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Algérie : chronique d’une mort annoncée
Forte de son huitième de finale au Mondial brésilien et de sa génération dorée, l’Algérie devait être l’équipe star de cette CAN gabonaise. En trois matchs joués pour deux petits points pris, elle est finalement devenue le gros gâchis de cette compétition. La faute à des joueurs méconnaissables quand il s’agit de revêtir la tunique verte, et à une gestion désastreuse de la sélection.
« C’est une bonne équipe qui peut devenir une grande équipe, mais je sais qu’il y a du boulot à faire » , expliquait Georges Leekens en conférence de presse, la veille du match fatal contre le Sénégal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que faute d’avoir qualifiés les Fennecs pour le prochain tour, le Belge possède au moins le don de clairvoyance. Cette perspicacité ne devrait pas lui être d’une grande utilité, après l’élimination choc de son équipe. Pour espérer rester à la tête de la Khadra, l’homme du Plat Pays devait au moins emmener les Algériens jusqu’en demi-finales. Sa mission ayant échoué, il a a priori dirigé face au Sénégal son dernier match sur le banc des Verts. Mais s’il est facile de tirer à boulets rouges sur lui, il ne faut pas oublier qu’avant de s’envoler pour « Bongoland » , il n’a pu diriger cette équipe qu’une seule fois en match officiel (défaite au Nigeria en éliminatoires du mondial 2018). Tout n’est donc pas de sa faute.
Dr Jekyll et Mr Hyde
Si, avant le début de la compétition, tous les regards se portaient vers l’équipe d’Algérie et ses joueurs talentueux, le match nul face au Zimbabwe (2-2) a vite révélé le vrai visage de cette sélection. Oui sur le papier, les Algériens font partie des plus beaux et des plus forts, mais sur le papier seulement. Dans les faits, ils ne sont qu’une somme d’individualités incapables d’évoluer ensemble. Et c’est là le gros problème de cette équipe. Georges Leekens n’a pas su, ou n’a pas pu être ce chef d’orchestre capable d’harmoniser les qualités de ses joueurs. En plus de ne pas savoir jouer ensemble, la majorité des Fennecs évoluant dans de grands clubs européens est atteinte du syndrome Dr Jekyll et Mr Hyde, au moment d’enfiler le maillot vert. Importants dans leurs clubs, ils jouent en sélection à un niveau bien en dessous de leur niveau habituel. Que dire de Faouzi Ghoulam, élément clé du Napoli de Maurizio Sarri, et son match catastrophique contre la Tunisie ? Que penser de la performance d’Islam Slimani lors du premier match ? Les noms de Ghoulam et Slimani pourraient très bien être remplacés par ceux de Rachid Ghezzal, Aissa Mandi ou encore Nabil Bentaleb. Même le meilleur joueur africain de l’année 2016 n’a pas été à la hauteur. Double buteur face au Warriors du Zimbabwe et passeur décisif face au Sénégal, Ryad Mahrez a joué une partition bien triste face à la Tunisie. Ce manque de justesse compilé à l’absence de l’état d’esprit guerrier, qui faisait la force des générations précédentes, a logiquement conduit au désastre gabonais.
Mohamed Raouraoua, le Denis Brogniart de la FAF
Dans cet échec, les joueurs et le sélectionneur ne sont pas les seuls condamnables, bien au contraire. La gestion de cette sélection algérienne est digne d’une production Endemol, dans laquelle les erreurs de casting s’enchaînent. Depuis 2014, quatre sélectionneurs se sont succédé sur le banc, dont trois en un an. Le dénominateur commun au départ des prédécesseurs de Georges Leekens n’est autre que Mohamed Raouraoua. Le président de la FAF a au moins le mérite de loger ses sélectionneurs à la même enseigne. Apprenti sélectionneur époque coach Vahid, redresseur de torts sous Christian Gourcuff, Raouraoua a le don pour pousser ses entraîneurs à la démission. Les rares intéressés pour prendre la tête des Fennecs sont vite démotivés par les conditions contractuelles. Un temps pressenti pour remplacer l’épouvantail Rajevac – supprimé après seulement un match de qualification à la Coupe du monde à cause de désaccords avec les joueurs – Rolland Courbis déclarait : « Le contrat proposé était résiliable tous les mois pendant vingt mois ! C’est comme un contrat d’un mois renouvelable, c’est inenvisageable. » Faute de grand nom comme promis, la FAF, en manque d’imagination, n’a d’autres choix que de se reporter sur Georges Leekens, pourtant déjà passé par l’Algérie sans succès entre février et juillet 2003. Cette élimination surprise devrait avoir raison du flambeau du Belge, car oui, Mohamed Raouraoua se sépare des sélectionneurs aussi facilement que Denis Brogniart éteint des flambeaux. Algérie, vous êtes éliminée de la CAN, et la sentence est irrévocable.
Par Maeva Alliche