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Algérie et Qatar, une histoire croisée
Ce mercredi soir, le Qatar défiera l'Algérie en demi-finales de la Coupe arabe. Une opposition de styles entre une sélection algérienne A’ et une formation qatarienne au grand complet, venue rappeler l’histoire récente et commune que partagent ces deux nations en matière de football.
Ils seront cinq joueurs de l’équipe d’Algérie A’, évoluant au sein de la Qatar Stars League, à défier leurs comparses qatariens en demi-finales de la Coupe arabe. Ainsi, Djamel Benlamri et Youcef Belaili (Qatar SC), Mehdi Tahrat (Al-Gharafa), Baghdad Bounedjah (Al Sadd) et Yacine Brahimi (Al-Rayyan) s’apprêtent à rencontrer des joueurs habituellement coéquipiers ou adversaires domestiques. En face, ils sont deux : Boualem Khoukhi (Al-Sadd), né en Algérie, et Karim Boudiaf (Al-Duhail), Français d’origine algérienne, installés dans l’émirat depuis dix ans et devenus titulaires indiscutables du onze annabi. Autant de points communs sur le terrain qui s’étalent jusqu’aux coulisses. Entre belle planque et préparation au Mondial.
La cage dorée
Plusieurs décennies durant, les ligues qatariennes rimaient avec retraite anticipée. Des footballeurs approchant la quarantaine, partis clôturer leur aventure sportive au Moyen-Orient. Mais l’avènement des années 2010 a considérablement fait basculer ce mode de réflexion. Désigné comme pays organisateur pour la Coupe du monde 2022, le Qatar a revu son cahier des charges et a considérablement transformé son système footballistique, entre recrutement sélectif et restructuration. Une aubaine saisie par bon nombre de footballeurs algériens, partis s’exiler à Doha. Baghdad Bounedjah en est un solide exemple. Quittant l’Étoile du Sahel à seulement 24 ans, l’attaquant formé au RCG Oran est ainsi devenu une figure incontournable d’Al-Sadd sous l’ère Xavi. Des prestations et des statistiques enquillées loin de la maison, jusqu’à l’épanouissement en équipe nationale.
Mais une sempiternelle question revient : pourquoi ne pas viser l’Europe ? Car Bounedjah, comme beaucoup de compatriotes, fait partie de ces joueurs au niveau « intermédiaire » . Des performances souvent trop élevées pour le championnat local algérien, mais un cran en dessous de l’exigence européenne. La péninsule est donc devenue une solution de repli, loin d’être négligeable. Brillant avec les Verts depuis près de deux ans, Youcef Belaïli a également fait le choix de prolonger son aventure dans le Golfe. Lui qui a tenté l’aventure à l’Angers SCO entre 2017 et 2018 ne s’est finalement contenté que d’un bref passage en équipe réserve (6 matchs, 3 buts). La faute, entre autres, à une vie festive. Le semi-échec de Benlamri à l’OL en est, par ailleurs, une énième illustration. Une dimension complète à laquelle se greffe naturellement le credo financier. Il faut dire qu’avec un salaire médian estimé à 200 000 euros par mois, la QSL offre un confort à faible concurrence, même en Occident. Pas étonnant, dès lors, de voir certains s’y attacher. Séduits très jeunes, Boualem Khoukhi, originaire de Tipaza et Karim Boudiaf, né à Rueil-Malmaison et ancien pensionnaire du centre de formation de Nancy, n’ont alors pas hésité à franchir le pas en rejoignant le Qatar, respectivement à 19 et 20 ans. Jusqu’à devenir internationaux avec leur pays d’adoption.
L’effet Belmadi
Cette connexion entre l’Algérie et le Qatar, Djamel Belmadi n’y est pas étranger. Ancien sélectionneur des Grenats entre 2013 et 2018 (précédemment passé par le banc de Lekhwiya, renommée aujourd’hui Al-Duhail), l’actuel chef de file d’El Khadra a grandement participé à l’élaboration d’un partenariat tacite entre les deux fédérations. Lui qui, au passage, a joué un rôle crucial dans la naturalisation de Khoukhi et Boudiaf au cours de son mandat qatarien. Aujourd’hui, cette symbolique prend donc forme par la présence régulière dans la liste des 26 Algériens de ce contingent évoluant ou ayant récemment évolué en QSL. La preuve d’une porte laissée entrouverte par un coach se fiant à son expérience dans un championnat que d’autres techniciens, notamment européens ont, à l’inverse, transformé en cimetière à cape internationale.
Depuis deux ans, Doha s’est également mué en camp de base secondaire pour l’équipe d’Algérie. Quand ils ne sont pas au CNT de Sidi Moussa, les Verts préparent en effet leurs tournois majeurs à 5000 kilomètres de là. Une volonté émanant de coach Belmadi lui-même, désireux d’offrir à ses protégés le luxe d’infrastructures de haut niveau, combiné à un « climat s’approchant des températures africaines ». Une réflexion qui semble finalement combler toutes les parties. Ce fut le cas lors de la Coupe d’Afrique des nations 2019, ce le sera également dès la fin de ce mois de décembre, en préparation de l’édition 2022. « Les instances qatariennes ont déjà tout mis en place afin de nous accueillir dans les meilleures conditions, se félicitait Charaf-Eddine Amara, président de la fédération algérienne. Tout est prêt, nous pouvons commencer notre rassemblement pour la CAN 2022. » Ne reste plus qu’à rallier le Mondial, y briller et le tour sera joué.
Par Adel Bentaha