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Angers, pour l’amour Dujeux

Par Nesrine Bourekba et Ulysse Llamas

Une carrière de très bon joueur de Ligue 2, mais sans éclat ; un parcours de formateur et un apprentissage en tant qu’adjoint, et pourtant voilà Alexandre Dujeux à la barre d'Angers SCO pour son retour dans l’élite. Présentation d’un homme simple, qui aime le foot et la méditation.

Angers, pour l’amour Dujeux

Les idées ? Claires. La tête ? Claire. Le discours ? Clair. Alexandre Dujeux est comme ça, il semble l’avoir toujours été, des Ardennes, où il est né, à la Baumette – pas la prison marseillaise, mais le centre d’entraînement d’Angers – à son arrivée en 2021 en tant qu’adjoint de Gérald Baticle. Dans sa besace : un solide parcours de formateur, ses immuables vêtements noirs, son rasoir, mais pas d’expérience d’entraîneur au plus haut niveau. S’il faut bien commencer un jour, Dujeux le fait comme il a toujours vécu : avec discrétion et humilité.

C’était une machine à tous les entraînements. Je pense que c’est ce qui l’a amené à avoir cette carrière d’entraîneur.

Armando Ferreira sur Alexandre Dujeux

« C’était un mec qui ne faisait pas de bruit, Alex. Un mec sérieux, poli, très discipliné. Un vrai latéral droit dans un 4-4-2. À Châteauroux, la doublette Dujeux-Ferreira, c’était fiable ! » Armindo Ferreira a joué près de 150 matchs en pros avec Alexandre Dujeux, et il sait de qui il parle. D’un joueur dont on n’entend pas beaucoup le souffle pour les dédoublements, mais qui assurait les couvertures. « C’était une machine à tous les entraînements. Je pense que c’est ce qui l’a amené à avoir cette carrière d’entraîneur », évalue sans sourciller l’actuel coach de la réserve de la Berrichonne de Châteauroux, en National 3.

Être fiable et bosseur, voilà pour le palmarès d’Alexandre Dujeux, 48 ans cette année. La carrière d’un type sur lequel on peut compter, débutée très jeune, mais qui l’a vu atteindre près de 350 matchs en Ligue 2, devenant l’un des 20 joueurs à avoir disputé le plus de rencontres à cette époque. Tout n’a pas si bien commencé pour le défenseur, malgré une Coupe Gambardella glanée avec Auxerre, où il débarque à l’âge de 13 ans. Il n’y signera pas de contrat pro, se contentant d’un prêt au Red Star et se lançant dans un tour de France après avoir compris qu’il n’entrait pas dans les plans de Guy Roux : Châteauroux, Le Havre, Troyes, où il joue une saison en Ligue 1, Ajaccio, puis Tours. Ferreira insiste, ce n’était pas le plus spectaculaire, mais il savait se rendre indispensable : « Pour un latéral, il ne mettait pas en avant spécialement le beau jeu, mais la rigueur, le fait de bien défendre. C’était un garçon qui ne perdait jamais le ballon. Il savait jouer avec les qualités qu’il avait. Il a réussi à jouer en Ligue 1 parce qu’il s’en est donné les moyens. » 

Santamaria, Koh-Lanta et Ardèche

Au moment d’arrêter sa carrière, embrasser celle de formateur et faire bosser les autres se présente comme une suite logique. Tours, son dernier club, inaugure son nouveau centre de formation, et pense d’emblée à lui. « J’ai côtoyé Bernard Blaquart, quelqu’un d’exceptionnel, pose Dujeux. Ça m’a donné envie de poursuivre dans cette voie. C’est l’amour du foot et des rencontres, comme avec Max Marty [ancien manager de Tours] que j’ai pu avoir au fil de ces saisons qui m’ont poussé à m’investir dans ce métier-là. » C’est de cette manière qu’il commence sa reconversion : adjoint de Blaquart à Nîmes, puis les U19 de Tours, où il lance Baptiste Santamaria ou encore Saîf-Eddine Khaoui. Il faut prendre le temps, apprendre, comme il le fait ensuite au contact d’Olivier Pantaloni, dont il sera le second pendant six ans à Ajaccio. La jeunesse ne lui fait pas peur, l’effectif restreint du SCO, fraîchement promu, pour aborder cette saison en Ligue 1 non plus. « Lancer des jeunes, ça ne lui pose pas de problèmes, confirme son capitaine Pierrick Capelle, qui a vu débarquer le jeune Sidiki Chérif, 17 piges, titulaire en ce début de saison. À partir du moment où on fait les efforts à l’entraînement, il ne va pas hésiter à nous faire confiance. Jeunes, vieux, il ne fait pas de différences, »

Avec lui, c’est sympa de pouvoir partager sur le foot, mais aussi des choses qui sortent du contexte sportif. Pour moi, ça enrichit la notion de relation humaine.

