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Alexander, Meier buteur surprise de Bundesliga
Le meilleur buteur de Bundesliga n'en est pas un. À 31 ans, Alex Meier a longtemps porté son Eintracht depuis le milieu de terrain. Désormais, avec Thomas Schaaf, c'est pourtant bien dans le classement des buteurs qu'il sème la terreur. Portrait d'un génie à l'éclosion tardive.
Götze, Lewandowski, Müller, Huntelaar, Kießling, Briand… Les buteurs de classe sont légion en Bundesliga. Pourtant, à mi-championnat, c’est bien Alexander Meier qui truste la première place des Torschutzenkönig (classement des buteurs) avec 13 réalisations, soit 1 but toutes les 101 minutes. Attention, le joueur allemand de 31 ans n’est pas le premier venu. Depuis trois ans et la remontée de l’Eintracht Francfort en première division, il pointe à une jolie moyenne de 15 buts par saison. Mais cette année, il est entré dans une autre dimension. Celle qui fait que certains commentateurs parlent de lui comme de l’homme qui ne peut pas s’arrêter de marquer. Et dire qu’à l’origine, il n’est même pas attaquant.
Un fan de Ronaldo qui joue comme Pippo
Alex Meier est milieu offensif de formation. Jusqu’à la saison dernière, il évoluait généralement en position de numéro 10, derrière une pointe. C’est son nouveau coach Thomas Schaaf qui l’a repositionné un cran plus haut, aux côtés du Suisse Haris Seferović. Une association prolifique puisque les deux hommes cumulent 20 buts à eux deux. « C’est pratiquement un sport différent, avoue Meier dans Bild sur son nouveau rôle d’attaquant. Je ne suis plus trop dans la lumière et j’ai moins souvent le ballon qu’avant. On est plus dépendant de ses coéquipiers. Je dois donc attendre devant, ne pas aller chercher le ballon derrière. Parfois ça fonctionne mieux, parfois moins bien. J’ai maintenant de nouveaux devoirs, que j’essaye d’accomplir. »
Grand (1m96), costaud, beau gosse malgré une nouvelle coupe de cheveux un peu trop proche de celle d’Ibrahimović, Alex Meier est surtout un monstre d’efficacité devant le but. Pour les frappes de 25 mètres en lucarne, les accélérations et les dribbles, on repassera. En revanche, dans la surface de réparation, le capitaine de l’Eintracht est une machine à marquer. En pointe, il montre désormais qu’il n’est pas seulement élégant avec un ballon, mais aussi qu’il ne manque jamais sa cible, que ce soit du droit, du gauche ou de la tête. Oui, on peut admirer Ronaldo et jouer comme Pippo. Précis, doué d’un excellent sens du but, l’attaquant n’est vraiment pas du genre à paniquer face au gardien. Une qualité qui correspond bien à son caractère en dehors du terrain. Calme et discret, il n’aime pas se mettre en avant. Alors, quand on lui parle du titre de meilleur buteur, sa réponse est claire : « Ce n’est pas très important. Je l’ai déjà dit assez souvent, je suis certain qu’un joueur du Bayern aura ce titre. » Pas la peine non plus de lui demander s’il s’est fixé un nombre minimum de buts à marquer. « Non, je n’ai encore jamais fait cela, expliquait-il dans 11Freunde l’année dernière.Bien sûr, je veux marquer beaucoup de buts, mais ce qui est plus important encore, c’est qu’on fasse tous ensemble une bonne saison. (…) Qu’est-ce que cela m’apporterait si j’annonçais à l’avance que mon objectif était de 15 buts ? Je trouve ça particulièrement ridicule. » Oui, Alex Meier sait aussi tacler au genou.
Armin Veh aimant Alex, Alex est devenu grand
Alex Meier n’est pas né avec un talent au-dessus de la moyenne. Son début de carrière a d’ailleurs été plutôt chaotique. Formé à Hambourg, il a effectué ses débuts pros à Sankt Pauli en 2001 avant de retourner en 2003 au HSV où il a davantage fréquenté l’infirmerie et le banc de touche que les pelouses de Bundesliga. Quatre matchs et une saison blanche plus tard, direction Francfort, sans regret. « Certains joueurs sortent grandis du club de leur ville, d’autres vont prendre l’air ailleurs, pour faire un bond dans leur carrière soudainement quelques années après, souffle-t-il. Au final, je suis heureux de la manière dont les choses se sont déroulées. » Dix ans plus tard, Alex Meier a depuis longtemps atteint le rang de Fußballgott ( « Dieu du football » ) dans les travées de la Commerzbank-Arena et enchaîne les titres honorifiques de meilleur buteur de l’Eintracht. Il a même été nommé joueur de la phase aller 2012-2013 dans un club alors promu.
Entre-temps, le bonhomme a énormément bossé. En prenant exemple sur un autre roi. « Je m’entraîne depuis que je suis un gosse, confirme-t-il à SPOX. Il s’agit de perfectionner les choses simples. Federer continue de s’entraîner en coup droit alors qu’il le fait déjà parfaitement. » Dans ce boulot accompli, Alex Meier doit aussi beaucoup à Armin Veh. Arrivé à la tête des Aigles en 2011, le coach allemand a tout de suite accordé sa confiance à son attaquant qui n’avait pourtant marqué que deux buts la saison précédente – ses pires stats depuis ses débuts à Francfort. C’est sous ses ordres qu’il a pris conscience de ses capacités offensives, non seulement comme passeur précis et de sang-froid, mais également en tant que tueur qui sent le but et le geste à faire pour marquer. C’est aussi là qu’il est devenu un leader dans le vestiaire. « Il s’affirme beaucoup plus depuis quelques années. Il n’a jamais été aussi fort, ça l’aide. Il croit en lui » , se félicitait d’ailleurs Armin Veh avant de quitter Francfort en fin de saison dernière. Finalement, Alex Meier n’aura qu’un véritable regret : ne jamais avoir joué avec la Mannschaft. À 31 ans, cette occasion-là est probablement définitivement manquée.
Par Quentin Moynet et Côme Tessier