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Alexander-Arnold, la diagonale du fou

Par Maxime Brigand
6 minutes
Alexander-Arnold, la diagonale du fou

Passionné d'échecs et ancien joueur de rugby, Trent Alexander-Arnold se trouve au milieu d'une saison de dingue qui l'a vu être convoqué pour aller disputer la Coupe du monde avec l'Angleterre et atteindre une finale de C1 avec le club de sa vie. Pas mal quand on a 19 ans.

Il paraît que « les jours passent commes les voitures » et que la carrière idéale du footballeur de haut niveau pourrait avoir l’allure d’une ligne droite en tartan où se succèdent des haies à avaler. Les pointes dans le sac, il faut imaginer Trent Alexander-Arnold, dix-neuf piges, tuer le temps au milieu de l’aéroport John-Lennon de Liverpool, le 16 mai dernier. Autour de lui, la troupe du Liverpool FC s’apprête à s’envoler pour Marbella, où Jürgen Klopp a décidé d’emmener ses gars pour qu’ils « rechargent les batteries » et « se coupent quelques jours de toute la pression ambiante » qui tourne autour d’un groupe attendu samedi soir, à Kiev, pour disputer la huitième finale de C1 de l’histoire du club face au Real Madrid. Avant de décoller, Klopp doit se présenter face à la presse, moment choisi par Gareth Southgate, le sélectionneur national, pour le joindre sur son portable.

« Allo Jürgen ? Je voudrais te laisser annoncer à Trent qu’il fait partie de mes 23 sélectionnés pour la Coupe du monde » , dit-il. Lorsqu’il retrouve ses joueurs plus tard dans la journée, l’entraîneur allemand pense qu’il arrive trop tard et que la nouvelle a déjà fuité jusqu’aux oreilles de son latéral droit. Puis, il va le voir : « Qu’est-ce que tu as prévu pour cet été ? Rien ? Parfait, parce que tu vas en Russie. » Une surprise ? Tout sauf ça concernant un type dont l’entraîneur a lâché dans la foulée un crochet aux militants du « c’est trop tôt » – « Est-ce qu’il est trop jeune ? Cette question ne devrait pas exister. La seule question, c’est : est-il assez bon pour être appelé ? Et oui, il l’est et le mérite. » – et qui a dévalé la saison à la manière d’un Colin Jackson de la grande époque tout en continuant à vivre chez sa maman.

Les fentes du mur et les couilles

Trent Alexander-Arnold est un gars à part dans cette maison de fous qu’est le Liverpool de Klopp. Là où Mohamed Salah empile les records, où Dejan Lovren s’offre une revanche à la force des tripes et où Roberto Firmino joue le rôle du héros masqué, Alexander Arnold, gamin du coin, avance en silence. Et raconte une autre histoire : celle d’un jeune tombé amoureux du club de sa vie à l’âge de six ans, venu pour la première fois à Anfield avec sa mère, Diane, et ses deux frères, Tyler et Marcell, lors d’un quart de finale aller de Ligue des champions face à la Juventus en 2005. Ce qu’il y a trouvé ? « Une atmosphère, la sensation unique que peut transmettre une soirée européenne à Anfield » , explique-t-il. Cette soirée a marqué une bascule : dès lors, ce sera Liverpool, pour la vie, club dont il est progressivement devenu joueur, symbole et dont il rêve de devenir un jour capitaine. Quand il n’est pas en short, c’est la même chose : le bonhomme est un cadeau pour les fans des Reds qui tiennent là un joueur qui leur ressemble, qui a été à leur place et qui sait parfaitement ce que représente ce pourquoi ils se saignent toutes les semaines.

L’histoire raconte ainsi qu’enfant, le petit Trent allait voir l’équipe première « s’entraîner en plissant les yeux entre les fentes du mur du centre d’entraînement » , et ce, alors que son oncle John bosse (encore aujourd’hui) dans les bureaux de Manchester United. Il lui aura ensuite fallu attendre l’été dernier pour glisser sa tête dans ce décor : le 15 août dernier, Liverpool est à Hoffenheim pour jouer un barrage aller de C1. Si les Reds s’imposent en Allemagne (1-2), on retient surtout le coup franc délicieux lâché par le gamin et à propos duquel Jürgen Klopp aura ces mots : « Un joueur de dix-huit ans qui a les couilles de tirer un coup de pied arrêté de cette manière, c’est bien plus excitant et intéressant que de m’attarder sur toutes les petites erreurs qu’il a faites. » Au fil d’une saison où Alexander-Arnold a profité de la convalescence de Nathaniel Clyne, on aura vu d’autres trous d’air, comme lors de la visite de Liverpool à Old Trafford début mars (2-1) durant laquelle Marcus Rashford joua avec ses reins, mais surtout des copies XXL, à commencer par le quart de finale aller de C1 face à Manchester City. « Je pense qu’ils m’avaient ciblé comme le maillon faible. Ça m’a mis dans une position où il fallait que je leur prouve le contraire. C’est ce qu’il s’est passé et j’ai gagné ma bataille contre l’extérieur » , lâchera-t-il après la rencontre.

Ancien première ligne et dingue d’échecs

Existe-t-il un secret derrière tout ça ? L’intéressé répond : « Je me suis entraîné à fond pendant treize ans pour connaître ce genre de moments, ce genre de matchs. » Ceux qui l’ont croisé ne disent pas autre chose et parlent d’une brute de travail qui ne récolterait finalement que ce qu’elle mérite aujourd’hui. « Avez-vous regardé ses cuisses ? demande alors au téléphone son ancien professeur de sport à Crosby, Derek Williams. Depuis le début, Trent est un dingue de sport. Il a commencé par le rugby d’ailleurs, il jouait première ligne et je sais que ça lui a pas mal servi pour la suite, son rôle se rapprochant pas mal de celui d’un libéro au foot. » Williams, resté très proche du joueur des Reds, ouvre une autre porte : celle de la détermination, du caractère supérieur et de la force de résilience du latéral.

Un truc que le natif de Liverpool aurait développé dans la pratique de son autre passion : les échecs, qu’il bosse encore avec son pote de toujours, Ben Woodburn. En allant à Kiev, Trent Alexander-Arnold n’a pas changé ses habitudes et a passé son vol à jouer en ligne, révolution née après un stage de pré-saison à Dublin au retour duquel la paire avait vu l’ensemble des pièces tomber dans l’avion. « Un cauchemar » , se marre-t-il aujourd’hui. Samedi soir, ça pourrait être la même chose : le Real Madrid, Marcelo, Cristiano Ronaldo, tout ça dans son couloir, où une grosse partie de l’équilibre pourrait se jouer. De quoi avoir peur ? « Non, je connais pas mal de choses sur Ronaldo, parce que j’ai passé pas mal de temps à regarder des vidéos de lui et de Messi quand j’étais plus jeune. Je dois simplement me concentrer sur mon match, ses qualités, ses faiblesses et les exploiter pour tourner le duel à mon avantage. » Dit comme ça, ça ne semble pas si compliqué. Une haie de plus, en somme.

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Par Maxime Brigand

Propos de Derek Williams recueillis par MB, ceux de TAA tirés du Telegraph et du Guardian.

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