Pierrick Capelle, capitaine exemplaire

Depuis qu’il est passé numéro un, au printemps 2023, au cours d’une saison infernale pour Angers dans l’élite, il séduit son monde. D’abord parce qu’il a réussi assez brillamment la mission de faire remonter immédiatement le SCO. Capelle : « Quand il est arrivé, on était pratiquement condamnés en Ligue 1, la saison était galère. Il a essayé de ramener des basiques, des valeurs d’entraide, pour bien terminer la saison et superbement recommencer en Ligue 2. » Ensuite parce qu’il a su tisser des liens avec son groupe et les gens du club. « Avec lui, c’est sympa de pouvoir partager sur le foot, mais aussi sur des choses qui sortent du contexte sportif, poursuit Capelle. Pour moi, ça enrichit la notion de relation humaine. » Le capitaine angevin a en tête le Koh-Lanta organisé avec le groupe lors de la préparation estivale. Dujeux : « Avec le petit budget qu’on a et l’avis des observateurs, il va falloir qu’on tire tous dans le même sens pour faire une bonne saison, que l’état d’esprit soit exemplaire. »

« Il a son caractère, mais il est toujours très ouvert, souvent à rigoler », enchaîne le milieu de terrain. Dujeux n’est pas du genre exubérant non plus. « Je ne parle pas à tort et à travers, j’essaye de bien faire mon boulot, de communiquer à bon escient », confirme le principal intéressé. Pour faire la teuf, il faut repasser ; le bonhomme n’est pas non plus du genre à s’ambiancer à Saint-Tropez, comme certains de ses homologues, pendant les vacances. « Un coup à Reims, un coup en Ardèche, dans le Sud de la France, précise Armindo Ferreira. On louait une maison et on était ensemble avec nos familles. »

Le foot, mais pas que

L’aventure d’Alexandre Dujeux au SCO a aussi été marquée par un drame, qui vient rappeler que le foot n’est que du foot, et que ce n’est souvent pas bien important. En fin d’année dernière, le jour du réveillon de Noël, il a eu la douleur de perdre son épouse des suites d’une longue maladie. « Il faut que j’avance, confie-t-il. Le football m’aide aussi à ça, j’ai tellement de responsabilités… C’est comme ça… » Le ballon rond peut être un médicament, parfois. Celui qui se décrit comme un « autodidacte » ne pense pas qu’à ça non plus : il lit, il médite. « J’ai ma vie d’entraîneur, mais aussi celle d’homme, de père de famille. Quand je suis dehors, j’essaye de couper, de travailler sur moi, de gérer ce qui est anxiété, stress, mes émotions. L’idée, c’est de toujours avoir de l’énergie quand je reviens au travail. »

J’aime que mon équipe joue, sorte des ballons, récupère le plus vite possible. J’aime qu’elle défende ensemble en avançant le plus vite possible, qu’il y ait une vraie cohésion, un don de soi.

Alexandre Dujeux

Le travail, toujours. Avant le jeu ? On ne sait pas si Alexandre Dujeux est bien ou mal nommé, mais il n’est pas du genre à se réclamer de Pep Guardiola, José Mourinho ou Carlo Ancelotti. Au SCO, le credo, c’est plutôt la dalle angevine, chère à Capelle, l’un des derniers rescapés de l’ère Stéphane Moulin. Le nouveau technicien espère pouvoir continuer à imposer sa patte, son style. « J’ai des idées de foot, des idées que j’adapte au gré des saisons, je ne fais jamais de copier-coller, professe-t-il. J’aime que mon équipe joue, sorte des ballons, récupère le plus vite possible. J’aime qu’elle défende ensemble en avançant le plus vite possible, qu’il y ait une vraie cohésion, un don de soi. » Angers a signé son retour dans l’élite par deux défaites, contre Lens à la maison (0-1) et à Lille (2-0), sans parvenir à faire trembler les filets. À Pierre-Mauroy, le 3-5-2 angevin couplé à un réajustement du milieu créatif Himad Abdelli a permis aux Scoïstes d’afficher un autre visage. Le public du stade Raymond-Kopa espère vibrer dès dimanche, pour la réception de Nice, et sait que la route vers le maintien sera longue. Une chose est sûre, elle passera par Dujeux.

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Par Nesrine Bourekba et Ulysse Llamas

Tous propos recueillis par NB et UL

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