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Ali Ahamada : « Quand tu ne joues pas, tu n’existes plus pour les clubs »

Propos recueillis par Félix Barbé
7 minutes
Ali Ahamada : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Quand tu ne joues pas, tu n’existes plus pour les clubs<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Resté presque un an et demi sans club, Ali Ahamada retrouve une seconde jeunesse en Norvège. Après une première expérience réussie à Kongsvinger, en deuxième division, le gardien de 28 ans vient de signer au SK Brann, neuvième d'Eliteserien la saison dernière. L'occasion pour l'ancien portier de Toulouse de revenir sur son quotidien dans le nord de l'Europe.

Tu viens de t’engager avec Brann, en D1 norvégienne. Qu’est-ce qui t’a motivé à signer là-bas ? C’est dans la continuité d’un projet que j’ai recommencé. C’était très compliqué de retrouver un projet sportif après être resté aussi longtemps sans jouer (entre janvier 2018 et le printemps 2019, N.D.L.R). J’ai aussi eu un souci de licence, car j’étais en procès avec Kayserispor. C’est d’ailleurs la problématique qui s’est posée lorsque j’ai voulu signer à Metz.

À Metz ?Oui, en janvier 2018. J’avais passé tous les tests et il manquait juste un papier pour officialiser le transfert. Mais ce problème de licence a fait que je devais patienter un mois pour rejouer au foot. Nous étions dans les dernières heures du mercato, Metz était dans une situation d’urgence, ça n’a pas pu se faire.

À Metz, j’avais passé tous les tests et il manquait juste un papier pour officialiser le transfert.

Justement, comment tu as vécu cette période de plus d’un an sans club ?C’était très difficile. Le temps me paraissait long. Quand tu ne joues pas, tu n’existes plus pour les clubs. Tu as le sentiment d’avoir perdu ta valeur et de ne plus être important. Personne ne mise sur quelqu’un qui est inactif et sans club. Il fallait garder confiance et continuer de travailler pour pouvoir revenir.

En mars 2019, tu as finalement noué un contact avec Kongsvinger, en D2 norvégienne.Je recevais beaucoup d’appels, mais c’était très peu concret. Ça n’aboutissait jamais. On m’a parlé de ce projet et au départ, j’étais un peu sceptique. Je me disais : « La Norvège ? Il fait froid quand même. » (Rires.) Quand on m’a ensuite dit que c’était pour une D2… Avec tout le respect que j’ai pour eux, c’était comme une claque. Mais on m’a fait comprendre que le plus important était de remettre le pied à l’étrier.

Je me disais : « La Norvège ? Il fait froid quand même. » Quand on m’a ensuite dit que c’était pour une D2… Avec tout le respect que j’ai pour eux, c’était comme une claque.

La saison va démarrer mardi en Norvège, mercredi pour Brann face à Haugesund. Même si tu es arrivé depuis peu, tu te sens prêt à reprendre ?J’ai forcément envie de jouer, car mon dernier match de championnat remonte à novembre dernier. Depuis, je compte juste un amical en mars. Tout est décalé, car nous ne reprenons pas à la même période que les championnats d’Europe centrale. À cela s’est ajoutée la pandémie. Mon corps n’est donc pas encore complètement prêt.

Tu fais partie de ceux qui sont pressés de reprendre ou de ceux qui ont des craintes par rapport au virus ?Ici, je pense qu’il n’y a pas trop de risques, car l’épidémie est vraiment très calme. Il y a eu très, très peu de cas. Quand je regardais les chiffres pendant le confinement, nous étions autour des 200 cas quotidiens, bien loin des milliers que comptaient la France, l’Italie ou l’Espagne. Il y a eu beaucoup de restrictions pour limiter l’épidémie.

Du coup, tu as vécu ton confinement en Norvège ?Un peu des deux. J’ai commencé en France, puis je suis retourné en Norvège parce qu’on devait reprendre. On a vite été arrêté, donc je suis une nouvelle fois rentré en métropole, avant de repartir pour de bon quand tout revenait à la normale.

Tu n’as pas eu de mal à faire ces allers-retours avec tous les problèmes d’avion ?Le voyage a été beaucoup plus long. Au lieu de mettre 6 heures, j’ai dû mettre entre 25 et 30 heures. Je devais dormir pendant certaines de mes escales, c’était fatiguant.

