- France – Coupe de la Ligue – 16e de finale
- Rennes/Marseille
Alessandrini : à Rennes pour la relance ?
Parti de Bretagne après une saison à bouder et à diviser les supporters rennais sur son cas, Romain Alessandrini revient ce soir route de Lorient avec l'opportunité de gratter une place de titulaire dans le onze jusqu'ici inamovible de Bielsa.
Romain Alessandrini a laissé des souvenirs bien contrastés du côté de Rennes. Une première demi-saison enthousiasmante dans le rôle de révélation et de dynamiteur de l’équipe. Puis une demi-saison à l’ombre, comme blessé regretté par des supporters enamourés. Enfin, une deuxième dernière saison sous forme d’incompréhension mutuelle, où le joueur a boudé et donné l’impression d’en faire le minimum sur le terrain, sous les yeux médusés de fans qui ont transformé leur amour pour le jeune qui-n’en-veut de la première saison en haine d’un gamin obtus, capricieux et injuste vis-à-vis du club qui l’a sorti de la Ligue 2. Traduit en statistiques, le bilan donne ceci : 16 matchs de L1 pour 7 buts et 5 passes lors de la première moitié de saison 2012/2013 (tonitruant) ; 6 matchs dans la seconde pour 3 buts et 1 passe, jusqu’à la blessure survenue à Lille le 15 février 2013 (frustrant) ; et enfin 27 matchs pour 6 buts et 7 passes sur l’ensemble de la saison dernière (correct, mais guère plus). Dans les travées du stade de la route de Lorient, les applaudissements et encouragements de la première saison ont laissé place la seconde à un murmure de gêne dans le meilleur des cas, à une bordée de sifflets de la part des supporters se sentant les plus trahis. Et il faut bien reconnaître que le jeune homme n’a pas tellement fait d’efforts pour se faire aimer. Ses sorties dans la presse en septembre 2013, juste à la fin du mercato, ont pu le faire passer à raison comme un joueur ingrat.
Transféré avec promotion
En gros, que disait-il à l’époque ? On ne m’a pas laissé partir comme je le souhaitais et je n’ai pas non plus obtenu de revalorisation de mon contrat pour me permettre de sécher mes larmes. « Je ressens une vraie cassure (…). Au club, ils me prennent vraiment pour un con » , déclarait-il dans les colonnes de L’Équipe. Ce à quoi son président Frédéric de Saint-Sernin avait répondu sèchement : « Ma proposition, c’était immédiatement 50 % d’augmentation. Après quatre matchs joués, c’est-à-dire quand il retrouve vraiment la compétition, c’était 70 % d’augmentation par rapport à son salaire. Et quand il retrouve son niveau de l’équipe de France, celui de février dernier au moment de sa blessure, ça fait 100 % d’augmentation et il atteint à ce moment-là le salaire le plus élevé. » Pour un joueur qui n’avait pas joué depuis six mois et qui était encore à l’époque en phase de reprise, ça pouvait sembler équitable… De là a donc découlé cette irrémédiable cassure entre le joueur et son public, jusqu’à son départ, inévitable, à l’issue de sa deuxième saison en Bretagne (il avait signé pour 4 ans). Marseille est revenu à la charge et a pu obtenir une belle petite remise sur le prix du transfert : moins de 5 millions d’euros contre les près de 8 millions estimés un an auparavant. Titulaire décevant lors des deux premières journées de championnat cette saison, il a perdu sa place au moment où Bielsa est finalement parvenu à trouver son équipe type. Sans l’ancien Rennais, donc, lequel a forcément accusé le coup.
Titulaire au Parc le 9 novembre ?
Dans une interview accordée fin septembre au Parisien, il expliquait être désormais « vraiment heureux » à Marseille, après avoir connu « une passe difficile » . « Je me retrouve sur le banc, une situation que je n’ai jamais vraiment connue dans ma carrière, développait-il. Mais ça m’a permis de me mettre moins de pression, de me libérer. Maintenant, je me sens mieux dans ce groupe (…). Mon heure viendra, le coach aura besoin de moi, des recrues. » De sages propos appréciés par son entraîneur. « Je pense le plus grand bien de ses qualités, déclarait Bielsa à son sujet quelques jours plus tard. Je pense sincèrement que les joueurs qui nous accompagnent et qui ne sont pas titulaires peuvent l’être. C’est un joueur de côté, il a toutes les qualités pour jouer à ce poste. C’est un joueur rapide, il a un sens du centre et des appels en profondeur. De plus, il est généreux dans son apport au collectif. » Joker de raison depuis plusieurs semaines, Romain Alessandrini va retrouver un poste de titulaire route de Lorient à l’occasion de ce match de Coupe de la Ligue. Il joue gros, sachant qu’André Ayew sera suspendu pour le choc face au PSG le 9 novembre. L’accueil que lui réservera le public rouge et noir ce soir sera sûrement frisquet (il a déclaré hier en conférence de presse un « Rennes est une équipe de coupe » , les supporters locaux qui restent sur trois finales perdues apprécieront l’humour), à lui de montrer qu’il a définitivement tourné la page et qu’il a su gagner en maturité et en sagesse ces derniers mois.
Par Régis Delanoë