré les qualités évidentes d’un effectif qui n’a rien à faire à la dix-septième place du championnat. À Selhurst Park, l’heure n’est plus à la quête du style, mais plutôt à la recherche du succès immédiat. Car Alan Pardew avait les moyens de ses ambitions, que ses dirigeants étaient prêts à dégainer le chéquier pour assouvir ses rêves, mais qu’il a refusé de s’adapter pour aller au bout de ses idées. Aujourd’hui, Palace n’a plus le temps pour faire des essais, il faut survivre. Dans ce cas, il faut être radical et appeler un spécialiste. Un spécialiste de la survie. Et il n’y en a qu’un. Parish a parlé d’une « chance unique » . Elle s’appelle Sam Allardyce, un mec qui n’aurait jamais dû se retrouver sur le marché à cet instant, mais qui n’a pas hésité une seule seconde. Car Allardyce connaît son sujet, qu’il a sauvé des équipes, qu’il n’est jamais descendu avec un groupe professionnel et surtout qu’il colle aux idées de la paire Harris-Blitzer. Ce qu’il a expliqué d’entrée : « Oui, on me présente souvent comme un pompier de service.(…)C’est aussi ce que les gens attendent de moi et c’est que j’ai aimé dans la présentation qu’on m’a faite quand on m’a proposé le poste.(…)Mon objectif est que ce club arrête de perdre, mais aussi de ramener un peu de joie. » Big Sam est bien de retour.

Le combat des chiffres

Alors pourquoi lui et pas un autre ? Tout simplement car Sam Allardyce a déjà sauvé Sunderland l’an dernier, Bolton à deux reprises par le passé, qu’il a maintenu un temps la barque de Blackburn et qu’il sait gérer un groupe en difficulté. De l’avis de tous, Allardyce n’est pas forcément un cador pour l’animation collective, notamment pour les causeries, mais est l’un des tous meilleurs dans la gestion individuelle. Tout simplement parce qu’il maîtrise tous les éléments et c’est ce qui plaît à la culture américaine de Harris et Blitzer. Il y a quelques mois, les deux hommes avaient offert à Pardew un statisticien et l’ancien coach de Newcastle ne s’en est que rarement servi. Allardyce, lui, est un pionnier dans le domaine et avait été l’un des premiers à y avoir recours lorsqu’il était à Bolton. Dès sa première prise de parole dans son costume de coach de Palace, il a détaillé ses convictions en pointant les difficultés défensives d’un groupe qui a déjà encaissé trente-trois buts en dix-huit matchs cette saison. « Je dois réinstaller une forme d’équilibre. On ne veut pas mettre de côté l’instinct et cette force offensive, mais on veut être sûr que lorsqu’on marque un but, c’est pour gagner le match. »

Alors, Allardyce va, comme partout, réinstaller progressivement des séances individualisées par secteur, revenir aux bases du jeu et responsabiliser les joueurs autour de leurs données statistiques. « Si un joueur digère ses propres statistiques dans son temps personnel, sur son portable, sa tablette ou n’importe quoi, sans avoir besoin de son entraîneur derrière, tout devient plus simple » , expliquait-il la semaine dernière au Guardian. Allardyce, c’est aussi ça en plus d’un sens du combat particulier. Crystal Palace va en avoir besoin pour faire enfin fructifier un effectif prometteur porté par un trident Zaha-Benteke-Townsend loin d’être moche. La première bataille de lundi à Watford (1-1) aurait dû se terminer avec trois points sans la maladresse de Benteke, mais Sam Allardyce est bien l’homme de la situation. Il ne faut pas en douter.

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