- Serie A
- J2
- Cagliari-Inter
Alexis Sánchez, un feu follet à raviver
Après une saison et demie très compliquée à Manchester United, Alexis Sánchez rejoint pour les dix prochains mois son ancien coéquipier à Manchester Romelu Lukaku sur le front de l’attaque interista, mais surtout la Serie A, le championnat dans lequel il s’est révélé avec l’Udinese. À trente ans, l’attaquant chilien a une occasion en or de se relancer.
Par quatre fois, Alexis avait fait parler la poudre. Le 27 février 2011, au terme d’une rencontre complètement folle, l’Udinese était allée s’imposer sur le terrain de Palerme 7-0 grâce à son explosif duo Di Natale-Sánchez. Di Natale avait planté par trois fois et Sánchez s’était occupé du reste, dans la lancée de trois saisons durant lesquelles il n’a cessé de progresser. Arrivé dans le Frioul à 18 ans, en provenance de Cobreloa, puis prêté à Colo-Colo puis à River Plate aux côtés de Radamel Falcao et de Sebastián Abreu, le Chilien a finalement explosé chez les Bianconeri pour les conduire jusqu’aux barrages de la Ligue des champions. Courtisé par toute l’Europe, Sánchez part finalement à l’été 2011 pour le Barça contre 37,5 millions d’euros. À l’époque, l’Inter était déjà sur le coup. Et huit ans après que Massimo Moratti a tenté de le recruter pour l’associer à Eto’o, Sneijder et Pazzini, les Nerazzurri accueillent l’attaquant de 30 ans en prêt pour dix mois, sans option d’achat, mais disposés à payer la moitié de son salaire. Comme quoi, des chemins peuvent se croiser plusieurs fois dans une vie.
Un 3-5-2, au bon souvenir de l’Udinese
Dans ce laps de temps, le statut d’Alexis Sánchez a eu le temps de fluctuer. En Catalogne, malgré des débuts délicats, l’infatigable attaquant a su confirmer les espoirs placés en lui, en poussant Pedro sur le banc, avant de prendre la route de l’Angleterre. À Londres, il deviendra le leader de l’attaque des Gunners, avant de devenir l’ombre de lui-même à Manchester United. Arrivé chez les Red Devils en janvier 2018, écrasé par le poids d’un salaire colossal (20 millions d’euros de revenus annuels), il n’inscrit que 5 buts en 45 matchs. Finalement, l’Inter semble être aujourd’hui l’échappatoire idéale pour qu’El Niño Maravilla retrouve de sa superbe. Sujet à de nombreuses blessures à Manchester, Sánchez retrouvera en Italie un championnat qu’il connaît, moins éreintant que l’Angleterre et où il pourra faire parler son expérience. Il aura également l’opportunité d’évoluer devant un public qui raffole des joueurs combatifs et au sein d’une équipe ambitieuse.
Désireuse de titiller la Juve, l’Inter a mis le paquet pendant le mercato en déboursant 80 millions d’euros pour Lukaku, en recrutant les internationaux italiens Stefano Sensi et Nicolò Barella et en donnant les clefs à Antonio Conte – qui avait déjà tenté de recruter Sánchez en 2014 lors de son mandat à la Juventus. Le technicien italien voit en lui le complément idéal de Lukaku dans l’attaque de son 3-5-2 – le même système que celui de Guidolin à l’Udinese – dans lequel Sánchez devrait retrouver sa liberté perdue en Angleterre, où il était cantonné aux ailes et contraint d’effectuer un conséquent travail défensif.
Les Diables se rhabillent en nerazzurro
Revanchards, Lukaku et Alexis ont été alignés 37 fois ensemble en Premier League et affichent un honorable bilan commun – boosté par le Belge, certes – de 22 buts et 14 passes décisives ainsi qu’une vraie complicité, nouée dans la galère qu’ils ont partagée à Manchester. De plus, malgré son manque de rythme, Alexis Sánchez a réalisé une bonne Copa América avec le Chili cet été, en disputant quasiment tous les matchs et en claquant deux buts et une passe décisive dans une équipe que l’on annonçait pourtant en fin de cycle.
Le Chilien a donc prouvé qu’il n’était pas totalement cramé, mais revenir au premier plan ne sera pas pour autant aisé. S’il s’est entretenu de son côté cet été, le joueur a manqué l’exigeante préparation d’Antonio Conte et sa condition physique demeure incertaine. Il devra aussi faire face à la concurrence féroce de Lautaro Martinez ou de Matteo Politano, qui peuvent aussi accompagner Lukaku en attaque, tandis que Mauro Icardi n’est toujours pas parti. Néanmoins, le challenge en est d’autant plus excitant et vaut la peine d’être tenté, à trente ans. En tout cas, l’ancien de l’Inter Ivan Zamorano y croit et a déclaré dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport que Sánchez et le club formaient une « union parfaite » , s’aventurant même à prédire que le Chilien « renaîtra à Milan » . Et quoi de mieux que l’Italie pour une renaissance ?
Par Victor Launay