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Alex Dupont : « Je ne reviendrai jamais à Brest »
Viré par le Stade Brestois en avril dernier, Alex Dupont vient de garer sa moto à Ajaccio, alors que la Fédération sénégalaise lui faisait les yeux doux. Parce qu'entre lui et le président Orsoni, c'est juste une question de feeling.
Depuis quand étiez-vous en contact avec l’AC Ajaccio ?Depuis le début de la semaine. On avait convenu d’un rendez-vous et on s’est vus vendredi (22 juin, ndlr) autour de midi.
Vous étiez sollicité par d’autres équipes ?Oui, il y avait la sélection du Sénégal, et j’avais également rencontré les dirigeants de Dijon. Il y avait aussi un club qatari.
Qu’est-ce qui a fait basculer votre décision en faveur d’Ajaccio ?Comment t’expliquer ça… (il réfléchit longuement) Pour moi, l’aspect humain est vachement important. Donc voilà, j’ai rencontré le président d’Ajaccio qui m’a montré qu’il avait besoin de moi. Comme tous les entraîneurs, j’ai besoin de confiance, de sérénité, pour travailler au mieux et aller au bout de mon projet. Donc voilà, le feeling est bien passé et j’ai choisi Ajaccio.
Vous n’avez pas eu le même feeling avec les dirigeants sénégalais ?Si, si. Je devais les rencontrer samedi (23 juin, ndlr), d’ailleurs. Mais bon, je n’ai pas hésité longtemps après ma rencontre avec le président d’Ajaccio.
Quels sont les objectifs qui vous ont été fixés ?Le maintien. Se maintenir le plus vite possible pour ensuite ne pas se fixer de limites. Mais bon, le projet fixé par le président est basé sur les qualités humaines sans lesquelles tu ne peux pas t’épanouir.
Vous débuterez le championnat avec deux points en moins…Ouais, ça rend la tâche un peu plus difficile, quoi.
Justement, le football corse n’a pas bonne réputation, en ce moment. C’est quelque chose que vous avez pris en compte ?Non, absolument pas. En Corse, on rencontre des gens vrais, un peu comme dans ma région, à Dunkerque. Ça fait un peu « les Ch’tis chez les Corses » , mais voilà, je rencontre des gens qui ont un peu les mêmes valeurs que chez moi. Un entraîneur sait où il peut et où il va entraîner. Tout comme il sait où il n’ira jamais. Quand le président Orsoni m’a approché, j’ai vite compris que c’était le moment d’aller bosser en Corse.
Où est-ce que vous savez que vous n’irez jamais entraîner ?Je ne reviendrai jamais à Brest vues les conditions dans lesquelles je les ai quittés. Ça, c’est sûr.
Pour en revenir au football corse, est-ce que le président Orsoni vous a demandé de vous attacher à restaurer son image ?Absolument pas. Je n’ai absolument pas l’intention de changer l’image de quoi que ce soit, encore moins celle de la Corse et de l’esprit corse. J’ai rencontré quelqu’un qui avait beaucoup de personnalité et de caractère. Moi, je ne gagne pas de matchs avec des gentils. Ce qui m’a vraiment plu ici, c’est ce mélange de professionnalisme et de convivialité.
Comment se passe une semaine de mercato comme celle que vous venez de vivre ?Déjà, je ne peux pas m’empêcher de penser aux mecs qui n’ont pas de boulot. Ma plus grande fierté, ce n’est pas d’avoir gagné la Coupe de la Ligue avec Gueugnon, d’avoir qualifié Sedan en Coupe d’Europe, mon épopée brestoise ou d’être reconnu dans la rue, c’est de n’avoir jamais connu le chômage en trente ans de métier. Et de nos jours, ce n’est pas évident parce qu’il y a beaucoup de bons entraîneurs qui sont sur le carreau. Pour en revenir à ta question, lundi je suis rentré de ma semaine à beIN Sport, où j’ai commenté l’Euro pendant dix jours. C’est un truc que j’ai bien aimé, très sympa. Ensuite, je me suis occupé du jardin de ma maison à la Turbie (près de Monaco, ndlr). C’est une maison qui me plaît énormément, mais je ne la connais pas bien parce que j’ai peu l’occasion de la fréquenter, de par mon métier. Mardi midi, je suis allé jouer avec l’équipe des anciens de Monaco, les Barbajuans, tu sais, l’équipe du Prince, là. Et l’après-midi, je suis allé me balader en moto dans l’arrière-pays niçois, pour les odeurs. C’est un coin magnifique. Quand tu es en moto, tu ne penses à rien. Hormis à ne pas te casser la gueule, bien sûr, un peu comme quand t’es sur des skis. Mercredi, j’étais en contact téléphonique avec un dirigeant sénégalais parce que j’étais censé partir vendredi chez moi au Sénégal où j’ai une magnifique propriété à Saly-Portudal, où je passerai ma retraite. Mais là, c’est terminé. Jeudi, j’étais en contact avec les Ajacciens, puis j’ai passé une excellente soirée à Monaco à l’occasion de la Fête de la musique. On a bu quelques canons et quelques bonnes bières. Enfin, vendredi, j’étais à Marseille avec le Président Orsoni et son directeur sportif pour finaliser mon arrivée à Ajaccio.
La qualité de vie en Corse a joué dans votre décision ?Non, ce n’était pas ma priorité. Quand t’es entraîneur de foot , le plus important, c’est ta surface de travail. L’argent n’est pas mon moteur ; ce qui compte, c’est avec qui je vais travailler. Et c’est encore mieux s’ils sont sympathiques.
Vous n’y allez pas pour la charcuterie…Non, même si je vais joindre l’utile à l’agréable. J’ai bien aimé Sedan, j’ai bien aimé Gueugnon, mais la Corse, c’est bien, hein ! Et puis, pour ma femme, c’est bien aussi, parce qu’elle va enfin voir le soleil. Mais tous les exemples probants de réussite viennent d’une osmose sans faille entre un président fort et un entraîneur concentré sur sa mission.
Il vous manque quoi pour entraîner un club d’un niveau supérieur ?Honnêtement, ce n’est absolument pas une obsession pour moi. J’étais flatté lorsque le président Louis-Dreyfus m’avait contacté pour venir à Marseille, et puis bon… Non, ce n’est pas une obsession. Je fais le même métier dans un club comme Ajaccio, que je vais essayer d’aider à grandir.
Qui va gagner l’Euro, selon vous ?L’Allemagne. Ils ont un vécu commun et ils sont réguliers dans la performance. Ils ne font jamais de non-match.
Propos recueillis par Mathias Edwards