S’abonner au mag
  • Argentine
  • Disparition d'Alejandro Sabella

Alejandro Sabella, l’étoile du cœur

Par Georges Quirino Chaves, à Buenos Aires
5 minutes
Alejandro Sabella, l’étoile du cœur

Encore endeuillé par le décès de Diego Armando Maradona, le football argentin pleure depuis ce mardi la disparition d’Alejandro Sabella, mort à l'âge de 66 ans. Derrière les monstres sacrés Menotti et Bilardo, l’ancien sélectionneur, finaliste malheureux du Mondial 2014, restera, au-delà du terrain, l’un des entraîneurs les plus appréciés et respectés dans son pays. Surtout par Lionel Messi.

« Quand est-ce que cette année va se terminer ? » soufflent les chroniqueurs en plateau. Dans la douleur, le présentateur de la chaîne ESPN vient d’annoncer le décès d’Alejandro Sabella. Voilà maintenant plusieurs semaines que la santé de l’ancien sélectionneur, âgé de 66 ans et hospitalisé depuis le 25 novembre, jour de la mort de Diego Maradona, inquiétait. « Allez Ale ! Ne lâche pas ! Nous avons un repas prévu ! » s’écriait même son ancien lieutenant Javier Mascherano. En vain : mardi, le cœur fatigué de celui qui avait déjà survécu à un cancer s’est finalement arrêté. En direct, malgré une émotion évidente, le journaliste Gustavo López a alors trouvé les mots justes pour décrire ce que ressentent des millions d’amoureux du ballon rond en Argentine : « Avec Maradona il y a deux semaines, nous avons perdu le meilleur sur le terrain. Aujourd’hui, nous avons peut-être perdu le meilleur homme. » Sabella n’a pas gagné la Coupe du monde et n’avait pas le charisme de ses glorieux prédécesseurs, César Luis Menotti et Carlos Bilardo, mais il avait un truc en plus, et le finaliste du Mondial 2014 laissera sans aucun doute une trace indélébile dans l’histoire du football argentin.

Surnommé « Pachorra » en référence à son goût prononcé pour la sieste, Alejandro Sabella s’est construit dans l’ombre. Ou plutôt les ombres, que ce soit celles de Beto Alonso à River Plate ou celles de Maradona et Bochini en sélection. Numéro 10 gaucher et élégant parti s’exiler en Angleterre, à Sheffield et à Leeds, avant la guerre des Malouines, Sabella est ensuite revenu au pays contre 2000 dollars (!) et un contrat avec son club de cœur : le rugueux Estudiantes La Plata, alors entraîné par le Doctor Bilardo, l’un de ses mentors. C’est aussi sur le banc de cette institution qu’il commença sa carrière d’entraîneur principal en 2009 après avoir œuvré pendant dix-sept ans comme adjoint aux côtés du coach et sélectionneur Daniel Passarella. Résultat ? Sabella est entré dans les esprits. Dès sa première saison, ses solides Pincharratas, guidés par Juan Sebastian Verón, remportent la quatrième Copa Libertadores de l’histoire du club face à Cruzeiro après trente-neuf ans de silence. Mieux : toujours en 2009, sa troupe est à une minute de faire tomber le Barça de Guardiola en finale de la Coupe du monde des clubs. Puis, Pedro passe par là, égalise, et Messi vient inscrire un but de la poitrine lors de la prolongation. Mais, sur l’instant, La Pulga est bluffée : « Ce qu’il avait mis en place sur ce match était impressionnant… » Dans une vidéo devenue virale, Sabella, dans sa tenue de « Profe » , avait expliqué en 2011 son plan et comment avec une ligne de cinq, il avait, après avoir étudié le Barça avec obsession, réussi à mettre en difficulté la Pep Team.

