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Alessandrini, joue-la comme Gignac ?
Marseillais pure souche, Romain Alessandrini vit une première saison à l'OM frustrante. Plan B dans l'esprit de Marcelo Bielsa, il devra décider en fin de saison entre la persévérance ou l'exil. Et peut-être prendre exemple sur l'autre produit local, André-Pierre Gignac, qui a mis pas moins de deux ans pour se rendre incontournable.
Il y a quelques saisons, Romain Alessandrini avait expliqué dans la presse les difficultés d’adaptation d’André-Pierre Gignac à Marseille : pour un natif de la cité phocéenne, revenir à Marseille relevait du sacerdoce, entre une pression exacerbée et des sollicitations quotidiennes ingérables. Quelques années plus tard, le gamin des Chartreux a pourtant succombé aux sirènes de son club de cœur où il a signé 4 ans cet été. Un choix de carrière qu’il pensait sûrement comme un tremplin vers l’équipe de France, où il fut convoqué une fois par Didier Deschamps en 2013, mais qui s’est finalement révélé être un plan galère : 19 matchs de Ligue 1, mais seulement six titularisations et un match complet sous les ordres de Marcelo Bielsa.
Les ailes coupées par Ayew et Thauvin
Que ce soit sur l’aile gauche (André Ayew) ou plus rarement la droite (Florian Thauvin), El Loco préfère d’autres solutions. Et quand une place se libère pendant la CAN, l’ancien Rennais se blesse… De quoi enrager pour un joueur qui ne facture qu’un seul but – un coup franc direct contre Rennes en septembre – et trois passes décisives. Mais le plus frustrant pour le milieu offensif révélé en 2010 à Clermont Foot, c’est l’impression de ne pas réellement entrer dans le jeu de la saine concurrence de l’effectif olympien, un sentiment qui aurait été accentué depuis l’arrivée de Lucas Ocampos au mercato hivernal.
Ce qui a mis la puce à l’oreille du Marseillais de naissance, c’est son faible temps de jeu – deux entrées, 48 minutes – depuis sa prestation décisive contre St-Étienne le 22 février, où il avait changé le cours du match aux côtés de Michy Batshuayi. Si l’attaquant belge a pu enchaîner et profiter d’un peu d’alternance avec André-Pierre Gignac, Romain Alessandrini, lui, est resté à quai. Ce qui, paradoxalement, pourrait lui donner l’envie de lever les voiles au prochain mercato, après avoir repoussé les approches de Sunderland et Villarreal cet hiver. L’entourage du joueur a récemment fait monter la pression en expliquant clairement que le milieu de terrain ne ferait pas deux saisons comme celle-ci, et que son avenir était intimement lié à la gestion de l’après-Ayew à Marseille.
Capable d’attendre sa chance ?
En clair, si Marcelo Bielsa se pose et qu’Alessandrini reste son plan B, il demandera un départ, sans garantie de l’obtenir, son contrat courant jusqu’à 2018. Pour le Marseillais reste aujourd’hui l’option de la sagesse : s’inspirer du joueur dont il questionnait le choix de carrière quand il était à Rennes. Car si André-Pierre Gignac a vécu deux premières saisons marseillaises difficiles, il a su se rendre indispensable dès la troisième en profitant d’un changement d’entraîneur – Élie Baup à la place de Didier Deschamps -, mais aussi d’une assimilation de son statut d’emblème local. 13 buts en 2012-2013, 16 la saison suivante et déjà 18 en avril 2015, alors qu’il arrive en fin de contrat. À 26 ans, Romain Alessandrini aura probablement l’envie de renverser les éléments dès la saison prochaine. Mais si Bielsa reste sur la Canebière et qu’un nouveau milieu gauche débarque, il est fort probable qu’il n’aura pas la patience de Gignac.
Par Nicolas Jucha