Si la Norvège a été moins touchée, le confinement était donc moins strict ?Oui. En France, il fallait une attestation pour sortir et surtout ne pas se déplacer inutilement. Là-bas, il n’y avait rien de tout ça. On avait le droit de sortir, à condition simplement de garder les distances de sécurité.

Ça fait quasiment un an et demi que tu es en Norvège. Raconte-nous un peu ton quotidien.C’est un pays magnifique, avec des paysages fabuleux, aussi bien l’hiver que l’été. C’est vraiment quelque chose à voir. Après, il n’y a pas grand-chose à faire. (Rires.) À Kongsvinger, j’étais dans une petite ville de 15 000 personnes. C’était surtout entraînement et maison.

Ici, les gens ne volent pas. Un jour, j’ai égaré mon portefeuille avec toutes mes cartes bancaires à l’intérieur. On me l’a juste précieusement gardé et on me l’a restitué sans même y toucher.

Qu’est-ce qui diffère principalement par rapport à la France ?C’est un pays très, très riche. Le coût de la vie est très important, deux à trois fois plus élevé qu’en France. La plupart des citoyens se déplacent d’ailleurs jusqu’en Suède pour vivre et faire leurs courses. C’est ce que je faisais à Kongsvinger, car j’étais à 30 minutes de la frontière. J’y allais toutes les deux ou trois semaines. En dehors de ça, j’ai été marqué par le fait que les gens n’ont strictement aucune crainte. La première fois que je suis arrivé, il fallait que j’aille faire des tests à l’hôpital. La personne du club qui m’y emmenait s’est arrêtée au milieu de la route, a laissé les clés dans la voiture et le contact allumé. J’ai dû attendre longtemps mon tour à la clinique et je lui demandais s’il n’avait pas peur qu’on lui vole. Il me disait : « Ici, ça ne risque rien. » C’est extrêmement sécurisé. Les gens ne volent pas. Un jour, j’ai égaré mon portefeuille avec toutes mes cartes bancaires à l’intérieur. On me l’a juste précieusement gardé et on me l’a restitué sans même y toucher.

La météo et la température, ça doit te changer de Toulouse et de la Turquie, non ?Il fait super froid. L’an dernier, à partir de fin juillet-début août, j’avais déjà ressorti les doudounes et les grosses vestes. À Kongsvinger, il neigeait très souvent. À Bergen, où je suis désormais, il neige moins, mais il pleut énormément. Cet hiver, nous sommes descendus jusqu’à -10 degrés, mais on m’a dit qu’il pouvait parfois faire jusqu’à -37 certaines années.

J’ai le souvenir d’une feuille de match, avec un joueur qui devait avoir neuf lettres dans son nom, pour seulement deux voyelles.

Tu t’es mis au norvégien et à la pêche au saumon ?(Rires.) Non, je reste essentiellement sur l’anglais. Contrairement à nous en France, ils apprennent l’anglais dès le plus jeune âge. Le norvégien, c’est beaucoup trop compliqué. Surtout les noms, et leurs prononciations. J’ai le souvenir d’une feuille de match, avec un joueur qui devait avoir neuf lettres dans son nom, pour seulement deux voyelles. Pour la pêche, on a essayé de s’y mettre avec Landry N’Guemo (qui évoluait lui aussi à Kongsvinger, N.D.L.R). Le directeur sportif nous a emmenés avec lui. On est repartis bredouille, mais c’était très sympa.

Tu suis encore un peu ce qui se passe en Ligue 1, notamment l’actualité du TFC ?J’ai toujours un œil dessus. J’ai appris la décision du Conseil d’État en faveur d’une Ligue 1 à 22. Si celle-ci est validée, ce sera une aubaine miraculeuse pour Toulouse dans cette saison.

Malgré 14 points de retard sur Nîmes, barragiste, tu soutiens le club dans sa démarche ?Pour être réaliste, le maintien aurait été très compliqué… Une opération commando comme ils ont fait avec Pascal Dupraz à l’époque aurait pu leur laisser une chance, mais les miracles ne se produisent pas tous les jours. Le TFC reste mon club de cœur et ça me ferait plaisir de pouvoir continuer à les regarder en Ligue 1 s’ils peuvent se maintenir. Je suis supporter du club quoi qu’il en soit.

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