Gandhi, St-Exupéry et Lavezzi

Diego Maradona éjecté après le Mondial 2010, Pachorra va alors récupérer les commandes de la sélection dans la foulée de l’intérim raté de Sergio Batista. Pour les journalistes argentins, il faut alors se mouiller la nuque. En quelques semaines à peine, ils passent des insultes du Pibe de Oro à une conférence de presse magique, livrée le 5 août 2011 par Sabella, dans laquelle ce féru d’histoire cite avec une voix tranquille les héros nationaux afin d’expliquer sa philosophie : « Nous avons ici un drapeau argentin, créé par Manuel Belgrano. Lui a tout donné pour la Patrie, même son argent. Il est mort pauvre. C’est l’exemple à suivre ! Mettre en avant le bien commun au-dessus de l’individu. » Avec ses joueurs, le nouveau sélectionneur à tendance progressiste parle de l’histoire de l’Argentine et d’engagement social, sensibilisant même son groupe à la lutte emblématique des Mères de la place de Mai qui recherchent toujours leurs enfants disparus lors de la dernière dictature civico-militaire (1976-1983). Mes que un coach.

Sur le terrain, sans bling-bling, Sabella construit une équipe sobre et solide, mais va surtout tirer le meilleur de la génération Agüero-Di María-Higuaín, guidée par le « Picasso ou Michel-Ange » Lionel Messi. L’Argentine se qualifie sans encombre pour le Mondial 2014. « Quand nous avons commencé à gagner, c’était spectaculaire. On ne perdait jamais », racontait Messi l’an passé sur Fox : « Comme entraîneur et comme homme, Alejandro était un phénomène. » Ses joueurs le suivent les yeux fermés, et Lavezzi lui balance même de l’eau à la gueule en plein match : le groupe vit bien. « Il avait toujours le mot juste au bon moment », confiait Javier Mascherano l’an passé. Pour expliquer ses secrets, Sabella, lui, citait Gandhi ou Antoine de Saint-Exupéry : « Le groupe est comme une maison. L’important c’est ce qui ne se voit pas, les fondations. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

Les Allemands et Mario Götze le priveront de son étoile mondiale. Une autre histoire de prolongation. Après ce match, Sabella, la santé déjà fragile, décide de ranger ses carnets. Ses larmes émouvantes, lâchées deux mois après la finale devant les membres du Congrès, étaient rediffusées en boucle mardi après son décès. « Je me souviens encore de lui me demandant pardon pour ne pas avoir ramené la coupe », se souvenait hier l’ex-cheffe d’État et actuelle vice-présidente argentine, Cristina Kirchner. Son engagement social, son humilité, son obsession du travail étaient salués ce mardi par d’anciens joueurs, entraîneurs, des supporters postés devant sa maison de la Plata, des politiques et même des organisations de défense des droits de l’homme. « Tout le monde l’aimait », a sobrement titré le journal sportif Olé. Le quotidien La Nación, de son côté, a salué « un modèle de conduite dans le football et dans la vie ». Indélébile.

Dans cet article :
Papu Gómez raconte son mal-être concernant sa suspension de deux ans
Dans cet article :

Par Georges Quirino Chaves, à Buenos Aires

À lire aussi
Articles en tendances
31
Revivez la victoire du PSG contre Lyon  (3-1)
  • Ligue 1
  • J15
  • PSG-Lyon
Revivez la victoire du PSG contre Lyon (3-1)

Revivez la victoire du PSG contre Lyon (3-1)

Revivez la victoire du PSG contre Lyon (3-1)
03
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
  • C1
  • J6
  • Salzbourg-PSG
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
11
Revivez Marseille-Lille (1-1)
  • Ligue 1
  • J15
  • Marseille-Lille
Revivez Marseille-Lille (1-1)

Revivez Marseille-Lille (1-1)

Revivez Marseille-Lille (1-1)
10
Revivez Brest-PSV (1-0)
  • C1
  • J6
  • Brest-PSV
Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)
12
Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)
  • Premier League
  • J16
  • Manchester City-Manchester United
Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)

Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)

Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)
32
Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)
  • C1
  • J6
  • Lille-Sturm Graz
Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)

Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)

Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Argentine

Lionel Messi